L'écrivain, Abelaziz Boubakir, est un auteur prolixe et d'une d'une grande fécondité littéraire et historique. Il vient de publier plusieurs ouvrages, notamment L'Algérie dans les yeux des orientalistes russes, paru chez Mim éditions. L'Algérie et son histoire ont une place importante dans les études et autres recherches des orientalistes russes. En Russie, ou encore à l'époque de l'Union soviétique. Et l'axe, selon l'auteur et l'universitaire, Abdelaziz Boubakir, sans démesure, de l'Algérie, est celui le plus fertile et le plus riche par rapport aux autres pays arabes. Et cela quand on se penche sur la multitude de recherches sur l'Algérie par les orientalistes russes. Une importance capitale soulignée par Abdelaziz Boubakir. Un engouement et un intérêt grandissant. A l'image de la multiplication des études à cet effet. Puisqu'on enregistre plus de 100 études se rapportant à l'Algérie. L'idée s'est développée avec l'orientalisme, dont l'objectif était l'étude de l'histoire, la culture, la littérature, la langue, la société, l'économie des pays arabes. C'est dans cette approche que l'Algérie y figure en tant que partie du «tamaghrib» (Maghrebisitika) (l'intérêt scientifique dans le Maghreb). Et tellement ces orientalistes russes témoignaient un formidable intérêt pour l'Algérie qu'ils se sont baptisés «El moutadjazirine» (Algerianistiki) (les algérianisants». Parmi eux des lettrés, des érudits et, bien sûr, des espions Dans cet ouvrage, il ressort que des expéditions de différentes nationalités ont afflué sur l'Algérie aux XIXe et XXe siècles. Certains pour l'exploration, d'autres pour la prédication, ou encore ceux recherchant l'aventure. Parmi eux figuraient des lettrés, des érudits, des écrivains, des scientifiques, bien sûr des espions, des géographes…A titre d'exemple, le récit datant de 1847 relatant une expédition scientifique s'étant rendue en Algérie a été publié à Saint-Pétersbourg, dans un livre intitulé Précis et résumés d'un voyage en Algérie. Dans ce livre, on parle de la colonisation française, de la situation des Algériens, mais sans dénoncer cet état de fait. Celui du médecin légiste, Ravalovitch, d'où émanera un ouvrage décrivant aussi les conditions de vie des Algériens sous le colonialisme français. Son récit était objectif, par opposition aux autres «touristes», sans parti pris. Surtout qu'il maîtrisait la langue arabe pour avoir un contact direct avec cette population, ce peuple colonisé. La vision éclairée d'Alexander Kouroupatkine Mais l'expédition d'Alexander Kouroupatkine (1848-1925), général russe, aura été intéressante. Car il effectuera une expédition de longue durée. Plus d'une année, de 1874 à 1875. Il consignait avec application et précision ses impressions sur son carnet de voyages. A son retour en Russie, il publiera ses carnets de voyages sous forme de lettres dans quelques revues militaires. Alexander Kouroupatkine est aussi l'auteur d'un livre intitulé L'Algérie, recelant un chapitre consacré à la résistance de l'Emir Abdelkader. Robert Grigorievitch Landa, spécialiste russe d'études arabes, d'islamologie, docteur en histoire et historien des pays du Maghreb et surtout de l'Algérie, auteur de plus de 320 publications, dont 21 livres, estime que l'ouvrage d'Alexander Kouroupatkine, L'Algérie, est un véritable socle du début de l'intérêt russe à propos des affaires algériennes avant la Révolution communiste. «Montrer aussi le regard des orientalistes anglo-saxons, russes…» «J'ai passé 7 ans de ma vie, en Russie, où j'ai étudié. Ainsi, je me suis intéressé aux orientalistes en général et à ceux russes, à propos de l'Algérie. Pour vous dire, c'est un labeur de 30 ans. Je me suis, donc, intéressé aux orientalistes russes à travers leurs nombreuses expéditions et périples. Et l'intérêt qu'ils portent à l'Algérie. Ma démarche était de sortir de l'opposition. La France avec l'Algérie. Mais de montrer que les anglo-saxons, les Russes, les Arabes se sont intéressés à l'Algérie. L'écrivain russe, Ivan Bonine, prix Nobel de littérature en 1933, a visité l'Algérie. Il a écrit des nouvelles sur la ville de Constantine. Et que personne ne connaît. Cet ouvrage est une modeste contribution pour que l'Algérie ne soit pas une quantité ignorée. Et se débarrasser de cette antinomie France-Algérie dans l'orientalisme. Le plus important est de montrer que notre mémoire est liée à l'autre. C'est l'image de l'Algérie perçue à travers les yeux des autres, notamment les orientalistes russes. ». commentera l'universitaire et l'écrivain, Abelaziz Boubakir, à propos de son ouvrage L'Algérie dans les yeux des orientalistes russes». Un ouvrage référence à lire et à traduire absolument.