Le phare rouge et ocre, que Fernand Pouillon (1912-1986), le célèbre architecte urbaniste français concepteur des complexes touristiques qui jalonnent la côte algérienne depuis les années 1970, a planté au bout de la plage d'El Kala (ex-plage de l'usine) et à laquelle il a donné son nom, l'hôtel Mordjane qui trône toujours majestueusement au bord des vagues. Il ne reste que peu de choses de sa splendeur d'autrefois, mais il est toujours cher au cœur des habitants d'El Kala. En 40 ans, il aura connu des fortunes diverses et ce n'est certainement pas fini, même si les travaux pour sa rénovation ont réellement débuté il y a un mois. En effet, une entreprise algérienne est en train de décharner les bâtiments. Elle retire les cadres en bois des ouvertures et les équipements qui ont pourri. L'hôtel est fermé et livré à lui-même et aux intempéries depuis 2010. En fait, il n'y a pas eu de travaux d'entretien majeurs bien avant cela. Il avait été donné en concession à un privé à qui on avait aussi accordé une cession par adjudication, mais qui n'a finalement pas eu lieu à cause des tergiversations des pouvoirs publics. L'hôtel est un 3 étoiles de 103 chambres. Il sera entièrement rénové et rééquipé. Les bâtiments actuels et leur architecture ne connaîtront pas de modifications. On y ajoutera des services comme un vélodrome, une salle de gymnase et de la thalassothérapie. Les travaux sont suivis depuis mai 2017 par un bureau d'études italien, Lanzo-Consult, en partenariat avec un BE algérien, Archiquest-Annaba. Une entreprise espagnole est présélectionnée pour la réalisation, c'est Levantina ingenieria y costruccion (LIC) et les délais de réalisation sont fixés à 15 mois pour une enveloppe de 2,4 milliards de DA. L'hôtel Mordjane est le premier des 5 établissements de l'Entreprise de gestion touristique (EGT) Annaba qui seront rénovés. En effet, sur la liste figurent aussi l'hôtel Maâmora de Guelma, le Seybouse de Annaba, Le Mountazeh de Séraïdi et un établissement thermal, le Chellala, de Guelma. Les travaux qui ont démarré en trombe n'ont rien à voir, nous assure-t-on, avec la visite le 18 avril dernier du désormais ex-ministre du Tourisme Abedelwahab Nouri, qui a feint un accès de colère devant l'hôtel Mordjane et les caméras de télévision. Il s'était emporté jusqu'à prononcer sur place le limogeage du DG de l'EGT-Est. Il s'est ensuite ravisé pour lui accorder un mois de sursis. Le ministre limogé depuis, la menace ne plane plus sur la tête l'EGT-Est. Ce n'est pas pour autant que les déboires de l'hôtel Mordjane vont cesser. Ils ne font peut-être que reprendre.