Selon l'ONU, depuis avril, les combats ont fait 1093 morts et 5752 blessés, et forcé 120 000 personnes à quitter leurs foyers. Depuis quelques jours, des pays parmi lesquels l'Italie, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont commencé à mettre la pression sur les parties libyennes pour revenir à la table des négociations. Une conférence internationale sur la Libye. Encore une. Le chef de la diplomatie française a annoncé en effet dimanche qu'il présidera avec son homologue italien une réunion sur la Libye jeudi à l'ONU afin d'avancer vers l'organisation d'une conférence internationale visant à sortir ce pays d'un conflit meurtrier. «Le but, c'est d'embrayer sur un processus politique. Il n'y aura pas de solution militaire en Libye», a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse à la veille de la 74e Assemblée générale des Nations unies. «Ceux qui le pensent se trompent et risquent d'entraîner ce pays dans une dérive dramatique», a-t-il ajouté dans une référence apparente au général à la retraite Khalifa Haftar, qui a lancé une offensive sur Tripoli en avril et qui refuse d'entendre parler de cessation des hostilités avant la prise de la capitale. «Il faut arrêter cette spirale (de la guerre) et cette réunion sera, je l'espère, le premier pas vers un processus qui aboutira à une conférence internationale», a poursuivi le ministre français des Affaires étrangères, selon la presse française qui rapporte l'information. Jean-Yves Le Drian et son homologue italien Luigi Di Maio, ajoute la même source, présideront cette réunion qui associera aussi «les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Allemagne, les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Turquie ainsi que des organisations régionales (Union européenne, Union africaine et Ligue arabe)». Les forces loyales à Haftar ont déjà rejeté le 7 septembre un appel de l'ONU à reprendre des discussions, leur porte-parole estimant qu'«une solution militaire était la plus à même de résoudre le conflit». Enlisement Sur le terrain, la ligne de front n'a que faiblement progressé depuis le 26 juin dernier, date de la reprise par les forces alliées au gouvernement d'union nationale (GNA) de la ville stratégique de Ghariane (80 km au sud-ouest de Tripoli), occupée le 2 avril par Haftar qui l'a transformée en base avancée de son opération militaire, abritant son état-major. Les troupes de Khalifa Haftar se sont pratiquement enlisées aux portes de Tripoli. Pour tenter de renverser le rapport de forces en sa faveur, il a lancé samedi une offensive sur Saleheddine, localité située dans la banlieue sud de Tripoli. «L'armée a lancé une attaque acharnée sur l'axe de Salaheddine pour le libérer et le débarrasser des gangs terroristes et criminels», a annoncé le général Ahmed Al Mesmari, porte-parole du commandement général de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par Khalifa Haftar. Dans un communiqué posté sur sa page Facebook, il a précisé que les opérations continueront «conformément aux plans et étapes définis par le commandant en chef pour la libération de Tripoli». Coût exorbitant En revanche, la bataille de Tripoli est coûteuse en vies humaines. Selon l'ONU, depuis avril, les combats ont fait 1093 morts et 5752 blessés, et forcé 120 000 personnes à quitter leur foyer. Et c'est justement en raison de ce coût exorbitant que la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL) s'active depuis des semaines à relancer le processus politique à travers un plan de sortie de crise. L'idée à travers cette conférence internationale à laquelle appellent les Français, les Italiens et les Allemands est d'arrêter le déversement des armes sur la Libye, renforcer l'embargo imposé en 2011 par le Conseil de sécurité, obtenir un cessez-le-feu permanent et assurer un suivi de la conférence libyo-libyenne pour favoriser la mise en œuvre d'un éventuel accord entre les protagonistes libyens. Quelles chances ont, cette fois, l'Onu et la communauté internationale pour faire entendre raison à Khalifa Haftar ? Comme lors des conférences de Paris et de Palerme, elles sont minces. Au-delà de l'entêtement du chef de l'ANL, la Libye est surtout au centre d'importants enjeux économiques et géostratégiques. Certaines puissances, aux intérêts très divergents, y mènent carrément une guerre par procuration. Si les Emirats, l'Egypte, la Russie, la France et l'Arabie Saoudite sont accusés de soutenir Haftar, le Qatar et la Turquie appuient quant à eux le GNA de Fayez Al Sarraj. Dans de telles conditions, il est difficile de croire que la paix est aujourd'hui à portée de main.