La communauté universitaire de Béjaïa fait désormais des mardis des journées d'une grève cyclique dans les deux campus. L'annonce est faite au nom du collectif des enseignants et ATS et des sections du Cnes et du Snapap, et verse ainsi une nouvelle journée de grève au calendrier fixe de la mobilisation citoyenne dans la wilaya. Depuis le début du mouvement de la famille universitaire avec la mobilisation des étudiants, on n'a pas arrêté de marcher dans la ville de Béjaïa. Le mot d'ordre de grève vient appuyer une dynamique qui gonfle progressivement depuis la rentrée sociale. Ainsi, c'est la deuxième journée dédiée pour une grève cyclique après celle de lundi, qui a été décidée par trois syndicats de l'éducation (Cnapeste, Unpef et Snte). Chaque lundi donc, c'est désormais grève dans le secteur, et chaque mardi à l'université. «Pour nous, c'est une grève de fait. Nous nous sommes accordé à faire des aménagements dans nos emplois du temps, de façon à libérer tout le monde les mardis», nous dit un enseignant universitaire, interrogé hier lors de la marche hebdomadaire qui attend toujours le retour de la grande masse des étudiants, dont beaucoup sont encore en période d'examens de rattrapage. De nombreux militants et citoyens anonymes continuent d'assurer un niveau de mobilisation pour les marches de la communauté universitaire. Bien que la décision de lancer une grève cyclique à l'université Abderrahmane Mira ne semble pas agréer tout le monde, d'aucuns espèrent que, maintenant qu'elle est lancée, elle mobilisera davantage la communauté et qu'elle ne puisse pas souffrir de désaffection. De précédents appels à la grève générale, ayant souffert du manque de consensus, ont justement échaudé plus d'un. Lundi dernier, force est de constater que les trois syndicats grévistes de l'éducation n'ont pas fait le plein. Avant eux, une douzaine d'organisations, dont des partis constituant l'Alternative démocratique et des syndicats, a appelé à une grève qui n'a été générale qu'à un certain degré, notamment dans la Fonction publique. L'appel aurait eu un meilleur impact, si le cercle des initiateurs s'était élargi à un maximum de syndicats, qui sont plus proches des travailleurs que les partis politiques. La même douzaine d'organisations a appelé aussi à rejoindre la marche de la communauté universitaire de mardi dernier et a réussi, de ce fait, à grossir notablement ses rangs. Des centaines, voire des milliers de grévistes, y compris des syndiqués de l'UGTA, avons-nous constaté, ont rejoint l'action du jour. Mais, cela ne s'est pas reproduit pour la marche d'hier. «La marche sera plus importante la semaine prochaine après la fin des rattrapages», nous dit, confiant, un enseignant. Plusieurs forces vives de la société s'impliquent foncièrement dans le mouvement citoyen du 16 février dans la wilaya. Des collectifs s'activent, chacun de son côté, à sensibiliser et mobiliser la population autour de la question des détenus et de l'impératif de maintenir les manifestations de rue. La dynamique est certaine et n'est pas limitée au seul espace du chef-lieu de wilaya. Depuis au moins trois semaines, Kherrata a ses mardis de marches populaires. Akbou marche en nombre chaque vendredi.