C'est probablement pour éviter de dépendre de donateurs que les membres de la Cédéao ont décidé, le 14 septembre, pour lutter contre le terrorisme au Sahel et au-delà, de débloquer 900 millions d'euros sur quatre ans. Ce plan est articulé autour de huit axes. Le G5 Sahel attend toujours les 2,4 milliards d'euros de promesses de dons de ses partenaires occidentaux pour financer son premier programme d'investissement prioritaire 2019-2021. C'est pourquoi, indique RFI qui rapporte l'information, qu'une réunion de relance des requêtes s'est tenue mardi à Nouakchott avec l'ensemble des partenaires. Le Nigérien Maman Sambo Sidikou, secrétaire permanent du G5 Sahel a, selon la même source, révélé les premiers montants décaissés. «Nous pouvons déjà vous dire que les fonds arabes nous ont accompagnés avec 323 millions de dollars, en cours d'encaissement vers les pays directement», a-t-il indiqué. Autant dire que c'est très peu à côté des 2,4 milliards d'euros promis. Les responsables du G5 ont ainsi émis «l'espoir de voir les autres partenaires suivre les premiers en termes de mobilisation de fonds». D'après RFI, Maman Sambo Sidikou a demandé un engagement clair : «Il y a eu beaucoup de promesses. Nous avons eu une grande réunion à Bruxelles en février 2018 concernant la force conjointe. Les choses ne se sont pas passées comme on l'aurait souhaité, les financements ne sont pas arrivés assez rapidement pour que notre force conjointe ait les équipements qu'il faut à temps pour la bataille. Nous n'allons pas répéter la même chose avec le développement.» C'est probablement pour éviter de trop dépendre de donateurs que les pays membres de la Cédéao, réunis en sommet le 14 septembre dernier à Ouagadougou, ont décidé de mobiliser par eux-mêmes 900 millions d'euros sur quatre ans pour lutter contre le terrorisme au Sahel. Le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Brou, a d'ailleurs souligné l'urgence pour les pays de la région de prendre le taureau par les cornes concernant particulièrement la question de la lutte contre le terrorisme. Pour lui, il est plus que temps de réagir, eu égard à la grave dégradation de la situation sécuritaire au Sahel. M. Brou a rappelé que les groupes terroristes ont perpétré 2200 attaques ces quatre dernières années, tué 11 500 civils et fait des milliers de blessés. Le président de la commission de la Cédéao a fait part également «de millions de déplacés, d'une activité économique considérablement affectée, de conflits intercommunautaires exacerbés» au Sahel et une menace qui s'étend vers le Sud. Le plan de lutte contre le terrorisme de la Cédéao est articulé autour de huit axes. Ces mesures concernent notamment la formation et l'équipement des forces de défense et de sécurité, le partage effectif et direct des renseignements entre les services de sécurité, la lutte contre le financement du terrorisme. Elles incluent également la mutualisation des efforts et la coordination des initiatives de lutte contre le terrorisme, telles que la Force conjointe du G5 Sahel, la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et la force française Barkhane. Les modalités du plan d'action, son budget et son calendrier doivent être entérinés lors du prochain sommet de la Cédéao, le 21 décembre 2019 à Abuja, au Nigeria.