C'est la fête de la jeunesse et, comme le veut la tradition, il y a eu de la musique, beaucoup d'activités culturelles et sportives à travers tout le pays pour célébrer l'événement. En dehors des rituelles scènes érigées un peu partout a travers les placettes communales, le discours plus sérieux, car plus officiel, nous offre encore et encore des chiffres. En matière de statistiques, les jeunes s'offrent la démographie. Ensuite, juste après, c'est le néant ! Il serait fastidieux d'énumérer toutes les belles promesses et les éternels ratés, en cette date anniversaire qui coïncide avec la fête de l'Indépendance. Une fête, un repère pour rappeler le sort de ces jeunes minés par l'oisiveté et déchirés entre la contrainte de rester auprès de leurs familles ou de s'aventurer dans l'exode, au péril de leur vie, en direction de l'eldorado européen et ailleurs. Le chant des sirènes du paradis d'outre-mer bourdonne toujours dans les oreilles d'une jeunesse qui ne voit pas le temps passer mais qui laisse des traces. Semble-t-il que même en Afrique du Sud, au détour du Mondial, des jeunes Algériens ont voulu installer leur chapiteau pour tenter l'aventure. C'est dire que les distances sont moins fortes que les tentations de réussir dans la vie. Le football, cette trouvaille venue à la rescousse du discours politique pour combler les vides structurels à même de prendre en charge les revendications multiples de la jeunesse, vient de démontrer que la trajectoire de son ballon peut servir à d'autres fins. La politique envers la jeunesse peut-elle éternellement se suffire des ficelles de la rhétorique ? L'interrogation trouve toute sa place auprès de ces jeunes qui font face, quotidiennement, à la malvie et aux discours qui n'ont plus de crédit par endroits. La jeunesse d'aujourd'hui n'a plus l'âge de l'indépendance, mais risque de connaître les mêmes désillusions tant les réflexes de gestion d'un potentiel aussi riche restent en deçà des attentes. Il est inutile, en cette date anniversaire, de rappeler que le jeune Algérien ne semble pas croire au changement. Loin de tous les fatalismes et raccourcis provocateurs, la malvie est une évidence que la réalité du terrain ne peut occulter. Encore moins les discours moralisateurs et paternalistes. L'Algérie profonde peut, au détour de chacune de ses ruelles, prouver que ses jeunes nourrissent ce même sentiment de découragement même si, en leur for intérieur existe cette fibre de vouloir dépasser le défaitisme. Il existe une citation qui dit : « Lorsque la jeunesse refroidit, le reste du pays claque des dents. » Il faut certainement méditer cela.