Il est très rare de voir les sous-traitants intervenant dans la voirie effectuer des travaux bien exécutés. Que cela soit la remise des lieux en l'état, la réfection de trottoir, le revêtement ou le rapiècement de la chaussée, les intervenants lésinent sur les moyens. Les exemples sont légion, et il n'y a qu'à constater les piètres réalisations commises par-ci, par-là le long de certaines artères de la capitale, qu'on désigne par fausse pudibonderie, « défauts ». Et lorsqu'il s'agit de certaines voies jugées secondaires, les maîtres d'œuvre n'hésitent pas à tricher sur les raccords. Il y a lieu de citer la pose du béton bitumineux qui ne porte parfois que le nom. L'essentiel pour le maître d'œuvre est d'aller vite en besogne pour s'adjuger un autre marché. Car, comment expliquer qu'une voie à peine asphaltée, le bitume commence à se désagréger ? « Tout simplement, l'entrepreneur ne respecte pas la formulation ni le dosage de matériaux, notamment dans la charge des différents graviers entrant dans la composition de l'enrobé », s'efforce de m'expliquer un gars averti de l'ex-Etral. « Et le rôle du laboratoire spécialisé dans l'analyse des matériaux en question, il se résume à quoi ? », insistais-je ingénument. « Eh ben, toute la question réside à ce niveau », me répond-il, non sans me faire un clin d'œil. Là, je me tais… Je poursuis mon bonhomme de chemin du côté du boulevard Commandant Abderrahmane Mira. Mon regard fut happé par le branle-bas de combat qui agite une équipe attelée à débarrasser le long du trottoir revêtu de matériaux hétéroclites (carrelage, bitume, mortier, etc.), donnant un décor lépreux. Les tâcherons, qui s'exerçaient à enlever cette laideur avant de paver de klinkers le trottoir, découvrent l'horreur, pour ne pas dire mettent à nu la triche de leurs prédécesseurs dont les travaux effectués sont aux antipodes des critères techniques. Nos « génies » sous-traitants avaient, comble de l'absurde, poussé leur ineptie jusqu'à mettre de l'asphalte sur du carrelage. L'on serait tenté, dans la lancée, de nous interroger sur quels critères a été accordé le marché : sur l'ouverture des plis, suite à l'avis d'appel d'offres lancé via les quotidiens ou sur la base d'accointances qu'entretiennent des responsables avec certains maîtres d'œuvre, moyennant « tchipa » ? Aussi, dois-je me résoudre à conclure que les travaux confiés aux opérateurs bricoleurs sont rarement contrôlés après leur achèvement. Témoin, les cas de réalisation bâclée et viciée, relevés ici et là dans la cité.
