Il fut un temps où il fallait vivre au Nord pour vivre mieux, temps remplacé par la décennie du terrorisme où être muté dans le Sud était une récompense. La situation s'est encore inversée, c'est au Sud qu'il y a du terrorisme, à l'exemple de la récente attaque à Timiaouine, et pour punir, à l'image du procureur de Sidi M'hamed en colère contre les injonctions d'en haut, c'est-à-dire du Nord vertical, on le mute au Sud. C'est donc une sanction, mais c'est toujours dans le Sud qu'on va chercher les hydrocarbures qui assurent à l'Algérie un semblant de stabilité financière, permettant, entre autres, d'assurer les salaires des députés, qu'ils soient d'ailleurs du Sud ou du Nord. Ce qui a mis en colère des députés justement, pas sur la question des salaires mais de la représentation. Ainsi, pour cet élu de Tamanrasset, «58 ans après l'indépendance, nous n'avons pas de ministre, de wali ou de consul, de diplomate ou de dirigeant d'entreprise». Ce qui n'est pas entièrement vrai, le ministre Hacène Mermouri est de Djanet et d'ailleurs son frère est wali de Tindouf, ce qui ici pose un autre problème. Le ministre en question étant officiellement ministre du Tourisme, de l'Artisanat et du Travail familial, d'après cet ajout que l'on doit au président Tebboune et à son Premier ministre, Hacène Mermouri a-t-il pris son poste au premier degré ? Ou, quand on est du Sud, faut-il avoir un frère ministre pour être wali ? Résumons l'équation, Djanet est à l'extrême est du Sud et Tindouf est à l'extrême ouest du même Sud, les deux frères vivent à 1800 km l'un de l'autre, éloignés de 2200 et 3200 km de leur lieu de naissance. L'actuel Président est de l'Ouest, à 500 km d'Alger, et son Premier ministre est de l'Est, à 500 km d'Alger. S'il faut 4 jours en voiture pour rallier le Club des Pins à Timiaouine, combien faut-il de temps pour un développement homogène ? Résultat, en dehors du fédéralisme, avec walis élus par leur population, pas de solutions. Le pays est si grand, ses dirigeants si petits.