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Une couverture et un peu de pain pour les SDF de Boumerdès
Publié dans El Watan le 26 - 02 - 2010

Ils ont perdu leur logement, un membre de la famille, leur travail et se sont retrouvés du jour au lendemain à la rue. Depuis deux mois, le centre pilote d'accueil pour SDF installé près de Boumerdès a déjà accueilli une trentaine de personnes.
Ce soir au menu : poulet-riz sauce olive. Ce n'est pas grand-chose, mais cela suffit à renflouer un peu aâmi Abbas. La cinquantaine, ce professeur d'histoire géographie – et de musique à ses heures perdues – vit dans la rue depuis plusieurs années. Ce soir, il mange de bon cœur alors qu'il pleut des trombes sur Sahel. Là, à quelque 3 km de Boumerdès, un centre d'accueil pour SDF a ouvert le 21 décembre 2009 pour tout l'hiver. Un test pour le ministère de la Solidarité et la direction de l'Action sociale qui voulaient estimer les besoins. Résultat : en à peine deux mois, 31 personnes dont un mineur, y ont trouvé un peu de chaleur. Aâmi Abbas nous raconte dans un arabe soutenu puis dans un français parfaitement maîtrisé comment il en est arrivé là.
« Fils de chahid, j'ai consacré toute ma vie à mon travail. Et puis j'ai vu le monde s'effondrer devant mes yeux. J'ai perdu mon emploi, ma femme a demandé le divorce, ensuite j'ai perdu mon logement. » Sa main et sa jambe droites convulsent sans arrêt. Il n'y prête plus attention. « Je ne souhaite que le bonheur de ma famille, je n'aurais jamais voulu qu'elle vive ce que j'ai subi, je suis désormais un corps sans âme... Un cadavre qui erre dans les rues d'Alger », déclare-t-il, le regard plein de larmes. Installé dans une vieille école, le centre comprend un bâtiment avec un dortoir pour accueillir jusqu'à quarante pensionnaires. Et un autre bâtiment où se trouvent l'administration, les cuisines, le garde-manger et deux cantines, une pour les hommes et une autre pour les femmes. Pour l'instant, le centre n'en a qu'une. Aïcha. La quarantaine, elle paraît pourtant plus âgée. Vêtue de son djilbab vert, son seul habit, elle espère que le centre lui trouvera de nouveaux vêtements. En attendant, elle regarde la télé. Ce qu'elle n'a pas pu faire depuis un mois qu'elle se trouve à la rue. « La seule chose qui me faisait oublier mes tracas était la vue des passants », confie-t-elle. La gorge nouée, elle saisit une photo près d'elle, celle de son fils, Abdelkader, 18 ans. « Cela fait presque deux mois qu'il a quitté notre domicile, à Oran, accompagné de notre voisin, pour se rendre à Boumerdès. Voilà pourquoi je suis là, à mon tour. Pour le retrouver, je suis prête à tout, quitte à dormir dans les rues pour le croiser. »
Anxieuse, elle veut se rendre au plus vite à la gendarmerie, mais elle craint de retrouver la porte du centre fermée. Le personnel la rassure : le centre lui sera toujours ouvert. « Les résidents temporaires du centre ont le droit de quitter les lieux quand bon leur semble, explique Lahcen Mesbah, responsable du Croissant-Rouge algérien. Nous n'obligeons personne à rester, nos portes sont ouvertes et le resteront. Tous les nécessiteux sont les bienvenus. Nous tentons, certes, de les orienter vers des centres spécialisés, tels que les hôpitaux psychiatriques, les centres de redressement pour mineurs ou des hôpitaux si leur santé est menacée. Notre but premier est d'améliorer la situation de ces personnes, et pour cela, leur accord nous est capital. »
Dans le dortoir des hommes, cinq pensionnaires, dont un d'une soixantaine d'années, profitent d'un plaisir presque oublié : s'allonger sur un vrai lit. En tout, treize personnes veillent sur eux : Bachir Kara, le responsable du centre, Lahcen Mesbah, le responsable du Croissant-Rouge, une psychologue-orthophoniste, une sociologue, quatre cuisinières qui mitonnent les repas de la journée, y compris le café de 16h, et trois gardiens. Sans oublier les médecins de la DAS, telà savoir Sabrina Daoui, psychologue et présidente d'une organisation de prise en charge psychosociale et scolaire des enfants handicapés, Faïza El Yazid, médecin généraliste, qui apportent aussi une aide précieuse à l'équipe. Car au quotidien, leur mission n'est pas facile. Rares sont les SDF qui se présentent d'eux-mêmes au centre pour demander de l'aide.
Le soir venu, les brigades du Croissant-Rouge, de la municipalité et de la DAS parcourent les neuf daïras de la wilaya. « L'ambulance fait ainsi sa ronde habituelle et si la brigade croise une personne nécessitant un toit, elle lui propose son aide, précisent les deux responsables. En cas de refus, une couverture ainsi qu'un kit comprenant une collation, du pain avec du fromage, par exemple, est distribué. » Mais la plupart des SDF font confiance à leurs sauveteurs. « Quand l'ambulance est venue à ma rencontre, je n'ai pas hésité à la suivre, affirme Aïcha. Au fond, nous sommes tous frères. J'ai une entière confiance en ces gens, ils m'ont interpellée sans m'effrayer, il était pourtant très tard. » Une fois la personne accueillie au centre, l'équipe se fixe un délai de deux semaines pour l'orienter au mieux. Ce séjour de deux semaines est également mis à profit par les DAS qui effectuent des enquêtes sociales en coordination avec les DAS de leur lieu de résidence. A Sahel, le soir tombe. Les pensionnaires regardent toujours la télé. Dehors, la pluie continue à tomber. Ce soir, ils dormiront au chaud.


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