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«Les banques publiques se sont comportées comme le bras financier du pouvoir»
Omar Berkouk. Expert financier
Publié dans El Watan le 27 - 05 - 2019

Pour Omar Berkouk, expert financier, la situation des banques publiques n'est qu'un indice parmi d'autres de l'imbrication entre sphère politique et sphère économique publique qui a caractérisé la gouvernance du pays depuis 1999. Il estime dans cet entretien que dans les dossiers de corruption qui apparaissent, ces banques ont joué un rôle non négligeable dans la facilitation de ces opérations douteuses.
– Quel impact de la situation politique actuelle avec toutes ces affaires de corruption qui ont éclaté et ce climat de suspicion sur le financement de l'économie ?
La situation politique a un impact indéniable sur l'économie nationale. Elle a bloqué les initiatives domestiques qu'elles soient privées ou publiques et gelé ou reporté tout projet d'investissement étranger dans le pays. Dans un contexte d'érosion des réserves de changes et de leur disparition prévisible à l'horizon 2022, c'est très préoccupant. Cela devrait faire prendre conscience à toutes les parties soucieuses de l'intérêt national de l'urgence de trouver une solution politique à la crise.
D'aucuns pensent que nous avons le temps et que le politique prime sur l'économique mais la réalité est autre. Si une économie forte peut supporter ou s'accommoder d'un système politique défaillant, une économie défaillante conduit toujours à la misère du plus grand nombre sans toujours remédier à la défaillance du système politique. C'est peut-être le temps de la négociation et du compromis historique pour consolider les acquis et préparer les conquêtes démocratiques futures dans l'Intérêt unique du pays !
La situation économique désastreuse du pays s'explique par les choix et décisions prises en matière de gouvernance depuis l'Indépendance, en général, et depuis 1999, en particulier. Ces choix ont obéi, surtout depuis 1999 grâce à la situation d'aisance financière acquise en raison de l'envolée du baril de pétrole entre 2004 et 2014 (40 USD à 140 USD), à des considérations d'intérêts personnels d'individus ou groupe d'individus. Ils ne sauraient être compris autrement eu égard à l'ampleur des dépenses (1000 MDS USD) par rapport aux piètres résultats économiques :
– Destruction de l'appareil de production national : Production industrielle 4,8% du PIB
– Dépendance de l'économie nationale aux hydrocarbures : 98% des ressources externes
– Taux de chômage national officiel 11% avec un taux de chômage des jeunes de 25%
– Perte de valeur (40%) de la devise nationale par rapport à l'euro et à l'USD.
Les défenseurs de cette politique, principaux bénéficiaires du système en cours de dislocation, vous objectent qu'ils ont construit des : routes, des hôpitaux, des universités, des logements – toutes sortes d'infrastructures et même la plus grande mosquée d'Afrique.
Toutes ces dépenses ont donné lieu à des contrats avec des opérateurs étrangers (Chinois et autres), qui ont très peu bénéficié à la création d'emplois locaux et à la formation des travailleurs algériens. L'objectif des décideurs d'alors n'était pas l'amélioration de l'économie nationale et le bien-être des Algériens, mais la passation de commandes à l'étranger génératrice de commissions et que l'on a fait passer pour des investissements d'avenir.
En effet, que deviendront ces routes, autoroutes, hôpitaux, logements, universités…. sans budget de fonctionnement et d'entretien ? Des bâtiments sans valeur ajoutée et des routes dangereuses. En dépensant sans compter, ils ont donné l'illusion d'une gestion au service de tous.
Elle était en revanche à leur service. On peut affirmer que la corruption et la prévarication à tous les niveaux décisionnels ont été les mobiles et les facteurs explicatifs de la Gouvernance économiques du pays depuis 20 ans. Aujourd'hui, avec les dossiers qui apparaissent et dont la justice se saisit, nous allons peut-être connaître les détails et le rôle des différents protagonistes. Mais ils ne nous apprennent rien sur les mobiles globaux de cette gouvernance.
Les banques publiques algériennes ont joué un rôle non négligeable dans la facilitation de ces opérations. Leurs dirigeants volontairement ou aux «ordres» ont permis la dilapidation de l'argent public. Elles ont fermé les yeux sur des montages ou des opérations de crédits et/ou des sorties de devises.
Leur situation témoigne de l'imbrication entre sphère politique et sphère économique publique qui a caractérisé la gouvernance du pays depuis 1999. Elles ont un portefeuille de créances irrécouvrables de l'ordre de 1000 MDS DZD ! représenté par des investissements fictifs, des garanties mal documentées ou difficiles à exercer ou tout simplement sans garantie. C'est à travers elles que ruisselait l'argent de la prédation !
Aujourd'hui, dans le contexte d'incertitudes politique et économique, elles ont cessé plus ou moins leur activité de financement. Elles sont sommées de faire le ménage dans leur portefeuille de crédits et de les documenter.
– Justement, en accordant pendant des années d'importants crédits pour certains opérateurs économiques au détriment d'autres, sur quels critères les banques publiques travaillent-elles réellement ?
Les banques publiques se sont comportées comme le bras financier du pouvoir (civil et militaire). Elles ont octroyé d'importants crédits aux «amis» du pouvoir et facilité leurs transactions. Elles ont répondu aux demandes et injonctions qui leur ont été faites par les hommes «forts» du régime pour financer ce qui n'était pas «bancable». Elles ont également financé l'économie «normale» avec moins de diligence professionnelle que la norme du métier impose.
La responsabilité de cette dérive est à imputer aux autorités de tutelle de ces établissements (Banque d'Algérie, ministère des Finances), c'est-à-dire aux institutions de l'Etat corrompues par le Pouvoir ! Les flux financiers en circulation étaient tellement importants qu'ils ont masqué les «fuites» du système. A l'heure du bilan, on fera le constat de la nécessité d'endosser leurs pertes et de la réduction de leurs marges de manœuvre dans le financement d'une économie normalisée. Il faudra alors les privatiser une fois assainies ! Pour les séparer de toute tentation de détournement d'objectif !
– Qu'en est-il par ailleurs de la gestion des risques au niveau de ces banques ?
La question du risque ne se posait pas en raison de la complicité de l'Institution de supervision (Banque d'Algérie et Commission Bancaire) qui leur ont permis d'agir ainsi. Elles pouvaient se permettre de faire toutes les mauvaises opérations qu'on leur demandait sans se préoccuper de leur impact sur le bilan.
Elles avaient la majorité des dépôts bancaires et un accès au refinancement de la Banque d'Algérie. A cela s'ajoute la garantie implicite de leur actionnaire, en l'occurrence l'Etat. Les banques privées n'auraient pas pu se livrer à ce type d'exercice. La vraie question à se poser aujourd'hui à leur sujet est : Peuvent-elles en l'état servir l'économie nationale ?
– Justement, pour servir l'économie nationale, on a eu recours au financement non conventionnel. Destiné initialement à relancer la machine productive, quelle utilisation à votre avis de la planche à billet particulièrement en cette période d'incertitudes politiques ?
Le financement non conventionnel de l'économie a été utilisé pour masquer les impasses budgétaires et la crise de trésorerie que vivait le pays depuis 2015/2016. Les promoteurs de cette solution dans leur irresponsabilité ont usé et abusé de cette «ficelle» en prétendant qu'elle financerait le budget d'équipement du pays (l'investissement).
En réalité, elle a servi dans une fuite en avant à colmater les brèches des finances publiques et des arriérés de paiement. Ainsi, à fin 2018 (cf. Note Banque d'Algérie), sur les 6500 MDS DZD, (30% du PIB), les résultats se résument ainsi : 28,3% pour la couverture des déficits du Trésor ; 27,1% comme apports au Fonds national d'investissements (FNI) ; 29,8% pour la compensation partielle subvention énergie (SH & Sonelgaz) ; 9,6% dédiés à la couverture du déficit de la Caisse Nationale des Retraites (CNR) ; 5,1% pour le remboursement d'une tranche de l'emprunt national 2016. Le financement non conventionnel est supposé finir en 2022.
Aucun mécanisme de reprise de ces avances n'est prévu et compte tenu de sa destination, les besoins de financements colossaux ne s'éteindront pas avec lui. Nous allons faire face à brève échéance à des problèmes financiers déstabilisateurs si nous ne nous engageons pas immédiatement sur le chemin des réformes de structure à la suite d'une réforme politique du système.
– Pourrait-on lier cette situation au retard accusé dans la réforme bancaire ?
La seule réforme bancaire qui vaille doit réaffirmer (instaurer) l'indépendance de la Banque d'Algérie, la responsabilité et son corollaire la liberté des banquiers centraux et publics, seuls garants d'une pratique financière orthodoxe ! En revanche, il est urgent de se pencher sur la création d'un véritable marché financier (boursier et monétaire) à l'échelle de l'économie du pays capable de couvrir efficacement de manière transparente les besoins de financement de tous les agents économiques.


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