Finalement ce n'est pas une mesure décentralisée prise par le wali comme le laissait entendre une rumeur qui a circulé en milieu de semaine mais le décret exécutif n° 168-20 du 29 juin qui a instauré le retour au confinement des communes côtières d'El Kala (daïra d'El Kala) et de Chatt (daïra de Ben Mhidi) à El Tarf. A la fin du mois de juin, la Covid-19 avait pris à El Tarf un élan, modéré si on en croit les sources officielles, attribué par les autorités sanitaires au relâchement qui a suivi le déconfinement du 13 juin. Une délivrance pour une partie de la population d'El Kala qui a fêté bruyamment l'événement par le classique défilé de voitures et son concert de klaxon. Au moment de la publication du décret, le 29 juin, la maladie avait fait de nouvelles victimes. On comptait à ce moment 4 décès pour 111 cas positifs depuis le 27 mars pour l'ensemble de la wilaya. Des rumeurs démentaient cependant ces chiffres et parlaient d'une invasion de la Covid dans les 4 hôpitaux de la région. À El Kala, où les vacanciers commençaient à arriver, l'autre partie de population qui redoutait un regain de la maladie a fait part dès ce moment de sa crainte de voir se développer un foyer avec le brassage des vacances. La direction de la santé publie sur sa page Facebook vendredi un bilan au 8 juin qui donne depuis le 27 mars 8 décès pour la wilaya. Il y a eu 3 morts à Besbès, 2 à Bouhadjar, 2 à El Tarf et un seul à El Kala, celui du bâtonnier Ammour Brinis, survenu lundi. En fait la région la plus touchée est celle de Besbès où est apparu le premier cas le 23 mars et qui avoisine les 60 contaminations sur un total de 150 cas dans la wilaya. Alors pourquoi reconfiner El Kala du 9 au 23 juillet s'interroge-t-on ? Certainement pas pour le nombre de cas de Covid-19 admis en soins à l'hôpital. C'est le plus faible de la wilaya. Il y a eu manifestement relâchement des consignes de prévention comme partout ailleurs à cause de la fulgurante remontée de la pandémie dans le pays, mais c'est certainement l'arrivée massive des vacanciers malgré la fermeture des hôtels et des plages qui semble avoir motivé la décision des autorités centrales. Bien entendu, aucune indication n'a été fournie pour pouvoir se faire une idée précise. Pour de nombreux observateurs «c'est déjà trop tard, on aurait dû y penser plus tôt et ne pas déconfiner du tout en prévision de la migration des populations vers les destinations balnéaires pour fuir les grosses chaleurs. Pour inciter les gens à ne pas se déplacer, il aurait fallu qu'ils le sachent suffisamment à l'avance. Or, les pouvoirs publics ont tergiversé et laissé planer le doute autant sur la période estivale que sur la réouverture de la frontière avec la Tunisie. Les experts et responsables de la santé qui défilent dans les médias, y compris des instances scientifiques mises en place pour la lutte contre la Covid-19, n'ont jamais exposé de prospective ou de scénarios sur l'évolution de la maladie et des mesures à envisager. Incontestablement, la pandémie est gérée à vue au jour le jour portée par une communication désuète. Les vacanciers sont là aujourd'hui comme d'habitude. Ils ont payé leur location à l'avance et comptent bien en profiter même pour quelques bouffées d'air frais. Ce sont des victimes de l'incohérence de la gestion de la crise. Les autorités seraient bien inspirées de mettre à profit avec intelligence la fête de l'Aïd pour revoir leur copie. Cette tradition favorise en effet le retour au domicile principal. Le retour du confinement est aussi perçu par beaucoup, surtout les seniors, comme la sanction méritée promise par le président de la République à l'égard de ceux qui se sont montrés indifférents et désinvoltes face aux mesures de prévention. Le couvre-feu décrété entre 19h et 5h va empêcher la foule qui recherche en soirée le frais sur les corniches ou les boulevards sur les hauteurs de la ville mais pas les déambulations dans la journée pour les courses et la promiscuité à la porte des commerces. Les stationnements aux endroits très fréquentés, comme ceux au bord du lac Tonga ont été fermés comme bien entendu l'accès à toutes les plages. Mais il sera difficile d'appliquer ces interdictions à moins de déployer une armée de policiers. Seuls la distanciation, le port du masque et le lavage des mains pourront barrer la route au virus. C'est ce que doivent savoir et comprendre les récalcitrants.