Hamid Remas, ce comédien qui a fait résonner les planches du théâtre algérien, alors à son âge d'or en matière de création et de production, ce dramaturge à la générosité à fleur de peau, cet acteur ayant crevé l'écran et le petit écran, ce bonhomme agréable à vivre, a tiré sa révérence. Une grosse perte pour la culture, pour les tréteaux d'Oran, Alger, Constantine, Saïda et une immense perte pour le cinéma et la Télévision algériens. Il suffit de compulser sa page facebook pour résumer son personnage. Des selfies émouvants, des photos attendrissantes et puis vous arrachant quelques larmes. Des instantanés de la vie. Tantôt avec le king du raï, Khaled, tantôt avec le réalisateur Mohamed Chouikh, tantôt avec le regretté Sid Ali Kouiret, tantôt avec un chat, tantôt en famille, tantôt s'amusant comme un enfant heureux de faire des boules de neige, ou encore cette photo hilarante avec le comédien Ahmed Benaissa et Hamid à Abidjan, en Côte d'Ivoire, où il exhibe des nattes de rasata…blond. C'était le costume de sa représentation intitulée Complaintes des mendiants de la Casbah, de Ismael Ait Djaafar (publié en 1953). Avec la participation aussi de Aziz Boukerouni. Un gars simple, ce Hamid Remas, qui n'avait pas la tête qui «enflait». D'une grande modestie. Et puis cette maîtrise de son art, pas du tout mineur. Cette justesse à hauteur d'homme. Un saltimbanque à Oran, Alger, Annaba… De son vrai nom Mohammed Remas, né le 11 mars 1949 à Oran, il fréquentera le lycée Ibn Badis (ex- Ardaillon) en 1962. Il sera repéré par son prof d'éducation physique et sportive (EPS), M. Lebia, qui l'encouragera à rejoindre l'équipe d'athlétisme du lycée comme sprinteur (100 m/200 m et 100 m haies). Il intégrera le club de l'ASPTT d'Oran en catégorie cadet, junior, senior). Parallèlement, il rejoindra l'association artistique et culturelle El masrah oua cinéma, comme comédien et musicien (accordéoniste), ayant suivi également des cours de musique et de théâtre au conservatoire d'Oran. En 1967, il participera à un concours qu'il remporte et qui lui permet d'intégrer l'Institut national d'art dramatique de Bordj El Kiffan, à Alger. En 1973, il devient membre fondateur de la troupe théâtrale sous l'égide du ministère de la Jeunesse et des Sports, avec notamment Fellag, Sonia, Mahcene Amar, Marir Djamel, etc. Il anime des émissions de radio en parallèle sur Alger Chaîne 3. Entre 1975 et 1976, il intègre le théâtre de Annaba et de Constantine (TRAC) sous la direction de Sid Ahmed Agoumi, en qualité de comédien. En 1976, il s'investit au sein de la direction générale des affaires sociales et culturelles de Sonatrach à titre d'animateur culturel et membre fondateur de la troupe théâtrale pour adultes et enfants de l'entreprise. En 1979, il rejoint le Théâtre national d'Alger, où il prend sa retraite en 2001. Il a mis en scène plusieurs pièces de théâtre, entre autres, El bedla el Baïda de Ray Bradbury, El biaa,de Alaoua boujadi, Forja ou Besma qu'il a écrit lui-même. Il interprètera plusieurs rôles sur les planches parisiennes notamment, dans Les fusils de la mère Carrar, de Bertolt Brecht, Chantiers navals et La pluie de Rachid Boudjedra, sous la direction du metteur en scène Antoine Caubet. « Incontestablement, il est l'un des immenses acteurs de l'Algérie… » Hamid Remas a interprété beaucoup de rôles au cinéma, tels que Le Moulin de Monsieur Fabre et Mustapha Ben Boulaid d'Ahmed Rachedi, Hassan Taxi de Slim Riad, Ah ya Hassan, La Voisine et Archipels de sable de Ghouti Bendedouche, Rachida de Yamina Bachir-Chouikh, La dernière solution de Rachid Bennallal, Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul, Parfums d'Alger de Rachid Benhaj… Le cinéaste Ahmed Rachedi (L'Opium et le Bâton, Mostefa Benboulaïd, Lotfi…) a salué la mémoire du regretté Hamid Remas : «Hamid Remas a fait plusieurs films avec moi. Son dernier film c'était Krim Belkacem, où il a incarné le rôle du premier ministre de la Guerre du GPRA, Mahmoud Cherif, Le Moulin de Monsieur Fabre, Mostefa Ben Boulaid, Lotfi, ainsi que la série TV Silen. Hamid Remas est l'un des grands acteurs de l'Algérie. Un acteur exemplaire, un professionnel qui s'intègre facilement au sein de l'équipe. Car calme, pondéré et d'une grande sagesse. Incontestablement, il est l'un des immenses acteurs de l'Algérie. Allah yarahmou…»