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Stéphane Babey. Auteur : « Les cultures doivent échanger et mieux se connaître »
Publié dans El Watan le 08 - 03 - 2010

La Caravane Camus* aura-t-elle lieu ? Normalement oui, en dépit de la levée de boucliers survenu en février par un comité créé pour demander son interdiction. En cette année anniversaire de la mort d'Albert Camus, il s'agit simplement de faire revivre l'œuvre littéraire de l'écrivain, dont la gestation se fit en Algérie. Stéphane Babey, auteur de Camus, une passion algérienne ** fera partie du voyage. Un nouveau retour pour celui qui pour écrire son livre a arpenté l'Algérie. Il y a retrouvé le fil de ses propres origines et la grandeur de l'Algérie.
Quelle est votre réaction à la pétition demandant l'interdiction de la caravane Camus en faisant référence à « une opération de type néocolonialiste ?. »
D'abord, si ma mère est Française, mon père était Algérien. Le drapeau algérien, je le porte en moi depuis toujours. Il m'eut donc été absolument impossible de participer à une quelque opération néocolonialiste que ce soit. Mon premier livre concernant l'Algérie était d'ailleurs un roman vilipendant l'O.A.S. et le crime d'Etat que fut le colonialisme. A cette occasion, j'avais d'ailleurs affirmé que la France devait reconnaître ses actes comme elle l'avait fait pour d'autres périodes sombres de son histoire. Ces accusations autour de la caravane Camus relèvent donc du fantasme absolu. Je suis en revanche consterné que des personnes se prétendant intellectuels ou universitaires puissent préférer la censure au débat, les oukases à la liberté d'expression et de pensée.
En ce qui me concerne, ma conviction est que les cultures doivent échanger, débattre et mieux se connaître. Elles sont source d'enrichissement mutuel. Vous savez, ma désolation est immense lorsque je vois qu'en France, personne ou presque ne connaît les grands écrivains algériens. Telle est la tâche à laquelle nous devrions tous nous atteler : faire en sorte que les littératures française et algérienne soient connues, débattues, dans les deux pays.
En lisant votre livre, et connaissant votre histoire, je pensais au dernier roman de Camus, Le Premier homme, où dans les premières pages l'émotion du romancier est grande en évoquant la mémoire de son père mort à la guerre. Pourtant, pour Camus, l'Algérie, plus que le père, ce sera la mère. Vous, l'Algérie c'est la mémoire de votre père algérien qui reste une énigme. L'avez-vous déchiffrée lors de votre voyage en Algérie sur les traces de Camus ?
A défaut de le retrouver, ce voyage sur les traces de Camus m'a permis de comprendre cet homme lui aussi broyé par l'histoire et l'exil. De comprendre aussi la nature de cette passion qui le reliait à sa terre natale, y compris dans la froideur de la seconde partie de sa vie passée dans le centre de la France. Plus qu'un père en fait, c'est un pays que j'ai trouvé. Ce pays, l'Algérie, qui est aussi le mien et qui me fuyait depuis ma naissance. Je me suis senti chez moi depuis le moment où je posai les pieds à Alger. Ce n'était pas « une première fois » mais bien plutôt comme un retour. Alors, j'ai savouré ce retour en m'enivrant des parfums, en respirant cette atmosphère algérienne, en parlant avec les gens, en admirant cette beauté métaphysique qui se dégage des paysages, de la pierre, des champs et de la mer. Et j'ai lu aussi. Beaucoup. Camus, bien sûr mais aussi Mouloud Feraoun.
Qu'avez-vous appris lors de votre pérégrination en Algérie ?
J'ai été marqué par la force de ce peuple algérien qui a trouvé la force de résister. Tous ces gens, hommes ou femmes, anonymes, qui mettent un point d'honneur à retrouver la joie et la simplicité des actes quotidiens, dans le seul but de dire non à ceux qui ont voulu faire régner la peur et la mort. C'est la marque d'une révolte silencieuse dont Camus aurait sans doute été ému et n'aurait pas manqué d'accompagner, de soutenir de toutes ses forces. A l'instar des intellectuels algériens, de tous ceux qui n'ont pas hésité un seul instant à se livrer corps et âmes dans ce combat pour la liberté, dans ce refus d'une odieuse oppression.
Qu'est-ce que cela a changé en vous, de façon personnelle et par rapport à votre travail à venir d'écrivain ?
Pour ce qui est de mon travail d'écrivain, l'Algérie aura toute sa place. Sans doute même qu'il y aura toujours un morceau d'Algérie dans mes livres à venir. Je travaille en ce moment sur une pièce de théâtre, un monologue, dont l'idée est venue de ma rencontre avec Sid Ahmed Agoumi. C'est un projet né subitement dans le métro à Paris. Mais les idées les plus folles, les plus improbables sont souvent pour finir les plus belles.
Désormais entre la France de votre mère et l'Algérie de votre père, votre cœur balance-t-il ?
L'une et l'autre constituent chez moi des racines indissociables. J'ai besoin de l'une autant que de l'autre. Simplement, entre l'Algérie et moi, il y avait comme un train de retard. Mais ce n'est pas grave à condition d'être à l'heure pour le train suivant. Ce que j'ai eu le bonheur de pouvoir faire.
* La Caravane Camus serait en Algérie les deuxième et troisième semaines d'Avril. Elle passera notamment à Alger, Tipasa, Oran, Beéjaïa, Sétif, Tlemcen, Annaba, Tamanrasset. Le comédien Sid Ahmed Agoumi lira à cette occasion des textes de Camus. Des conférenciers viendront aussi évoquer divers aspects de l'œuvre de Camus, sur le plan littéraire ou philosophique.
** Camus, une histoire algérienne, éditions Koutoubia, janvier 2010, Paris, 24 euros. Bientôt disponible en Algérie.


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