S'il avait été mené à terme, le plan d'aménagement urbain, tel qu'élaboré sur les plans et tant vanté par les discours, Michelet serait devenu ce havre de paix où il ferait bon vivre. A la lecture du projet, le commun des mortels se serait laissé aller à rêver. Des espaces verts à tous les coins de rue, avec des bancs pour se reposer, est l'une des premières ex-futures réalisations. Les pentes du terrain accidenté de la ville seraient adoucies grâce à des marches d'escaliers reliant les rues étagées, à différents niveaux. Ainsi, de la place au boulevard de la Révolution, connu sous le nom de la rue de l'Hôtel, il suffirait d'escalader quelques dizaines de marches pour éviter la rue carrossable qui serpente à l'infini. Il ne restait plus qu'à espérer voir la boue disparaître de notre paysage et les rues nettoyées. Quoi de plus normal qu'une ville propre ! Pour le moment les gens ne se bousculent pas pour y trouver une place. Deux ans après, passée la première euphorie, les plus optimistes doivent déchanter. Ils se rendent à l'évidence que l'aménagement urbain ne sera pas pour demain. Le dossier restera dans les tiroirs et sera peut-être exhibé un jour, comme preuve de bonnes intentions. En attendant, la boue gagne les moindres recoins et les rues sont plus crevassées que jamais. Pendant que les murs et les bâtiments s'écroulent un par un, les autorités constatent les dégâts. Les ordures s'amoncellent et font désormais partie du paysage quotidien des habitants. Le tableau ne serait pas complet si l'on omettait de citer ces torrents d'eaux usées, inondant les trottoirs et coulant, le long des rues. Les réseaux d'assainissement, même refaits à coup de centaines de millions restent obsolètes. La saleté, le bruit et autres nuisances n'invitent pas à fréquenter Aïn El Hammam. Au contraire, les habitants fuient, de plus en plus, cette ville dont ils étaient, jadis, si fiers.
