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Papa au royaume d'Œdipe
Publié dans El Watan le 16 - 02 - 2019

«Etre homme politique, c'est être capable de dire à l'avance ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain et l'année prochaine. Et d'être capable, après, d'expliquer pourquoi rien de tout cela ne s'est produit.» (Winston Churchill)
Dans un système politique arbitraire, il n'y a pas d'amitié durable. L'amitié est étroitement liée aux intérêts. Tant que vous êtes au pouvoir, on vous sollicite. On vous invite. On vous montre un respect couvert d'un amour hypocrite. On vous berce dans les plus belles atmosphères.
Vous êtes écouté, même si vos paroles sont absurdes. Votre téléphone ne cesse de sonner. Votre ligne téléphonique est injoignable. Trop d'appels en même temps. Vous êtes monsieur l'important. Une fois exclu du pouvoir, vos propres amis vous évitent. Votre téléphone ne sonne plus. Vous êtes le lâche, le dupe et on vous qualifie de tous les adjectifs. Vous êtes un ingrat… un désagréable… J'ai entendu ces paroles de la bouche de personnages importants qui occupaient des positions au sommet de l'Etat.
Je continue mon texte par un principe de dictature imposé dans les systèmes arbitraires des pays africains : si vous n'avez pas la même pensée que nous ou que vous n'êtes pas un des nôtres, vous êtes automatiquement contre nous. C'est nous le système et le système c'est nous. Si vous n'êtes pas d'accord sur le mode de gouvernance bâti sur ce principe, choisissez l'exil ou une balle dans votre cervelle.
Depuis plus de 30 ans, mon pays expérimente une violence politique basée sur ce principe. Ce principe politique effraie et fascine tout à la fois. Il impose une manière de gouvernance qui dépasse toute pensée et toute logique. Il détruit la volonté chez les peuples. Il affiche l'impensable qui est en nous.
Sous la violence politique, un peuple devient soumis au fait accompli et se ressent commeun étranger dans son propre pays. Il ressemble à un déraciné qui se serait enlevé de son propre être. Faute de justice et de démocratie dans un système soumis à ce principe, une violence politique doit naître. Cette violence se traduit par les massacres collectifs, l'intimidation et la peur.
Quel que soit le mode de gouvernance, la violence politique est un ensemble d'abus qui n'est jamais anonyme ou impersonnel. La violence politique a deux visages. Un visage visible et visage caché. Le visage caché est celui des hommes et des femmes qui sponsorisent, organisent ou planifient la violence politique. En contraste, le visage visible est celui de ceux qui exécutent la violence politique par peur, par lâcheté ou par intérêt et profit.
Aucune idée rationnelle ne peut logiquement justifier ou expliquer comment des hommes au visage caché peuvent être conduits à des actes de violence politique dirigés contre leurs propres frères. Une violence qui ne peut en aucun cas être justifiée. Une violence politique qui peut détruire la nation.
J'ai entendu des personnes au visage visible dire : «Voter contre l'actuel président est un péché impardonnable.» Celui qui se permet de débattre le programme du chef est accusé d'être possédé par un démon étranger. Cette manière de réfléchir me fait penser au royaume du mollah chiite où l'infaillibilité du chef est un axiome de gouvernance. Hélas ! mon pays est devenu une monarchie absurde.
Cette méthode de gouvernance n'a jamais été un modèle dans l'histoire de l'Algérie. L'Algérien est connu par son courage, sa volonté de dire la vérité et protéger les faibles dans son entourage. Zabana, Ben M'hidi, Aït Ahmed et beaucoup d'autres illustrent le caractère algérien. Ils se sont tous revotés contre l'injustice et le despotisme, quelle que soit la source. Ils ne se sont jamais tus quand la liberté du peuple est bafouée. Je regrette, l'Algérie n'est ni un modèle iranien ou un prototype nord-coréen où un seul homme gouverne, décide et impose. Ce modèle n'est plus acceptable au XXIe siècle.
Chez nous, le programme du président ressemble au costume du roi danois. Tous les chefs politiques de ladite alliance ou coalition profitent de la situation actuelle et parlent de ce programme sans l'avoir vu ou lu sur un document officiel. Les chefs des partis de l'alliance font les louanges d'un semblant de gouvernance pour continuer à en tirer profit. C'est ainsi qu'ils ont accumulé des fortunes dans la fraude et la tromperie. C'est ainsi qu'ils ont contre eux toutes les rancœurs et les frustrations.
Pour clarifier le comportement des chefs des partis de l'alliance, j'illustre mon texte
par un conte du romancier danois Hans Christian Andersen.
Ce conte résume la situation politique dans notre cher pays à trois mois de la présidentielle. Hans Christian Andersen nous raconte : «Il y a bien longtemps dans un pays lointain, vivait un roi qui aimait se sentir élégant et bien habillé. Un beau jour, deux fraudeurs arrivèrent au palais. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir. Ils proposèrent au souverain de lui confectionner des vêtements. Le roi pensa que ce serait un habit exceptionnel et qu'il pourrait ainsi repérer les personnes intelligentes de son royaume.
Les deux charlatans se mirent alors au travail. Quelques jours plus tard, l'empereur, curieux, vint voir où en était le tissage de ce fameux vêtement. Il ne vit rien car il n'y avait rien. Troublé, il décida de n'en parler à personne, car personne ne voulait d'un roi sot. Il envoya plusieurs ministres inspecter l'avancement des travaux. Ils ne virent rien non plus, mais n'osèrent pas l'avouer, de peur de passer pour des idiots absurdes. Tout le royaume parlait de cette étoffe extraordinaire et le peuple attendait avec impatience ce moyen de contrôle.
Le jour où les deux escrocs décidèrent que l'habit était achevé, ils aidèrent le roi à l'enfiler. Ainsi ‘‘vêtu'' et accompagné de ses ministres, le souverain se présenta à son peuple qui, lui aussi, prétendit voir et admirer ses vêtements. Seul un petit garçon osa dire la vérité : ‘‘Mais, le roi est nu !''. Et tout le monde lui donna raison. Le roi comprit qu'il s'était fait duper, mais c'est trop tard.» L'Algérie a besoin en ce moment d'un garçon bien-né qui ose dire la vérité. Un homme jeune, honnête et propre qui libère le pays du clivage politique imposé par une minorité d'inconnus invisibles.
Ces jours-ci, certains parlent d'une intervention de l'armée pour corriger la direction. D'autres prient et attendent le tonnerre du ciel qui impose un changement. Le ciel a déjà parlé : Dieu ne change pas la situation d'un peuple tant qu'ils ne changent pas d'eux-mêmes.
Les expériences provoquées par les relations civils-militaires et en particulier par les rapports entre gouvernants civils et chefs des armées sont anciennes. Les scènes des «militarismes» allemand et japonais au début XXe siècle nous font leçon.
Le titre de ce texte justifie ce que nous vivons aujourd'hui. C'est papa qui a dit ça. Papa vous raconte son histoire : Œdipe est fils de Laïos et de Jocaste. Il est un héros de la mythologie grecque. Il fait partie des rois de la ville de Thèbes. Jocaste épouse son propre fils, Œdipe duquel elle aura deux jumeaux, Etéocle et Polynice. Ces deux jumeaux héritèrent du trône.
Plutôt que scinder le royaume de Thèbes, ils semblent alors s'accorder pour se le partager dans le temps, régnant chacun une année sur deux. Mais le contrat n'est pas respecté : Etéocle refuse de céder le pouvoir à son frère à l'échéance prévue. Celui-ci, pour venger son gendre, le rétablir dans ses droits, avec l'appui du roi d'Argos, son beau-père, Polynice lève une armée effrayante qui marche contre Thèbes.
Cette guerre fut appelée «L'Entreprise des sept chefs», parce que l'armée était commandée par sept princes, Polynice, Tydée, Amphiaraüs, Capanée, Parthénopée, Hippomédon et Adraste. La lutte fut acharnée ; tous les chefs, excepté Adraste, périrent sous les murs de Thèbes. Les deux frères ennemis, Etéocle et Polynice, pour épargner le sang des peuples, demandèrent à ter­miner leur querelle par un combat singulier, et, en présence des deux armées, ils s'entre-tuèrent mutuel­lement.
Que Dieu protège mon cher pays de devenir L'Entreprise des sept chefs.
En conclusion : le brouillard autour de la prochaine échéance électorale au sein de la coalition de soutien de Abdelaziz Bouteflika montre en grand plan l'impuissance du système de reproduire sa copie conforme. Certains hommes, dans le monde, dominent leur peuple par l'imposture et non pas par la justice.
Ils ne se rendent pas compte de leur confusion d'esprit. Dès que le peuple comprend l'impuissance du système et s'aperçoit que la ruse des ingénieurs du système ne fonctionne plus, le royaume d'Œdipe s'écroule. Papa a raison. Papa a juré que l'Algérie ne deviendra jamais un royaume.

Par Omar Chaalal , Universitaire


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