En arrivant à Biskra, il y a quelques jours, pour animer une séance de vente dédicace de son premier roman « Le travelling du crabe » publié en 2009, par l'ENAG grâce au fond national pour la promotion et le développement des arts et des lettres du ministère de la Culture, Zouaoui Guerfi dit « Azza », ne s'attendait certainement pas à l'accueil chaleureux que lui ont réservé les férus des belles lettres de la wilaya de Biskra. Pour preuve, la soixantaine d'exemplaires de son livre s'est envolée en quelques minutes. Expliquant les conditions qui ont prévalu à la naissance de son roman, dont le titre est une expression désignant un procédé de prise de vue consistant à déplacer sur un axe latéral la caméra, tout en restant focalisée sur un point déterminé de la scène, il dira que : « ces pages sont le fruit de la conversion d'une écriture filmique en une écriture romanesque » Révélateur de l'attachement de l'écrivain à la réalisation cinématographique, « Le travelling du crabe » est un roman qui porte, en effet, les stigmates d'un scénario. Il est constitué de fragments du présent de Saïd, personnage discret, venu se reposer du tumulte du monde dans un centre thermal, mais que des souvenirs assaillent en un flux de flash-back, charriant ses échecs prémédités et ses réussites futiles. À mesure qu'avance le récit, les personnages s'estompent et apparaît dans sa beauté légendaire la véritable héroïne du roman ; Ghardaïa, la ville qui subjugue tous ses visiteurs. Les merveilles architecturales, l'organisation sociale, les traditions de ses habitants et leur sens inné de l'intérêt de la communauté y sont présentés comme les attributs d'une société parfaite. Avec ce premier roman, Zouaoui Guerfi gratifie les lecteurs algériens d'une sereine preuve de sa présence, en cette vie, dans ce pays qu'il « aime tant mais où s'affirmer pleinement en tant qu'individu, en tant qu'artiste, en tant qu'écrivain demeure chose ardue. », dit-il. Sans grands mots, ni formule clinquante, il arrive à susciter chez le lecteur un ensemble de questions sur le devenir de la culture, du cinéma, de l'art et de la littérature en Algérie. « Et c'est là l'essentiel », confiera-t-il.
