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"IL NE FAUT PAS ALLER VERS LE RECONFINEMENT
Professeur Smaïl Noureddine, épidémiologiste
Publié dans Liberté le 25 - 06 - 2020

Le professeur Smaïl Nourredine, épidémiologiste et chef de service d'épidémiologie et de médecine préventive au CHU Mustapha-Pacha, explique dans cet entretien les facteurs qui ont favorisé la reprise de la fréquence de l'épidémie en cette période sensible de déconfinement. Il préconise aussi de développer la stratégie basée sur le dépistage rapide et les enquêtes épidémiologiques.
Liberté : Les dernières situations épidémiologiques communiquées par le Comité scientifique laissentcroire à une reprise de l'épidémie. Est-il vrai de dire que cette nouvelle situation qui inquiètent les médecins est-elle corolaire du processus de déconfinement ?
Pr Smaïl Noureddine : Le déconfinement amorcé dans notre pays a été et demeure progressif. Nous ne sommes pas encore dans une situation de déconfinement total. Le processus lancé est tributaire de l'efficacité et du succès des étapes que nous sommes en train de réaliser, ainsi que de la situation épidémiologique de la Covid-19 dans le monde dont dépendra la reprise de nos échanges internationaux.
La relative augmentation des cas qui s'en est suivie était prévisible comme cela a été observé dans beaucoup de pays qui ont déconfiné avant l'Algérie. La situation est toujours sous contrôle. Nos structures de santé sont toujours capables de prendre en charge les cas. Nous demeurons, cependant, en état d'alerte permanente et nous continuons à observer l'évolution de la situation.
Un réajustement localisé des mesures de contrôle peut être envisagé à tout moment si la situation épidémiologique après enquête venait à l'exiger. Il ne faut pas perdre de vue que la sortie progressive du confinement a commencé par la prise de toutes les précautions nécessaires. À titre d'illustration, nous citerons les transports interwilayas qui n'ont, jusqu'à présent, pas été rétablis. Idem pour le métro d'Alger.
La prière collective dans les mosquées n'a toujours pas repris. Il faut dire que le déconfinement progressif est conditionné par des mesures préventives rigoureuses. Sachant que le virus circule, nous ne pouvons pas prétendre à dire qu'il n'y a plus de cas. Pour réussir notre déconfinement, les citoyens doivent s'appliquer rigoureusement en portant obligatoirement le masque et en observant impérativement les règles de distanciation et d'hygiène.
La décision de déconfinement n'était-elle pas un peu hâtive après l'apparition de nouveaux clusters dans plusieurs régions du pays ?
Il faut savoir que le confinement avait pour objectif de juguler la transmission de la maladie et de fournir des soins adaptés à tous les patients, et ce, pour éviter un pic important. Plusieurs facteurs entrent en compte dans la décision d'ajustement des mesures de contrôle (renforcement, assouplissement ou réinstauration), notamment des indicateurs épidémiologiques qui montraient, au moment où il a été décidé de déconfiner, une maîtrise de la situation sanitaire et une tendance baissière.
L'augmentation relative du nombre de cas, comme je l'avais précisé précédemment, était prévisible, mais contrôlable. Néanmoins, il importe de rappeler encore que le déconfinement partiel et progressif qui n'a porté que sur certaines activités économiques du pays, ainsi qu'en termes de circulation des citoyens sur des durées quotidiennes réduites pour plus de la moitié de nos wilayas, n'a donc pas été hâtif.
Si l'on rajoute que les transports interwilayas n'ont pas été rétablis, les conditions strictes de précautions imposées au transport locaux des voyageurs (bus, taxis...) et la non-réouverture des mosquées montrent bien toute la précaution et la minutie qui a présidé à la prise de cette décision avec le respect des règles de prévention qui étaient préconisées et décrétées.
Par ailleurs, l'assouplissement des mesures de confinement a été accompagné d'un renforcement des capacités de prise en charge et de surveillance et de détection d'éventuels foyers de transmission. Il reste nécessaire aussi de continuer à respecter, en toute circonstance, les mesures de distanciation, du port de masque soit les gestes barrières qui demeurent la règle.
Autrement dit, n'y aurait-il pas une erreur de timing ?
Je le répète, ce que nous vivons à présent est le corollaire de tout déconfinement. Bien sûr qu'il y a toujours des reliquats et des résidus de transmission. L'épidémie a pris cette fréquence après une période de confinement de tout le pays. Le déconfinement a été suivi d'un certain relâchement par la population.
Les gens pensaient que l'épidémie était terminée, par conséquent, ils ne seront plus tenus d'observer les mesures barrières. L'erreur était à ce niveau. Il y a des gens qui ont d'ailleurs compris que le virus a plié bagages. Cela étant, nous ne sommes pas dans les conditions de transmission initiales qui étaient plus importantes, et plus grandes. Nous sommes dans une phase de basse de transmission.
C'est dire que l'épidémie a un peu repris par manque de précautions. J'ai vu des cérémonies de mariage. Des rassemblements, des enterrements se sont tenus de façon imprudente. Disons que c'est un peu les petits couacs qui ont présidé à cette relance de la fréquence de l'épidémie. Cette fréquence ne m'inquiète pas personnellement. Si l'on se reprend tout de suite, rien n'est pas perdu.
Les chiffres des nouvelles contaminations qui sont en hausse font croire aux prémices d'une deuxième vague...
Non, pas du tout. Il n'est pas question d'une deuxième vague, ce ne sont pas les prémices d'une deuxième vague, c'est une chose tout à fait naturelle qui arrive dans tous les pays qui ont déconfiné. Ce constat a été observé dans tous les pays qui ont déconfiné. Il faut dire qu'il s'agit d'une situation tout à fait prévisible. Il n'y a pas de deuxième vague, j'espère qu'il n'y en aura jamais même après.
Nous sommes dans le même suivi de la courbe qui a connu son plateau, redescendu un peu et qui a connu une relative augmentation. Il est plutôt question d'une période de progression épidémique liée au comportement des citoyens qui donnent l'impression qu'ils viennent tout juste de reprendre goût à la liberté. L'Algérie a, cependant, déconfiné avec des chiffres beaucoup plus inférieurs que ceux de certains pays qui ont déconfiné avec des chiffres plus élevés.
Les indicateurs épidémiologiques et sanitaires montraient que la transmission s'était ralentie. Et que beaucoup de wilayas n'ont pas connu de cas depuis des jours et des jours. La décision prise des pouvoirs publics de déconfinement est aussi nécessairement liée à des conditions, économiques, sociales et politiques.
La situation des hôpitaux dévoilée ces derniers jours par des personnels soignants font craindre le retour à la case de départ ?
Les situations fournies par le Dr Fourar pour l'ensemble du pays au cours de ces derniers jours font état d'une relative progression du nombre de cas. Ces chiffres sont l'émanation de l'ensemble des structures nationales de prise en charge de la maladie, ainsi que de leurs personnels soignants.
L'évaluation de la situation épidémiologique est en cours. Et il va de soi que des mesures correctives localisées pourraient en découler. Je ne crois pas que nous connaîtrons une situation similaire à celle d'il y a quelques mois au début de l'épidémie. La maladie est bien connue actuellement par nos soignants.
Certes, les capacités de prise en charge ont été depuis renforcées et le circuit des patients est bien codifié. Par ailleurs, les moyens d'identification, de dépistage, l'isolement des cas, la recherche et la mise en quarantaine des contacts ont été aussi renforcés, ce qui nous permet la détection et la maîtrise rapide d'éventuels clusters de transmission.
Et si la courbe de l'épidémie venait à progresser, serait-il nécessaire de repasser une nouvelle fois au reconfinement ?
Il me semble pour l'instant que l'on ne devrait pas du tout parler de reconfinement. Mais nous avons une situation à affronter et j'espère que ça ira bien pour nous. Cependant, il faudrait peut-être développer une stratégie qui se fixe plutôt sur le dépistage rapide et les enquêtes épidémiologiques des situations de clusters.
Il faut travailler dans ce sens et aller vers le localisé. L'on peut isoler des malades, un quartier, demander des habitants d'un bâtiment à se confiner. Il faut aussi mener à bout le processus de déconfinement comme font beaucoup de pays qui se sont engagés dans le déconfinement en Italie et en Espagne. C'est dire qu'il faut préserver les acquis du déconfinement. Je dirais aussi qu'il faudra travailler avec les mesures barrières pour réaliser la suite du déconfinement et retourner à la vie normale.
Au jour où je vous parle, aujourd'hui (avant-hier mardi 23 juin, ndlr), nous sommes encore en train d'évaluer les situations. Des équipes se sont déplacés par exemple à Sétif, et après, on verra les mesures à prendre. À mon sens, du moment que les pouvoirs publics ont pris la décision de déconfiner, il ne faut pas se précipiter à aller vers le reconfinement. On doit plutôt structurer, renforcer et solidifier l'étape actuelle. À l'occasion, j'appelle la population à porter le masque de protection contre le Covid-19
Après chaque rebond épidémique, on pointe le doigt sur l'indiscipline des citoyens. Et la responsabilité des pouvoirs publics pour faire réussir le processus de déconfinement dans tout cela ?
Pour le médecin que je suis, d'une part, je dirais qu'il est certain que le manque de rigueur dans l'application des mesures barrières de prévention, du lavage des mains, de distanciation, du port du masque va se solder naturellement par une relative élévation de la transmission.
Pour le professeur et éducateur que je suis, d'autre part, je me dois de me rappeler que les messages d'éducation appelés à agir sur les comportements doivent être itératifs et soutenus, que souvent leur impact sur la population ciblée met du temps pour apparaître.
Il me faut alors continuer à convaincre et à chercher à chaque fois plus d'arguments pour ce faire, en étant conforté dans ma démarche par le caractère légal et obligatoire que revêtent ces mesures de protection. Les pouvoirs publics étant seuls juges dans ce domaine.

Interview réalisée par : HANAFI HATTOU


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