Dernières préparatifs pour relancer le Barrage vert pour lutter contre la désertification et les changements climatiques. Le point fort de cette nouvelle démarche est surtout cet appel aux compétences et aux spécialistes. Mardi, une journée d'information a été organisée sur l'importance de cette relance. Lors de l'ouverture officielle, on a évoqué la nécessité d'une «approche pluridisciplinaire». Il était temps. On veut apparemment une relance «intelligente et innovante». Pas la peine, il suffit simplement d'apprendre des erreurs du passé et de donner le dernier mot aux compétences qu'il faut. Heureusement d'ailleurs qu'on insiste pour cette nouvelle démarche sur la nécessité d'impliquer les universités et les centres de recherche dans le choix des plantes et espaces adaptés à chaque type de végétation en prenant en considération le phénomène mondial des changements climatiques. Flashback d'un bilan négatif établi par Nadia Brargue Bouragba, maître de recherche en écologie et entomologiste à l'Institut national de recherche forestière de Djelfa que nous avons rencontrée à Tlemcen, lors de la semaine méditerranéenne sur les forêts il y a quelques années. Elle évoquait à cette époque «les graves erreurs du Barrage vert», initié dans les années 1970. D'abord, elle explique que la particularité des sols de chaque région où ont été plantés les arbres n'a pas été étudiée ! Autre erreur : le choix de la monoculture, à savoir le pin d'Alep. A Djelfa, par exemple, la plantation de cet arbre est fortement déconseillée en raison de la présence des dalles de calcaire dans le sol qui empêche le pin d'Alep de se développer et entraîne l'apparition d'insectes défoliateurs (chenilles processionnaires ou tordeuses des pousses du pin) et xylophages extrêmement ravageurs, car ils se développent d'une manière incontrôlable dans le reboisement. D'ailleurs, Sahraoui Bensaïd, du Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides, avait souligné qu'en 1982 l'arrivée de jeunes universitaires comme les forestiers ou les pastoralistes a donné une impulsion nouvelle aux travaux de reboisement du barrage. Car, selon lui, «l'examen du bilan d'efforts montre que l'on est en deçà des espoirs puisque, sur les 160 000 hectares de plantations prévus, seuls 120 000 ont été réalisés, le taux de réussite n'étant que de 42%. Un bilan qui date déjà de presque 25 ans !»