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Incohérence des salaires dans la Fonction publique
Ils évoluent au gré des rapports de force politiques et syndicaux
Publié dans El Watan le 15 - 03 - 2010

A l'heure où les partis d'opposition sont inaudibles, les voix contestataires des fonctionnaires sonnent mal aux oreilles des dirigeants algériens. Le nouveau régime indemnitaire et les statuts particuliers prennent l'allure d'éruptions volcaniques dont les laves se propagent dans tout le pays. La question des salaires en Algérie a toujours été problématique tant le pays s'empêtre dans un système rentier et non créateur de richesses. La Fonction publique, premier employeur avec un peu plus de 1,5 million de fonctionnaires et agents publics, est souvent le souffre-douleur des contestations sociales.
Les dysfonctionnements dans les salaires de la Fonction publique s'accumulent autant que les griefs des travailleurs. Pendant longtemps, l'Algérie ne disposait pas d'une vraie et cohérente politique des salaires. La Fonction publique donnait l'image d'une institution qui n'avait plus rien à offrir. Les salaires peu attractifs ne faisaient qu'accentuer le blues des fonctionnaires.
Le rapport Missoum Sbih sur la réforme de l'Etat avait tiré la sonnette d'alarme en précisant que dès 2010, plus de 34 000 agents de l'Etat quitteront chaque année définitivement la Fonction publique. Les revenus étaient alors attribués, sans que des « études de postes » n'aient été établies pour juger de la pertinence des salaires. Les révisions des régimes indemnitaires et des statuts particuliers augurent-elles d'un tournant dans la politique salariale de la Fonction publique ? Pas si sûr. « Je ne pense pas qu'il y a un virage quelque part.
La gestion demeure dans la ligne déjà tracée par la loi des finances. Le régime indemnitaire de la Fonction publique était prévu dans le budget de l'Etat », explique Mohamed Saïb Musette, chercheur et expert du Bureau international du travail (BIT). Il ajoute : « Il n'y a pas beaucoup de marge dans le budget de l'année 2010 pour une augmentation substantielle des salaires. Ou alors, il faut créer des mécanismes pour augmenter les recettes afin de faire face aux dépenses imprévisibles. » Le fait est, nous explique Idir Achour, représentant du Conseil des lycées d'Algérie (Cla), que le nouveau régime indemnitaire ne fait que corriger une incongruité longtemps contenue dans les fiches de paie des fonctionnaires.
Les enseignants, par exemple, percevaient les indemnités calculées sur l'ancien salaire de base. « Il n'y a pas eu un tournant dans la politique salariale. Les pouvoirs publics se sont juste conformés à la légalité. Le régime indemnitaire était calculé selon l'ancien salaire de base. En publiant les nouveaux salaires, les pouvoirs publics ont juste corrigé leur erreur », souligne Idir Achour. Les syndicalistes du Cla ont abandonné l'idée de revendications des augmentations salariales, tant celles-ci sont absorbées par l'inflation. Ils appellent à trouver une solution pour « revenir au pouvoir d'achat des années 80 ». « Il n'y a jamais eu une vraie politique salariale en Algérie. Il serait intéressant de se pencher sur la valeur du point indiciaire. Il faut que le point indiciaire (actuellement de l'ordre de 45 DA) soit flexible en fonction des prix du marché, en prenant en compte notamment les prix des produits alimentaires, des soins et de la scolarité », plaide M. Achour.
Sa théorie repose sur le fait de mettre en cohérence les salaires et le pouvoir d'achat. Il explique : « Aujourd'hui, le SNMG le plus bas représente 200 points. Multiplié par 45, cela fait un Smig d'à peine 9000 Da qu'on essaye de gonfler avec un système de compensation de primes pour atteindre le salaire minimum garanti. Pour remédier à cette situation, il faudrait que le point indiciaire soit en rapport avec le taux d'inflation. » En tout et pour tout, il a été enregistré une hausse des salaires de la Fonction publique par augmentation du point indiciaire par trois fois, une fois de 10% en 1997, puis deux fois de 5% en 1998, et enfin une troisième fois par augmentation de 15% en 2001. Aujourd'hui, tout porte à croire que la mise en cohérence entre les salaires et le pouvoir d'achat s'apparente à une « mission impossible ». « On ne peut construire des salaires sur la base du pouvoir d'achat », se plaît à dire le ministre des Finances, Karim Djoudi.
Populisme
Le fait est qu'il existe actuellement ce que les économistes appellent une « déconnexion structurelle » entre le pouvoir d'achat et les salaires. « Les poussées inflationnistes ne sont pas proprement liées aux salaires de la Fonction publique. Il existe toute une gamme de facteurs exogènes à l'économie nationale, tels les prix des produits sur le marché mondial. Le ministère du Commerce pense pouvoir réguler les prix de certains produits de base. Le défi est immense tant que l'économie informelle maintient sa dynamique », considère-t-on. Chaque augmentation des salaires devait répondre à une gestion populiste de la question salariale. « L'idéologie populiste, dont la principale caractéristique est son refus de voir la société à travers les intérêts économiques qui la divisent, finit par conforter son emprise sur la société industrielle, emprise menée à son apogée avec l'adoption du Statut du Travailleur.
Ce dernier, qui a pour ambition de codifier les relations de travail et de définir les principes devant régir les rémunérations des travailleurs, quelles que soient leurs fonctions, ne laisse aucune marge de manœuvre aux négociations salariales entre employeurs et employés », explique Samir Bellal, de l'Université de Ouargla dans une étude sur « la problématique du rapport salarial dans l'entreprise algérienne ». Les responsables de la Fonction publique n'ont pas souhaité répondre à nos questions. Usant d'un ton des plus désagréables, des responsables de l'Ugta nous ont enjoint de revenir à la case départ et de nous adresser à… la Fonction publique.
Pourtant, au moment où l'Etat mettait en branle ces nouvelles dispositions, le directeur de la Fonction publique, Djamel Kharchi, se réjouissait, dans ces mêmes colonnes, du fait que les fonctionnaires soient enfin rémunérés convenablement. « Avec la nouvelle grille des salaires, aucun fonctionnaire n'est perdant. Ils sont tous gagnants. Cependant, ceux qui la qualifient de méprisante ne sont que des agitateurs. Un seul point indiciaire de 45 DA pour 17 catégories en 7 subdivisions hors catégories », proclamait-il. Le patron de la Centrale syndicale déclarait, pour sa part, à El Moudjahid que « la revendication salariale sera à l'avenir en ‘‘harmonie'' avec le volume réel du rythme de développement économique dans le pays. » Les nouveaux salaires des enseignants publiés dans le Journal Officiel mettront-ils donc fin au phénomène de « l'école au noir » et des petits métiers de la débrouille ? Cela paraît peu probable. « La débrouille est entrée dans les comportements des salariés.
Ces comportements sont liés à leur train de vie, leurs modèles de consommation. Pour le secteur de l'éducation, ‘‘l'école au noir'' est une entreprise informelle qui répond aux défaillances de la qualité de l'éducation de base et l'exigence de la reproduction sociale. La demande est forte, notamment pour certaines matières et pour les classes d'examens. A cette demande, il y aura toujours une offre qui ne peut être dispensée que par des enseignants qui ont fait leur réputation. Cette entreprise n'est pas exclusive au système algérien », tempère M. Musette. Faut-il donc que la situation soit alarmante pour que le ministère s'empresse de finaliser le régime indemnitaire des enseignants protestataires ? Le fait est que les syndicats semblent aujourd'hui en position de force.
Les fonctionnaires, ayant l'impression que l'Etat est le seul à ‘‘s'enrichir'', veulent aussi avoir leur part de la rente. Le sociologue Houari Addi estime, pour sa part, qu'à trop vouloir gâter les caciques du pouvoir, le gouvernement s'est mis dans une situation ingérable. « Je crois que ce qui a fait basculer la masse des travailleurs du côté des syndicats autonomes, c'est l'augmentation des salaires des députés. (lire entretien en page 2). Après avoir opposé un niet catégorique à toute revalorisation salariale, le gouvernement algérien arrondit les angles. Au total, l'Etat a consenti 90 milliards de dinars par an pour le relèvement du Snmg, 140 milliards consacrés aux régimes indemnitaires des fonctionnaires, ainsi que les 280 milliards de dinars à verser pour couvrir les incidences des effets rétroactifs. Et le chef du gouvernement n'évoque même plus le triptyque croissance-inflation-productivité qui détermine une augmentation des salaires.
« Le salaire doit répondre à plusieurs paramètres. Il doit être en fonction de la valeur du travail (qui, du reste, n'est pas mesurable en Algérie), au diapason du pouvoir d'achat, et il doit répondre au souci d'une répartition des richesses de la nation. En Algérie, il ne remplit aucune de ces missions », dit M. Achour. Et d'enchaîner : « Aujourd'hui, il y a surtout des salaires politiques qui répondent aux logiques de rapports de force entre les syndicats et les pouvoirs publics. » En clair, la fixation des salaires en Algérie ne répond à aucune logique.


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