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La réfutation du discours colonial
Main basse sur Alger , enquête sur un pillage
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2005

Il y a quelques semaines, El Watan avait consacré une interview au journaliste français Pierre Péan qui avait fait paraître un livre intitulé Main basse sur Alger, Enquête sur un pillage publié aux éditions Plon à la fin de l'année 2004.
Il y a quelques jours, il était l'invité de Canal Algérie et d'une librairie où il a présenté ce livre. A chaque prise de parole, l'auteur de cet ouvrage insiste sur le caractère inédit de la thèse qu'il avance. La conquête d'Alger a été, répète-t-il, entreprise dans le but de piller le trésor de la Régence qui portait le nom de sa capitale. Des documents d'archives contemporains des faits qu'il rapporte et qui illustrent son ouvrage, lui permettent de conforter son assertion. Lors de son passage à radio France-Inter, il y a deux mois, le caractère nouveau de cette découverte est également mis en valeur et l'animateur de l'émission s'étonnait qu'aucun ouvrage n'ait auparavant développé cette idée.
Le coup dE L'éventail
Cet ouvrage existe, et il faut le faire connaître aussi bien à ceux qui apportent un plus à la connaissance de l'histoire de l'Algérie qu'aux lecteurs qui s'intéressent à ce sujet. Son auteur est Amar Hamdani (1) et son titre est La vérité sur l'expédition d'Alger. Il a été édité en France chez Balland, en 1985, et comporte 403 pages. Cet ouvrage, que j'ai consulté, il y a une dizaine d'années à la bibliothèque nationale d'Alger (sous la cote 73 680), avait fait l'objet, lors de sa parution, d'une présentation qui avait occupé une double page dans l'hebdomadaire Algérie Actualité. Son intérêt résidait justement dans ce rejet des thèses qui avaient été soutenues pendant un siècle et demi par les historiens de la colonisation et, plus tard, par une grande partie de l'intelligentsia française. Pour cette élite, comme pour ceux qui ont reçu son message, la conquête d'Alger avait été dictée d'abord par cette nécessité, pour la France, de punir l'offense qui avait été faite à son consul et ensuite par ce souci de civiliser une contrée qui avait été longtemps appelée Barbarie. Le fameux coup d'éventail, qui avait officiellement décidé du sort d'Alger, et qui m'intéresse particulièrement aujourd'hui, avait été réduit par Amar Hamdani à sa juste valeur car il a été un prétexte qui a savamment servi à occulter les véritables raisons de l'expédition. La présentation de l'érudite remise en cause d'une vérité par cet auteur et journaliste résume, en les classant, les motifs qui ont déterminé le coup d'éclat français. « Le gouvernement ultra du prince Polignac », y lit-on, « comptait sur une brillante campagne militaire pour rétablir la France dans son rang de grande puissance qu'elle avait perdu après les revers napoléoniens ; il espérait aussi qu'une victoire à l'extérieur lui permettrait de juguler l'opposition libérale, voire rétablir la monarchie absolue dont rêvait Charles X. Enfin et surtout, il y avait l'immense trésor de l'État algérien, proie facile dont la capture surviendrait à point nommé pour renflouer les caisses du roi. Pour s'en emparer, le général De Bourmont imagina une stratégie digne des meilleurs romans policiers ! Mais la révolution de Juillet devait déjouer ses calculs, et le trésor profitera à d'autres ». C'est donc le dernier motif, crucial aux yeux de Amar Hamdani dont l'aïeul mourut dans les combats de Sidi-Ferruch en juin 1830, qui constitue la problématique de l'ouvrage. Afin de montrer qu'Alger a bien été conquise pour son trésor, l'auteur mène son enquête à partir de témoignages de l'époque et de documents d'archives souvent inédits et plutôt français ; car seules quelques traductions d'ouvrages étrangers figurent dans l'imposante bibliographie qui clôt son analyse (pages 380 à 398). La réfutation du discours colonial, et la mise en place d'un contre-discours scientifique, ont été rendues possibles grâce aux qualités des sources qui ont été utilisées. Celles-ci sont de l'époque et de première main. La première qualité a son importance car Ch.-A. Julien avait souligné le grand contraste qui séparait « la liberté de jugement des historiens de la Monarchie de Juillet et même du Second Empire et la prudence et le conformisme de ceux de la IIIème République » (page 13). La seconde a également du mérite car la documentation de première main, qui est « infiniment plus nuancée » que les textes de circonstance et « souvent d'une objectivité méritoire », écarte la passion, ou le militantisme dans un certain contexte, qui, dans l'écriture de l'histoire, dénature les faits. En apportant une parole neuve, crédible et élaborée à partir de documents fiables, Amar Hamdani débarrasse, comme il l'affirme, « l'Histoire en tant que science soucieuse de vérité » de la gangrène qui l'avait infectée.
Polémique virulente
Après avoir donné ces quelques précisions, je voudrais, à mon tour, donner un témoignage qui ne semble pas être connu des deux auteurs sus-cités et que j'avais découvert lorsque je faisais des recherches pour ma thèse d'État. Celui-ci a paru en 1828 dans les Annales maritimes et coloniales et il raconte comment le trésor d'Alger avait été transporté, en 1817, des « magasins du palais de la ville » vers la citadelle. L'ordre de déménagement avait été donné par le Dey Ali Khodja qui voulait changer de lieu de résidence, et de lieu de gouvernement, pour ne pas subir, comme ses prédécesseurs, la fureur de ses janissaires. « Trois cent cinquante mulets [avaient été] destinés à ce transport » note l'auteur de l'information. « Les gens du gouvernement et toutes les personnes employées, en grand nombre, à cette opération, [avaient dévoilé] au public la quantité d'or et d'argent toute monnayée qui y était accumulée depuis des siècles ». Les gens du pays et les consuls, poursuit le même auteur, avaient évalué ce trésor à 30 millions de piastres fortes ou 150 millions de francs ; sans compter les diamants et les bijoux (2). Sachant que les Deys avaient toujours eu l'obligation de ne pas toucher à l'épargne publique, il y a tout lieu de croire que le montant du trésor qui avait été reçu par les officiers du corps expéditionnaire avait été en deçà du montant qui avait été donné officiellement. Une polémique virulente avait d'ailleurs surgi à propos des malversations qui avaient été constatées par des témoins du débarquement. Le comte de Loverdo notamment, qui commandait la deuxième division de l'armée d'Afrique, avait porté à la connaissance du ministre de la guerre le détournement de fonds dans lequel auraient trempé le roi Charles X et le maréchal de Bourmont. Mal lui en prit car il avait été calomnié à son tour et persécuté avant d'être réhabilité par un jury d'honneur composé de six généraux. En plus de ce pactole constitué de lingots d'or, d'argent et de monnaies d'or, selon l'appréciation d'un autre observateur, les Français s'étaient emparés de 2.000 pièces de canons. L'artillerie, « superbe » selon un témoin, avait été transportée en France dès les premiers jours de la victoire ( ). Un chef de bataillon affirme que les Français avait également trouvé « dans la Cassauba une quantité considérable d'armes de luxe ». Celles-ci avaient été « distribuées aux officiers, généraux et supérieurs de l'armée, d'après l'ordre du général en chef ». Les armes des janissaires, précise le même informateur, avaient été « données à tous ceux qui n'avaient pas pris part à cette première distribution ». Les officiers de la marine, eux, n'avaient reçu aucun trophée et ses chefs avaient gardé un vif ressentiment à la suite de cette omission (4).En plus de l'armement, dans lequel il faut compter les quantités de « munitions de guerre » qui avaient été prises lors de la bataille de Sidi Khalef, notamment, les Français s'étaient appropriés la flotte algérienne. Celle-ci était constituée de 2 frégates, dont une était en construction, 15 corvettes ou bricks et 40 chaloupes ou goélettes canonnières. Les « arsenaux de terre et de mer [qui étaient] très bien approvisionnés » (5) n'avaient pas été épargnés. Les conquérants avaient aussi hérité d'une quantité de cuirs bruts qui étaient stockés dans les magasins du Dey et avaient été vendus au profit de la France (6).
(1) Il vit en France et était l'époux de Laurence Bourdil, la fille de Marguerite-Taos Amrouche.
(2) Sur les guerres maritimes des diverses puissances de l'Europe contre Alger, depuis 1663 jusqu'en 1817, Annales maritimes et coloniales, 1828, tome 1, 2ème partie, pages 28.
(3) Expédition d'Afrique. Nouvelles d'Alger, page 1.
(4) Fernel (Commandant) : Campagne d'Afrique en 1830 avec un portrait du Dey d'Alger, le tableau de l'organisation de l'armée et un plan des travaux du siège, page 104.
(5) Conquête d'Alger, Moniteur universel, 16 juillet 1830, page 775.
(6) Allard (Maurice) : Considération sur la difficulté de coloniser la Régence d'Alger, et sur les résultats probables de cette colonisation, page 39.


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