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Les Algériens et le sucre: une histoire d'amour mortelle
Publié dans El Watan le 23 - 06 - 2017

Farah, 28 ans, maman d'une petite fille, est une grande consommatrice de kelblouz. «Il me faut ma dose après le ftour. Et lors du shour, il faut obligatoirement que j'en remange, sinon, je ne pourrai pas tenir le lendemain.» Ce que Farah ne sait pas, c'est qu'elle fait complètement fausse route. En effet, contrairement aux idées reçues, il ne faut absolument pas surconsommer des aliments sucrés durant le Ramadhan.
A cet effet, Hamid Brahimi, nutritionniste explique : «La consommation en sucre rapide durant le mois de Ramadhan devrait être encore moins importante, car le sucre augmente la soif et engendre une élévation du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie) qui sera toujours suivie d'une hypoglycémie secondaire avec apparition de la faim de nouveau.» Autrement dit, manger des sucreries de façon exagérée augmente la faim et la soif en définitive.
«Ceci est également valable pour les jours ordinaires», soutient le spécialiste. Mais Farah n'est pas un cas à part. Fatiha, 39 ans, maman de deux enfants, est carrément dépendante du sucre. Elle raconte : «Depuis mon plus jeune âge, je consomme le sucre à la cuillère. Je ne parle pas du sucre à l'état brut seulement, mais tout ce qui est sucré de façon générale. Que ça soit de la pâte à tartiner, de la confiture, gâteaux en tous genres… tout passe !».

Morphine
Suite à cette «dépendance», Fatiha a rencontré de nombreux problèmes de santé, notamment lors de ses deux grossesses. «Aujourd'hui, je ne peux plus m'en passer. Le problème est qu'il n'y a aucun traitement pour mon cas. Même mes enfants connaissent ma dépendance. Quand il m'arrive de perdre connaissance, si j'en ai pas mangé assez, ils me portent jusqu'au lit et me laissent jusqu'à ce que je reprenne connaissance.» Ce dont souffre Fatiha est médicalement connu.
En fait, un apport excessif en sucre cause une dépendance grave et sa suppression crée des symptômes de sevrage semblables au sevrage de la morphine ou de la nicotine. Ainsi, plus précisément durant le mois sacré et la période qui le suit (l'Aïd), la consommation de sucre, de gâteaux, de friandises et autres mets gourmands augmente sensiblement. Ainsi, si la norme mondiale de consommation de sucre est estimée à 20 kg par an, les Algériens eux font exploser les statistiques avec une moyenne de 42 kg par an.
D'ailleurs, une récente étude du ministère de la Santé a démontré que les Algériens consomment trois fois plus de sucre par rapport aux normes internationales. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'ancien ministre du Commerce, défunt Bakhti Belaïb, a procédé l'année dernière à l'installation d'un groupe de travail chargé de la mise en œuvre de mesures destinées à lutter contre l'utilisation abusive du sucre, du sel et des matières grasses dans les denrées alimentaires. Ce groupe de travail était appelé à élaborer «dans l'immédiat» un dispositif réglementaire et normatif régissant l'utilisation du sucre, du sel et des matières grasses dans les aliments.

Risques
Cependant, jusqu'à ce jour, aucune information n'a filtré sur le respect, ou pas, de cette mesure. Mais finalement, quels seraient les risques d'une surconsommation de sucre sur la santé ? Selon Hamid Brahimi, les conséquences se situent à plusieurs niveaux. Le spécialiste met d'abord en garde contre les conséquences sur le cerveau : «Le sucre provoque des phénomènes neuro-inflammatoires qui, avec le temps, finissent par diminuer la mémoire. Le cerveau consomme certes beaucoup de sucre, mais il ne faut pas pour autant lui en donner plus qu'il n'en faut.» Le sucre peut aussi attaquer le cœur.
A cet effet, Hamid Brahimi explique : «Il a été prouvé que la consommation de plus de 74 g de sirop de maïs augmente de plus de 30% le risque d'hypertension artérielle.» Autre organe qui peut être endommagé par une surconsommation de sucre : le rein. En effet, selon Hamid Brahim, l'hyperglycémie provoquée par la consommation excessive de sucres rapides endommage les petits vaisseaux des reins qui finiront à la longue par ne plus jouer leur rôle de filtre, favorisant ainsi l'insuffisance rénale chronique. En plus de tous ces dangers, le sucre peut s'attaquer aux dents, favorisant les caries mais aussi sur le poids.

Cancer
En effet, l'excès de sucre favorise la production d'insuline qui entraîne le stockage de sucre dans les cellules. Ainsi, quand il n'est pas éliminé par un effort physique, il se transforme en graisse. Il est à noter que «la surconsommation de sucre supprime une hormone de notre corps : la leptine qui provoque la sensation de satiété à chaque repas.
On a toujours envie de manger quand on consomme du sucre», confie Hamid Brahimi. Par ailleurs, l'excès de sucre favorise l'augmentation des triglycérides et l'installation du diabète de type 2. Il ralentit alors l'action des globules blancs et donc les moyens de défense de l'organisme ainsi que la cicatrisation. Enfin, il nourrit et favorise les cellules cancéreuses. En effet, le sucre va aider à développer une richesse vasculaire autour du cancer. Ce circuit veineux autour de la tumeur est appelé «angiogénèse». Finalement, selon Hamid Brahimi, la surconsommation de sucre est néfaste aussi bien en temps normal qu'en période de Ramadhan.
On assiste malheureusement à la surconsommation de sucre pendant le Ramadhan, ce qui annihile en fait tous les bienfaits du jeûne. Qu'en est-il des diabétiques ? «80% des musulmans pratiquants atteints de diabète de type 2 pratiquent le jeune. Est-ce dangereux pour ces malades ? Pour le diabète de type 2, ça n'est pas dangereux. La question se pose plus pour les diabétiques de type 1, qui sont dépendants de l'insuline. Médicalement parlant, il ne leur est pas conseillé de suivre le Ramadhan», confie Lakhdar Amokrane, médecin.

Importation
La raison : le risque est de tomber en hypoglycémie peut être extrêmement dangereux, voire mortel pour eux. Autre facteur dangereux pour ces malades : la déshydratation. En effet, selon le spécialiste, la déshydratation peut être problématique pour ces personnes, ainsi que le moment de la rupture du jeûne, potentiellement source de déséquilibre. «En un mois, le Ramadhan va déséquilibrer le diabète des patients. Mais on voit parfois des diabétiques de type 1 qui y tiennent absolument. On leur conseille de s'adapter en ne prenant pas d'insuline le matin par exemple, et en surveillant bien leur glycémie pendant la journée», conclut-il. Par ailleurs, si les Algériens sont de «gros» consommateurs de sucre, ils sont aussi de très gros importateurs.
En effet, la facture d'importation des quatre premiers mois de l'année en cours s'est établie à 293,71 millions de dollars (contre 244,62 millions de dollars), soit en hausse de près de 20,1%. La raison évoquée : compte tenu de l'absence de culture de canne à sucre et de betterave sucrière, la totalité du sucre brut (essentiellement du sucre de canne) est importée. A cet effet, l'expert agronome Akli Moussouni confie : «Il faut savoir que l'Algérie produisait de la betterave sucrière dans la vallée du Chlef qui profitait en même temps au marché du sucre et à l'alimentation animale mais aussi c'est une filière abandonnée. On a même construit une usine de traitement de sucre à Khemis Miliana pour traiter le sucre d'importation. Quant à la canne à sucre on aurait pu la produire à la plaine de Abbdellah, à Bechar, qu'on avait érigée du périmètre mais qu'on a abandonnée aussi».

Réformes
Finalement, selon l'expert, en matière de cultures industrielles, nous avons seulement développé la tomate dans la région de Skikda, Guelma et Annaba avec des milliards d'hectares et 23 usines de transformation mais dont 20 sont fermées. Actuellement, on tente de déterrer une filière qui a déjà perdu toute une génération de professionnels. L'expert pointe du doigt les réformes. Il explique : «Tout ça est la conséquence directe de réformes populistes et politiciennes de l'agriculture algérienne à travers des politiques agricoles sans objectifs économiques basées sur la simple distribution des deniers de l'Etat à travers du fameux programme de développement national agricole.» Ce dernier conclut : «Il n'y a pas de problématique du sucre séparément, mais c'est toute la problématique du développement économique du pays qui pose problème. On en a construit un château de cartes qui risque de s'effondrer à tout moment.»


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