Au lendemain de l'annonce de plusieurs mesures d'urgence, décidées la semaine dernière lors d'un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre, Noureddine Bedoui, pour traiter les problèmes de Sider El Hadjar, les sidérurgistes sont sceptiques. En effet, selon plusieurs cadres de ce complexe sidérurgique, «ces mesures ne seront pas d'un apport bénéfique pour l'usine si l'actuel staff dirigeant est maintenu, car il a déjà démontré son incompétence à plusieurs reprises». L'avis de ces cadres dirigeants, parmi lesquels figurent des syndicalistes, n'est pas fortuit. «Combien de fois l'Etat algérien a fait appel au Trésor public et aux banques pour renflouer les caisses de Sider El Hadjar sans que cette assistance financière ne soit matérialisée par son autonomie. Si on totalise toutes les aides, les facilités et les prêts bancaires accordés à ce complexe, on se retrouve avec au moins l'équivalent d'un complexe neuf, moderne, tel celui de Bellara qui entrera en service dans quelques semaines», analysent d'autres économistes. Mais pourquoi le ministère de l'Industrie s'accroche-t-il à ce staff dirigeant malgré les différents rapports de gestion, en majorité négatifs, s'interrogent d'autres sidérurgistes. Les multiples arrêts des installations dont le Haut-fourneau (HF) et la PMA, la multiplication des accidents de travail, le climat social malsain et les poursuites judiciaires des cadres sont, entre autres, les preuves d'une mauvaise gestion qui s'inscrit dans le temps. Ne sont-elles pas des raisons concrètes plaidant pour un changement urgent à la tête de ce vieux complexe, devenu un fardeau financier très lourd pour un pays en crise économique ? Parallèlement à cette mauvaise gestion, des enquêtes judiciaires sont enclenchées par la Gendarmerie nationale de Annaba sur plusieurs dossiers ayant trait à des contrats et autres marchés présumés entachés d'irrégularités. Selon des sources sécuritaires proches de ces enquêtes, pas moins de 37 cadres et employés de Sider El Hadjar ont déjà été auditionnés. Les sidérurgistes s'impatientent de voir les mis en cause ayant participé à des actes délictueux, sinon criminels, ayant amené leur complexe à cette dégradation, présentés devant la justice. «Bien qu'elles soient engagées depuis octobre 2018, la présentation des présumés accusés devant la justice tarde toujours. On espérait que la célérité des enquêtes avec la issaba (bande) et ses relais, qui sont en majorité en prison, soit appliquée dans les enquêtes de Sider El Hadjar. Mais ce dernier a toujours bénéficié d'un traitement spécial pour des raisons qu'on ignore. Sinon comment expliquer qu'une année n'a pas suffi pour situer les responsabilités des gestionnaires du complexe El Hadjar ?» s'interrogent encore une fois les mêmes sidérurgistes. A suivre…