C'est quand il fait froid que l'on réalise que l'Algérie est un pays chaud. Peu habitués aux basses températures, c'est pendant ces périodes où les températures tombent que l'on se rend compte à quel point les Algérien(ne)s sont les enfants du soleil, possédant rarement un parapluie ou manteau à capuche. Autour de 5°C, les Algérien(ne)s deviennent tristes et déprimés, recroquevillés, pliés contre le sens du vent, rêvant de loubia et de siestes interminables sous la couette. D'ailleurs, quand il fait trop chaud, les mêmes Algérien(ne)s se plaignent qu'il fait trop chaud, et c'est quand il fait chaud que l'on réalise aussi que l'Algérie est en Afrique au bord d'un immense désert. C'est ainsi que la climatologie est la discussion préférée, à chaque rencontre il faut dire «il fait chaud» quand il fait chaud, comme si l'interlocuteur ne le savait pas, et il faut dire «il fait froid» comme en ce moment, quand il fait froid. On dit même «rrih», le vent, quand il y a du vent et «chta», la pluie, quand il pleut, comme s'il ne s'agissait pas de quelque chose d'évident qui se passait sous nos yeux, et c'est uniquement quand il ne fait ni chaud, ni froid, ni pluie, ni vent, que l'on passe directement à la discussion football. Mais pourquoi parler du temps, même à un(e) inconnu(e) ? Parce ce qu'on ne sait jamais à qui on a affaire, et c'est cette tendance frileuse au conformisme et à avoir le même avis que l'avis général qui engendre ces discussions sans risque, pas même celui de se tromper. Car ce débat incessant sur le temps qu'il fait à l'avantage d'être neutre et affirmatif, contrairement aux discussions politiques, mystiques ou économiques, les opinions s'accordant loin de toute subjectivité ou position partisane. Il fait froid, et pour une fois, ce n'est ni un mensonge des Ouyahia et des propagandistes du gouvernement ni celui d'opposants invétérés. C'est tout, l'exercice est terminé, c'était comment ne rien dire en parlant du temps, nous vous remercions de nous avoir suivis.