Les trains ne sifflent toujours pas dans les gares. La grève des cheminots, qui se poursuit depuis dimanche dernier, paralyse totalement le transport ferroviaire. Et le dénouement du conflit opposant la direction de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) à ses employés n'est pas pour demain. Chacune des deux parties campe sur ses positions. Les nombreux usagers de ce transport, eux, trinquent. Les 55 700 étudiants et travailleurs qui prennent quotidiennement le train pour fuir les embouteillages énormes sur nos routes en souffrent. Ils sont pénalisés. « Je voulais me rendre à Blida. J'ai des examens et je dois être présente à l'université », affirme Rym, une étudiante en anglais à l'université de Blida, rencontrée, hier, au niveau de la gare Agha (Alger). La jeune fille a rebroussé chemin. « Je vais prendre un taxi », dit-elle. Comme elle, de nombreux utilisateurs du train ont été contraints de se rabattre sur d'autres moyens de transport. « Nous soutenons les revendications des travailleurs, mais il fallait penser à mettre en place un service minimum. Mais, chez nous, le citoyen paie toujours les erreurs des responsables », déclare un jeune homme rencontré également sur les lieux. Accompagné de sa femme, ils veulent se rendre eux aussi à Blida. Ils vont emprunter un autre moyen de transport. « Nous allons prendre un bus à Tafoura dont la station est située à 100 mètres de la gare Agha », précise-t-il. Mais peu de personnes se sont déplacées, dans la journée d'hier, à la gare. Cette dernière était presque déserte. Les quais étaient vides, les guichets et les travailleurs présents sur place se comptaient sur les doigts d'une seule main. Il n'y avait que trois ou quatre agents, chargés d'informer les voyageurs de l'indisponibilité des trains. « Aucun train n'a démarré aujourd'hui », lance un des agents. De lourdes pertes pour l'entreprise Cela confirme que l'adhésion des travailleurs à ce mouvement de grève est totale. « Le taux de suivi de la grève est de 95% », assure Djamel Bechikhi, secrétaire général chargé de la communication au niveau de la Fédération nationale des cheminots (FNC). « Non ! le taux de suivi du débrayage est de 100%. Car aucun train n'a quitté la gare », tente de corriger Abdelhak Boumansour, secrétaire de la section syndicale de la gare Agha. Affirmant que le mouvement de grève se poursuivra jusqu'à la satisfaction des revendications, Djamel Bechikhi précise qu'aucun contact n'a été établi avec la direction. « On est au point zéro, aucune négociation n'a été engagée avec la direction de la SNTF », déplore-t-il. Au contraire, selon lui, la direction de l'entreprise a « adressé des mises en demeure aux grévistes ». « Ce geste risque de compliquer la situation », souligne-t-il. Contacté par nos soins, le directeur des ressources humaines de la SNTF, Noureddine Dakhli, affirme que « la direction a ouvert des négociations avec le partenaire social pour trouver un compromis et mettre un terme à la grève ». « Le taux de suivi de la grève a baissé. Nous avons enregistré moins de 40% de grévistes en ce troisième jour », estime-t-il, indiquant qu'un service minimum a été mis en place. Selon lui, l'entreprise a élaboré « un programme d'investissement qui, une fois mis en branle, engendrera des gains qui seront profitables aux travailleurs ». Ce n'est pas l'avis des syndicalistes. Selon eux, la SNTF fait dans le service public et la direction devait solliciter une augmentation des subventions de l'Etat pour résoudre son déficit financier. « Le chiffre d'affaires mensuel de l'entreprise est de 450 millions de dinars, soit environ 1,5 million de dinars/jour. Avec cette grève, la SNTF accusera des pertes colossales », assure-t-il. « L'impact financier de ce débrayage est trop lourd », confirme pour sa part, Noureddine Dakhli.