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Les îles Seychelles, si les images s'écrivaient
La nature naturellement naturelle
Publié dans El Watan le 07 - 04 - 2010

Pardonnez-moi de sacrifier aux usages professionnels, lesquels contre-indiquent d'allumer un reportage par une scène d'atterrissage avec en prime l'inévitable description de l'aéroport et le trajet en taxi vers la ville. Mais je ne résiste pas à l'envie irréfrénable de partager, en ces journées hivernales finissantes, mes premières émotions en découvrant les îles Seychelles.Le spectacle matinal qui s'offre à vous au moment où le permet l'altitude déclinante de l'avion, est d'une magnificence telle…
Si les images parlaient, elles diraient assurément cette harmonie qui mêle en une communion magique le minéral, le liquide et le végétal dans une symphonie miraculeuse où scintillent l'émeraude et le saphir. Elles décriraient, à l'évidence, toutes ces brisures de béryl épandues dans l'Océan indien, comme autant d'oasis frangées de sable blanc, festonnées d'écume, ondoyant sur des eaux turquoises. Lagons verdoyants des palmes des cocotiers, frémissant sous une brise tropicale matutinale. Atolls solitaires. Fragiles anneaux de corail. Si les images s'écrivaient, elles montreraient à, coup sûr, ces esquifs de granit « voguant » indolemment au-dessus d'insondables abysses, sur l'immensité marine diaprée des reflets rubescents, d'un flamboyant soleil rasant, qui ouvre les portes du matin. Comment de simples mots traduiraient-ils l'émoi du passager en proie à un étrange vertige ? La douce ivresse qui flue lentement en lui, pour gagner tout son être. Il suffoque, saisi d'une indicible griserie pétillante que procure la beauté achevée de l'instant.
Alors que l'aéronef est littéralement avalé par le vide, il est pris d'une éthéréenne euphorie, lorsqu'il voit monter à lui, comme dans une incroyable « chute ascensionnelle », tandis que se précisent ses formes somptueuses, l'île de Mahé, la principale île de l'archipel édénique des Seychelles… Lorsque la nature s'exprime, l'homme doit se taire gravement. Seul le silence possède l'éloquence nécessaire pour traduire les effets sur nos sens, d'un tel enchantement. Puis, la raison l'emporte sur la singulière félicité intérieure et les jouissances secrètes jusque-là ressenties. Et c'est alors d'autres impressions de détente et de relaxation qui s'emparent du visiteur, qui déambule dans Victoria, capitale–jardin, bâtie dans un jardin. C'est le centre économique et administratif, une ville miniature avec toutes les commodités d'une cité de 20 000 âmes, qui abrite le siège du gouvernement et des institutions de l'Etat, dont les édifices publics discrets sont loin des « monuments en airain » de nos latitudes septentrionales.
Moniman trwa lezel
On a vite fait le tour du centre de Victoria et de toute la ville d'ailleurs. Les rues elles-mêmes « se promènent » à travers la cité-parc. Du Jardin botanique (pléonasme visuel), jusqu'à la Rivière anglaise, il y a sans doute moins de trois kilomètres. Il est vrai que la capitale est non seulement une des plus petites du monde, mais c'est aussi la seule ville et le seul port et aéroport international des Seychelles. Après la zone industrielle qui abrite quelques ateliers de montage et ou de réparation, et après avoir longé une superbe mangrove, on entre dans la ville proprement dit par la Place de la liberté avec son monument du bicentenaire de la fondation de Victoria, une sculpture réalisée en 1978 par Lorenzo Appiani, artiste italien aujourd'hui disparu, qui a vécu aux Seychelles.
L'œuvre, toute de blanc et dépouillée, représente trois ailes (en créole : moniman trwa lizel) lesquelles symbolisent les continents africain, asiatique et européen, origines ethniques de la nation seychelloise fermement attachée à sa créolité. Les Seychellois sont polyglottes et possèdent trois langues officielles et constitutionnalisées, parlées par tous : l'anglais, le français et surtout le créole. Celle-ci, langue vernaculaire, est enseignée à tous les niveaux de la scolarité. Un institut lui a été consacré et chaque année, depuis 25 ans, un festival réunit tous les artistes et créateurs autour du créole (voir entretien avec M. Meriton, ministre de la Culture).
Ce tolérantisme, dont ils ne sont pas peu fiers, touche aussi la vie spirituelle nationale. Le christianisme (catholique et anglican et depuis quelques années évangéliste), y est le culte dominant. Toutefois, Victoria possède en plus de ses cathédrales et églises, dont certaines anciennes, son temple bouddhiste tout comme sa mosquée. On est au cœur de la cité en empruntant la rue Albert ; avenue de l'Indépendance et le « pirate's arms », rendez-vous du tout Victoria ; Place de l'horloge, une réplique miniature du Big Ben londonien, rue de La Révolution, avenue du 5 juin et son bronze du « zonm lib » (homme libre) figurant un homme qui brise ses chaînes, en hommage à la décolonisation du pays. De nombreuses échoppes, des galeries commerciales proposent peu de marchandises locales mais surtout des produits d'importation, car les Seychelles, de par leur superficie, leur topographie, leur isolement, leur éloignement des grands marchés internationaux, dépendent pour une large part de l'extérieur. Le touriste est un consommateur potentiel qui ne consomme pas seychellois. Ses besoins sont couverts exclusivement par l'importation. Il n'existe pas en amont une industrie seychelloise, y compris dans l'agroalimentaire, si l'on excepte la pêche, ce qui n'est pas peu.
Pour satisfaire ses besoins, le pays importe 80% de ce qui lui est nécessaire. S'impose la volonté de créer et de susciter les investissements pour augmenter la gamme des produits de consommation courante, cultivés, usinés ou transformés sur place.
« Chinoiseries »
Le poisson est une des chances de ce pays qui ne possède, certes, que 445 km2 de terres émergées, mais il faut savoir que sa superficie océane est de 1,4 million de km2. « Nous pouvons faire beaucoup mieux dans le domaine de la pêche, en vue de la consommation locale et même viser vers l'exportation. Cela pour accroître les entrées de devises afin d'amortir la charge des 80% des achats à l'étranger que consomme le touriste », nous dit Maurice Loustau-Lalanne, président du conseil seychellois du tourisme (voir entretien en encadré). De son côté, l'opposition déplore l'absence d'industrie nationale de la pêche. « Nous constatons que nous avons un accord important avec l'Union européenne, mais nous ne possédons pas de flotte de pêche seychelloise d'importance », regrette Wavel Ramkalawan, parlementaire, président du Parti national seychellois (SNP) et chef de l'opposition. « Il faudrait que les Seychellois puissent avoir la possibilité d'exploiter une ressource qui se trouve chez eux. » Pour M. Loustau-Lalanne, il est nécessaire de développer certaines cultures de fruits et les légumes. « C'est vrai, nous dit-il, que nous avons un terrain assez accidenté, mais il faut trouver divers solutions, comme les cultures sous serres par exemple ou d'autres procédés. »
C'est du domaine du possible, d'autant que l'eau douce ne manque pas et que les pluies sont fréquentes sous formes d'ondées. N'étant pas sur la route des cyclones et autres tornades, les catastrophes naturelles sont rares. La dernière serait survenue en 1862. Si l'eau est abondante, les terres arables ne le sont pas. Une visite au petit marché des fruits et légumes : animé, épicé et chatoyant. Les produits de l'agriculture locale demeurent limités dans le panier de la ménagère. Le riz, aliment de base, est importé tout comme le froment ou la farine boulangères de plus en plus utilisés. Il en est de même pour les viandes qui grignotent dans la gastronomie locale, de la place naguère occupée exclusivement par le poisson. La distribution de ces denrées est coûteuse, parce qu'il faut atteindre la vingtaine d'îles habitées, soit par mer soit par les airs.
Quelques emplettes dans le petit bazar : riche et achalandé mais comme sur nos marchés, et la plupart des marchés africains désormais, les « chinoiseries » sont tout aussi prépotentes. Il existe, heureusement, un artisanat assez industrieux auquel un village a été consacré, mais cela demeure une bimbeloterie qui ne renfloue pas l'économie nationale. Ce qui n'est du reste pas son ambition. Les Seychelles sont aujourd'hui considérées comme les champions du développement durable. A la différence des voisins mauriciens au sud (1,3 million d'habitants sur 1866 km2) qui ont succombé aux tentations du béton, du verre et du métal en hérissant de tours, Port Louis leur capitale, laquelle demeure néanmoins absolument magnifique, les urbanistes seychellois ont privilégié la nature naturellement naturelle. Jusqu'au chauffage de l'eau. La plupart des maisons, en effet, possèdent sur le toit des citernes chauffées par un procédé solaire (cela devrait donner à méditer à nos énergéticiens de l'APRU).
« So British »
Tout y est à l'échelle, point de donjons de métal et de verre, point de castels arrogants, pas plus de totems à la gloire du dieu béton. Pas même le siège du gouvernement. Un cabinet de huit ministres seulement, présidé depuis 2004, (date de la démission d' Albert René très populaire en Algérie) par James Alex Michel. Le Palais du gouvernement est une maison coloniale d'architecture victorienne, avec son boulingrin so british, sobrement nichée dans un écrin de verdure. Pour y avoir attendu en vain un fonctionnaire qui m'avait fixé un rendez-vous, j'ai eu tout le loisir d'en apprécier le raffinement. J'avoue avoir été séduit par l'élégance de l'édifice, d'abord pour son officialité, il abrite l'autorité exécutive de l'Etat seychellois, mais aussi pour sa discrétion, sa sobriété, l'absence de clinquant et l'extrême finesse de son agencement : ambiance feutrée, parquets cirés, mobilier de bois précieux et le respect de la mémoire du lieu.
Ses murs sont le livre de sa propre histoire. Comme tous les bâtiments officiels ou non : rez-de-chaussée plus étage. Il ne déroge pas à la règle d'être au- dessous des arbres. C'est là un choix et c'est la loi ! Rien ne dépasse la canopée de la forêt dense jalousement protégée. Jungle vivante de sa flore et de sa faune. Un espace, dédié à dame nature, peuplé de centaines d'espèces d'insectes et de volatiles, dont le fameux perroquet noir, considéré comme oiseau national. Les Seychelles sont aussi le refuge des vénérables tortues géantes qui vous affichent des âges canoniques proches du siècle pour certaines. Essences recherchées, arbustes aux mille feuillages, arbres géants aux racines aériennes, arbre à pain presque sacralisé, dont les fruits, espèces de boules, de la grosseur d'un cantaloup à chair comestible et nourrissante qu'on cuisine, ont été providentiels dans le passé lors des périodes difficiles. On ne rate pas également les palmiers chargés de fruits exotiques, tous plus étonnants les uns que les autres.
Ainsi, le célèbre coco de mer emblématique des Seychelles, plus communément appelé « coco fesses » à cause de ses formes suggestives, tant la variété femelle est curieusement ressemblante, pour en être la copie exacte de la partie la plus charnue de l'anatomie féminine, tandis que l'inflorescence mâle ressemble tout aussi curieusement à l'attribut phallique masculin ! Eh oui, c'est la nature ! Un tas de fables, de mythes et légendes se rattachent à ces cocasseries écolos. Un sanctuaire a d'ailleurs été réservé au cocotier de mer sur la superbe île de Praslin, dans la Vallée de mai. Une réserve naturelle, d'une remarquable densité, demeurée inchangée depuis la nuit des temps. De l'époque du Gondwana, quand tous les continents étaient soudés les uns aux autres, soit des millions d'années, disent les prospectus touristiques.
La Vallée de mai et ses cocos fesses est inscrite au répertoire du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1983. L'épaisseur et la présence quasi permanente de la végétation sont telles que les constructions semblent inexistantes. Où donc vivent les 85 000 seychellois répartis sur une vingtaine d'îles, eux qui tiendraient dans une de nos invraisemblables cités et même dans le seul stade du 5 juillet à Alger ? Ici, la plus humble des gloriettes, le plus modeste des pavillons, le plus ordinaire des bungalows ou de ces petiotes maisonnettes de granit taillée au toit de tôle ondulée, tout est magnifié par l'exubérance de la végétation, si compacte qu'elle recouvre chaque parcelle cet incroyable mégalithe, (le préfixe giga serait plus seyant vu l'éminence du relief), qui laisse parfois apparaître une impressionnante paroi de roche volcanique brune. Les Seychellois l'appellent « Les trois frères » du fait des trois sommets qui s'alignent au-dessus des brumes. A tenter d'en atteindre les cimes du regard, vous vous tordrez le cou jusqu'à ce que la casquette vous en tombe ! Les Seychelles seraient, selon les scientifiques, le sommet de montagnes gigantesques désormais englouties.
Pèlerins en tongs
Mahé ne fait guère plus de 150 km2, soit 27 km de longueur sur 7 de largeur maximum, mais chaque pouce de sol est préservé. La route économise la forêt. La forêt enveloppe la route. La route est avare d'asphalte, l'asphalte prend le chemin des écoliers. Le goudron n'est pas une divinité à laquelle on sacrifie des quartiers de nature. La nature tolère le fin lacet de bitume, juste taillé pour deux véhicules qui se frôlent, du chemin Saint-Louis qui serpente sous les frondaisons et arpente courageusement les raidillons à travers les faubourgs clairsemés, cramponnés aux déclives qui dominent Victoria. Puis, il dégringole en gambadant à travers les bois, vers Bel Ombre, Beau Vallon recensée comme une des plus belles plages du monde, si bien sûr on oublie l'Anse Lazzio à Praslin.
Des plages de rêve… et surtout vides ! Je crois n'y avoir jamais vu un seul parasol ! Plus loin, c'est Glacis, en face Silhouette, autre île volcanique, la troisième par sa superficie, mais très peu peuplée et North Island, un îlot refuge d'oiseaux. Toutes les îles sont ceinturées de couches de sable fin, d'un blanc immaculé, parfois meublées d'énormes monolithes de granit rose polis et façonnés par l'action conjuguée de la mer et du vent. La route, c'est aussi le montueux chemin Sans souci qui gravit en hyperbole la montagne jusqu'à sa culminante au Morne seychellois, à un peu moins de 1000 m, puis il retombe après avoir traversé une plantation de thé et son unité de conditionnement qui désormais tournent au ralenti, de l'autre côté de Mahé, face aux petites îles Conception et Thérèse.
On peut également emprunter cette ceinture qui épouse le littoral et longe les 70 anses et baies avec leurs plages souvent occupées par des dizaines d'hôtels « pieds dans l'eau » de haut standing, mais néanmoins discrets par leur taille raisonnable, malgré une architecture audacieuse et d'une rare inventivité. Ici, c'est le royaume des touristes, pèlerins en tongs et pénitents en bermudas chamarrés ! Peuple migrateur en quête d'horizons toujours nouveaux. Riches ou modestes, bourrés aux as, dévoreurs de brochures de tour-opérateurs ou encore fureteurs de « bons coûts » dans les maquis d'internet, en maillot de bain, ils sont tous égaux, luisants de crème solaire, rosissant sous les feux ardents de Phébus. Aujourd'hui, le secteur touristique participe pour 17% du total des emplois. Le reste est assuré en partie importante par les administrations publiques.
Cependant, le FMI et la Banque mondiale insistent sur la nécessité de dégraisser le secteur étatique et prescrivent la suppression de plus de 10 000 emplois. Ce qui est considérable pour une économie fragile qui repose sur le tourisme. Une économie dirigée et planifiée par l'Etat, qui depuis le début la décennie 1990 se libéralise. Le tourisme, aujourd'hui, contribue pour 20% au produit intérieur brut (PIB) du pays. Il est également prévu de porter cet apport à 35% à l'avenir. Cette perspective est subordonnée à la diversification de la clientèle. « D'ici 2017, nous comptons doubler le parc hôtelier, ce qui nécessitera le recrutement d'environ 9000 personnes », prévoit M. Loustau-Lalanne. Il existe une académie et des écoles pour la formation de cadres et de personnels dans le domaine du tourisme. Une université qui manquait cruellement au cycle de formation vient d'ouvrir ses portes. Les chinois, nouveaux globe-trotters providentiels, sont particulièrement ciblés par les managers du Seychelles tourism board (STB).
En effet, la redoutable équipe, réduite mais efficace, des spécialistes de cet organisme public, table sur la chalandise chinoise, recherchée par tous les tour-opérateurs de la planète. On souhaite « les attirer par familles entières », même si, tient-on à préciser « le produit concerne avant tout les clients fortunés ». Du millier de chinois qui a visité le pays en 2008, le brain-trust, qui siège dans les modestes bureaux du STB à Bel Ombre, en attend 5000 pour l'année en cours et 15 000 pour le lustre prochain. M. Ramkalawan, leader de l'opposition, candidat malchanceux de la présidentielle de juillet 2006, remportée par James Alex Michel, confirme la part importante de l'industrie touristique dans l'économie nationale mais critique néanmoins le peu de places qu'occupent ses compatriotes dans le management des unités hôtelières.
« Les seychellois, nous déclare-t-il, n'occupent pas les positions importantes dans ce secteur. » Les Seychelles, fort heureusement, ne se réduisent pas seulement à un pâturage pour les transhumances touristiques et les migrations saisonnières. C'est un des rares paradis terrestres encore inaltérés et, peut-être, un des plus féeriques qui existe de ce côté-ci de l'univers connu. Mais mieux que tous les havres élyséens d'ici-bas, c'est surtout pour le bonheur des Seychellois en premier lieu, un pays résolument engagé dans de profondes réformes économiques, politiques et sociales et une nation arc-en-ciel du dedans comme du dehors. Au loin, vers le large, au-delà d'Eden Island, île artificielle d'une soixantaine d'hectares, surgis, à quelques brasses de Mahé, yachts, catamarans ou autres embarcations de villégiature qui ont jeté l'ancre, dansent au rythme des flots. Comme il a dit lui : « Ici tout n'est que luxe, calme et volupté ! »
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