Djilali Aounit, un jeune homme de 35 ans originaire de Timezrit (40 km au sud de Béjaïa), a été interpellé par la police à la sortie de la ville de Béjaïa, avec d'autres manifestants, après la marche du 30e vendredi. Le juge près le tribunal de Béjaïa a prononcé, hier, la relaxe de Djilali Aounit, qui a été poursuivi pour «outrage et atteinte à corps constitué», en vertu des articles 144 et 146 du code pénal. La salle d'audience était, lors de ce procès public, pleine comme un œuf. Une trentaine d'avocats bénévoles ont défilé devant le juge pour plaider l'acquittement au profit de leur «client». Le procureur de la République a requis une amende de 200 000 Da contre le prévenu. Djilali Aounit, un jeune homme de 35 ans originaire de Timezrit (40 km au sud de Béjaïa), a été interpellé par la police à la sortie de la ville de Béjaïa, avec d'autres manifestants, après la marche du 30e vendredi. Ce jour-là, Djilali avait fait marcher son âne recouvert d'une bâche sur laquelle était écrit un slogan hostile au pouvoir, comme l'ont fait les milliers de marcheurs. Après avoir été relâché vers 22h en compagnie de ses camarades, il a été convoqué le lendemain au commissariat central de Béjaïa, puis placé en garde à vue avant de bénéficier de la liberté provisoire la semaine dernière au cours d'un procès en référé. Les avocats de la défense ont axé leur stratégie de défense sur le fait que le dossier, «concocté par les services» pour faire condamner le prévenu, est quasiment vide. Des remarques pertinentes ont été adressées au juge par les avocats. L'un d'eux a qualifié ce procès d'«historique», dans le cas où le juge se prononce en faveur de Djilali, «car il aura basé son jugement sur des lois et non pas sur des injonctions venant de parties occultes». La défense a également relevé que personne ne s'est constitué comme partie civile et qu'il n'y a pas eu de plaignant dans cette affaire. A ce propos, maître Hamaili dira que «c'est juste le parquet qui s'est saisi de l'affaire en se basant sur le PV de la police», avant d'affirmer que si les juges se réfèrent à la loi, «même les autres détenus du drapeau seront acquittés». Pour le bâtonnier, ce procès prouve qu'il existe des magistrats qui «sont libres et qui se basent réellement sur les lois et prennent en considération les plaidoiries des avocats de la défense». Un autre avocat souligne que «le chef d'état-major, qui outrepasse ses missions constitutionnelles en s'ingérant dans une affaire politique comme celle-ci, devra poursuivre tous les Algériens qui ont crié : »Pour un Etat civil, non militaire », un slogan dont nous sommes fiers, car il émane des résolutions du Congrès de la Soummam, ce à quoi aspire le peuple». Pendant le procès, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés pour soutenir leur concitoyen. Ils sont venus de la région de Timezrit, ville natale de Djilali Aounit, et des quatre coins de la wilaya. Des militants politiques, des représentants de la société civile et de la LADDH se sont également mobilisés à cet effet. Les manifestants ont tenu à rendre un vibrant hommage aux avocats du barreau de Béjaïa pour leur engagement dans le hirak et aux côtés des citoyens victimes de l'arbitraire. Ces mêmes avocats ont déjà exprimé, à travers moult marches et sit-in, leur combat pour la séparation réelle des pouvoirs et pour un Etat de droit. Dans la même journée, les habitants de Tazmalt ont manifesté devant le siège de l'APC avant de fermer le bureau des élections à l'aide d'un panneau.