Les enseignants contractuels et vacataires ne décolèrent pas. Après avoir réussi à marcher un peu plus de 200 km, de Béjaïa à la périphérie d'Alger, ils sont depuis quelques jours en grève de la faim. Campant sur une place publique à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès, les protestataires qui revendiquent «leur intégration sans concours», sont en sit-in ouvert, un dispositif sécuritaire les empêchant d'atteindre la capitale, comme prévu et voulu par ces milliers d'enseignants. Toutes les tentatives du département de Benghebrit n'ont pu dissuader les grévistes à abandonner leur mouvement. Ils sont plus que jamais déterminés à avoir gain de cause. Même la bonification des années d'expérience dans l'évaluation des épreuves de concours national pour le recrutement, annoncé pour la fin de ce mois, n'a pas convaincu les enseignants contestataires. A la deuxième semaine de leur mouvement, les enseignants, visiblement fatigués et épuisés par les longues nuits sous le froid et la pluie, campent sur leur position. La solidarité n'a pas manqué à fuser de toutes parts à leur égard. Des politiques et acteurs de la société civile expriment leur soutien à ces enseignants. Ils se sont même rendus sur la place occupée pacifiquement depuis plus d'une dizaine de jours. A Béjaïa, un collectif de soutien a été créé et a lancé, vendredi dernier, une caravane jusqu'au campement des grévistes. Du côté de la famille éducative, plusieurs syndicats et groupes d'enseignants ont observé des grèves cycliques suivis de rassemblements en guise de solidarité avec leurs confrères. L'affaire a pris une autre tournure pour devenir «humanitaire». Hier, c'est au tour du syndicat Sete, affilié à l'Ugta, de sortir dans la rue à Béjaïa pour se solidariser avec les grévistes. Dimanche dernier, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a appelé à une grève, demain, dans une action synchronisée à travers les différentes directions locales de l'éducation nationale. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), qui, avec le Cnapeste, n'a pas signé la «Charte d'éthique», est aussi sur le devant de la scène pour porter aide et soutien à cette catégorie d'enseignants. Cette grève arrivera-t-elle à drainer grand monde et à paralyser le secteur dans une journée symbolique, d'autant que les soutiens fusent de partout ? Ces deux syndicats arriveront-ils à désavouer le pacte d'éthique conclu entre les autres syndicats et la ministre de l'Education ? La mobilisation pour cette grève, qui apparait comme un test autant pour la ministre que pour les syndicats et les enseignants grévistes, apportera les réponses. A. B.