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Michel Canesi et Jamil Rahmani, écrivains : «La femme algérienne n'a jamais baissé les bras»
Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2020

Le duo d'auteurs Canesi – Rahmani vient de publier chez Anne Carrière éditions son nouveau roman Ultime preuve d'amour, dont l'émouvante intrigue romanesque se déroule en 1962 puis dans les années 1990 à Alger. Une troublante histoire d'amour dans le cadre d'une histoire algérienne mouvementée. Ils ont accepté de répondre à deux voix aux questions d'El Watan.
– Pouvez-vous nous guider dans les coulisses de la préparation de ce roman et de vos intentions ?
Nous voulions écrire un roman dont l'hôtel Aletti serait le cadre. C'est, à notre avis, le parfait lieu représentant de l'Algérie coloniale, car il a été inauguré pour le centenaire de l'Algérie française en 1930.
Il a évolué comme la ville d'Alger, tous deux connaissent actuellement une renaissance après de pénibles moments.
Nous voulions aussi parler d'Alger, de l'Algérie, de la France et des rapports conflictuels entre les deux pays. Cet hôtel mythique nous semblait être le lieu idéal pour des amours marquées par l'histoire.
– Comment écrit-on à deux ?
Avant d'entamer l'écriture d'un livre, nous décidons d'un scénario, construisons les personnages, j'écris quelques pages, Michel les lit et nous corrigeons ensemble, amendons le texte et l'enrichissons.
Deux sensibilités, deux éducations, deux cultures se mêlent dans nos livres et à plus de cent vingt ans à nous deux de souvenirs et d'expériences.
– L'histoire est déchirante, entre un jeune pied-noir, Pierre, et une jeune Algérienne, Inès. Leur séparation est brutale en 1962. Pour se consoler, sans y parvenir, Inès épousera Rachid qui la couvre d'attention. Quelle est la part de réel et de fiction ?
La fiction est totale, même s'il y a toujours dans un roman une part autobiographique. Une de mes sœurs a inspiré en partie le personnage d'Inès. Inès et Pierre sont des personnages métaphoriques.
Ils symbolisent l'Algérie et la France, leur relation violente, passionnelle et l'espoir de relations apaisées dans le futur.
Le personnage du groom de l'Aletti, qui est central car il est le lien entre tous les protagonistes du roman, est totalement fictif. Michel a beaucoup insisté pour qu'il soit intégré à l'histoire. Avec raison, je dois l'avouer, car je n'étais pas persuadé de son intérêt.
C'est devenu un élément capital du livre. Outre son rôle d'intermédiaire, il représente l'Algérie des humbles, des laissés-pour-compte.
Le livre est en deux temps : 1962 où l'histoire se noue ; puis 1996, en pleine guerre contre le terrorisme où elle se dénoue. En arrière-fond, vous mettez à nu la souffrance d'un pays que rien n'épargne. L'Algérie est un pays déchiré qui a connu deux guerres terribles.
L'une survenue au terme d'une colonisation implacable, et l'autre, conséquence d'une politique éminemment hasardeuse après l'indépendance. Deux franges de la population (avant 1962 comme après) ont été dressées l'une contre l'autre.
Nous voulions donc, au travers d'une passion, parler de l'Algérie, de son histoire et rappeler aussi l'indifférence à nos souffrances de l'Europe en général et de la France en particulier lors de la décennie noire.
Je me souviens qu'à l'époque, des hommes politiques algériens avaient mis en garde l'Occident contre le terrorisme islamique. En vain. Si vous ne nous aidez pas, disaient-ils à leurs homologues américains et européens, cela vous touchera un jour ou l'autre.
Au travers du personnage d'Inès, nous voulions rendre hommage à la femme algérienne qui n'a jamais baissé les bras et a résisté à l'extrémisme au péril de sa vie. Elle s'est battue pour la liberté avant et après l'indépendance.
Des milliers d'entre elles ont refusé de quitter l'Algérie pendant la décennie terrible, dont mes sœurs. On n'abandonne pas un pays en danger de mort, disaient-elles et c'est admirable. L'Algérie est grande par son histoire et par ses femmes.
Alger aussi vibre intensément dans cette histoire. Considérez-vous Alger comme un «personnage» virtuel qui ajoute par sa beauté à la tragédie que vous mettez en scène ?
Alger est un personnage à part entière, c'est à notre avis l'une des plus belles villes de Méditerranée, avec un passé, une architecture, un site exceptionnels. C'est un cadre extraordinaire pour une histoire d'amour.
Nous nous en étions servi dans un précédent roman Alger sans Mozart, publié en France puis en Algérie aux éditions Dalimen.
Alger vit comme les personnages de nos romans, elle vieillit, se délabre mais garde sa splendeur tragique et son fabuleux pouvoir de séduction. Jamil est un amoureux fou d'Alger, il fait dire à Inès à la fenêtre de la chambre 310 de l'Aletti : «Je contemple mon deuxième amour, Alger».
– Dans votre écriture, le choix des lieux algérois dans lesquels les personnages se meuvent est-il le fruit du hasard ou bien est-ce le fruit de repérages précis ?
L'hôtel Aletti (Es Safir) a été volontairement choisi. L'immeuble d'Inès et Pierre existe, c'est celui où Jamil a vécu.
Le Télemly est son quartier, il a donc puisé dans ses souvenirs lors de l'écriture du roman. Cela donne un fort sentiment de réalité et bien des lecteurs algériens comme pieds-noirs ou pieds-rouges pourront se retrouver dans ce livre.
Tout le contexte historique correspond à ce que Jamil a vécu tant à Alger qu'à Constantine avant et après l'indépendance. La partie du roman qui se déroule en France porte la marque de Michel, mais aussi celle de Jamil qui connaît bien ce pays.
– Il y a plusieurs clins d'œil à Albert Camus, dont les premiers mots du livre : «Aujourd'hui notre Algérie est morte.» Pensez-vous que l'auteur de L'Etranger a encore quelque chose à nous dire sur le déchirement de la guerre d'Algérie ?
Camus était un visionnaire, il a su capter son époque. Il se brouille très vite avec Jean-Paul Sartre qui soutenait la politique de Staline.
Très tôt, il saisit le fossé qui sépare la communauté française d'Algérie et le peuple des campagnes, du bled comme on disait à l'époque. Il a capté sa détresse et son désarroi, dénoncé sa misère. Il savait que le décalage entre les deux populations ne serait pas longtemps tenable.
Dans un appel à la paix civile en Algérie, il écrit en 1956 une très belle phrase qui illustre parfaitement notre roman : «J'ai aimé passionnément cette terre où je suis né, j'y ai puisé tout ce que je suis, et je n'ai séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent, de quelque race qu'ils soient.
Bien que j'aie partagé et connu les misères qui ne lui manquent pas, elle est restée pour moi la terre du bonheur, de l'énergie et de la création».
– Un de vos livres précédents a été adapté au cinéma. Celui-ci prendra-t-il le même chemin ?
Le Syndrome de Lazare, notre premier roman, a été adapté par André Téchiné dans le film Les Témoins. L'adaptation cinématographique est un parcours difficile, les comédies ont désormais la faveur des producteurs français.
Alexandre Arcady avait adoré Alger sans Mozart, il voulait le mettre en scène mais cela n'a pas été possible faute de financement. Bien sûr, nous espérons très fort qu'Ultime preuve d'amour soit porté au cinéma, nous sommes persuadés que cela ferait un très beau film…


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