Aujourd'hui, c'est une occasion pour me venger. » Tels sont les propos tenus par un enseignant chargé de la surveillance, qui n'a trouvé que cette période du bac pour exprimer son ressentiment envers ses élèves. L'incident s'est produit au niveau du lycée El Idrissi, un centre d'examen regroupant des élèves venus des différents lycées d'Alger-Centre. Un examen d'une grande importance, tel que le baccalauréat, peut-il devenir une occasion pour se venger de ses élèves au lieu de les rassurer ? Bien que ce ne soit pas le cas de la plupart des enseignants qui ont prouvé leur probité dans l'accomplissement de leur noble mission, cet enseignant du lycée Descartes l'avait confirmé au deuxième jour d'examen du bac. « Son attitude envers les candidats au baccalauréat, déjà stressés, est peu honorable », a regretté un père de famille venu récupérer sa fille, rencontré à la sortie de ce lycée. Ce cadre d'Air Algérie est tellement consterné qu'il voulait nous faire part des moments d'angoisse qu'avait vécus sa fille pendant l'épreuve d'anglais. Cet incident vient de dévoiler un grand malaise d'ordre relationnel qui ronge l'école algérienne, notamment la relation enseignant/élève. Cette dernière n'échappe toujours pas à la violence verbale ou autre. « Bien qu'elle ne soit pas son élève, ma fille, qui s'est retrouvée dans la même salle d'examen que les élèves de ce surveillant a subi cette pression qu'il voulait exercer sur ses apprenants », a déploré ce père de famille soucieux de l'avenir de sa fille. « C'est vrai qu'il y a des élèves qui dérangeaient leurs enseignants pendant l'année scolaire. Mais se rabaisser à ce niveau, est-ce une solution pour mettre fin aux mauvaises attitudes de certains élèves », s'est demandé notre interlocuteur ? D'autant plus que cet acte d'hostilité a été l'œuvre d'un homme d'un certain âge. De plus, veiller sur le bon déroulement des épreuves d'un examen décisif peut-il être considéré comme un geste embêtant ? Un examen vise essentiellement à évaluer à la fois les performances de l'apprenant et de son enseignant. Et lorsque la majorité des élèves obtient de mauvais résultats, c'est entre autres facteurs la méthode de l'enseignant qui est à remettre en cause. Outre cet incident, les élèves rencontrés ont déploré également les difficultés éprouvées lors du traitement du sujet de l'épreuve de mathématiques. « Le sujet n'est pas conçu pour un élève moyen », a jugé une élève en gestion économique qui est tout de même satisfaite quant à l'épreuve de comptabilité dont le coefficient est 6. Mais ce n'est pas le cas de son camarade qui versait de chaudes larmes en sortant de l'examen de comptabilité. « Le sujet qu'il a choisi est plus compliqué. En plus, il n'avait pas bien travaillé hier mathématiques », a expliqué son camarade qui essayait de le réconforter. Concernant la limitation du programme scolaire, les avis des élèves sont partagés entre ceux qui visent seulement l'obtention du bac, sans se soucier réellement de leur carrière universitaire, et ceux qui manifestent une certaine inquiétude quant aux retombées de cette mesure qui pourrait compromettre leur cursus universitaire. « Presque toutes les leçons programmées pour le troisième trimestre ont été supprimées », a affirmé un élève. Son ami, par contre, s'est montré très pessimiste quant au rendement annuel et au niveau des élèves d'une manière générale. « Il ne faut pas se fier aux programmes scolaires. Il faut que nous étudions si nous voulons réellement avoir un niveau acceptable », a-t-il argué.
