Le manifestant Djilali Aounit, qui a comparu hier devant le procureur général de Béjaïa pour avoir marché vendredi dernier avec son âne, a été mis en liberté provisoire. Son affaire est reportée à dimanche prochain, soit le 29 septembre, a-t-on appris, hier, de ses défenseurs. Selon Me Benyoub, l'un de ses avocats, "le procureur avait ordonné sa comparution aujourd'hui à 13h" pour deux délits d'outrage : "Outrage à fonctionnaire et outrage envers un corps constitué ou une institution publique." Les militants politiques et sociaux avaient indiqué que Djilali Aounit était originaire de la commune de Timezrit, à quelque 40 km de Béjaïa. Et que celui-ci avait été entendu, vendredi dernier, par la police puis relâché, avant d'être "à nouveau arrêté, avant-hier après-midi, pour y être présenté, ce dimanche, devant le procureur général de Béjaïa". C'est ainsi que plusieurs manifestants, dont des citoyens de Timezrit, qui s'étaient donné le mot, ont commencé à se rassembler devant le palais de justice de Béjaïa pour y organiser un sit-in en solidarité avec le manifestant interpellé. Ce sont, en effet, des dizaines de personnes qui ont pris part à cette action, saluée par le collectif des avocats, qui s'est spontanément constitué. Les manifestants, munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Magistrats, où sont vos promesses ?", "Non à la justice du téléphone", "Libérez Djilali", ont aussi scandé : "Djazaïr houra dimokratia" (Algérie libre et démocratique). Le sit-in a été observé de 9h jusqu'à la mise en liberté du prévenu, en milieu d'après-midi. Et après la libération, provisoire s'entend, de Djilali Aounit, les manifestants ont scandé : "Mazal, mazal, mazal les otages" (Ils restent encore des otages), allusion aux manifestants, incarcérés pour port du drapeau amazigh et pour délits d'opinion. Pour Me Benyoub, leur client n'a "insulté personne, qu'il soit policier, gendarme ou autre citoyen", avant de considérer cela comme une "atteinte aux libertés individuelles et collectives". "Ce n'est pas ainsi que l'on stoppera le hirak", a-t-il affirmé. Et d'ajouter : "Personne n'a le droit d'intimider les citoyens ou de leur interdire de marcher, qu'ils aient ramené un âne ou autre. Il se peut que Djilali Aounit n'ait que ce moyen pour se déplacer. Je ne vois pas où est le problème", a-t-il conclu. M. OUYOUGOUTE