A l'instar des autres secteurs, l'artisanat a subi de plein fouet les effets de la pandémie du coronavirus. Dans la wilaya de Boumerdès, plus de 800 sur les 4685 artisans encore en activité ont déposé des dossiers pour bénéficier de l'aide de 30 000 DA qui sera versée sous forme de mensualité pour une période de trois mois. Les bénéficiaires auront donc droit à une somme totale de 90 000 DA en guise de soutien de l'Etat pour leur permettre de faire face aux difficultés résultant de la crise sanitaire. Fixé dans un premier temps au 20 septembre 2020, le délai de dépôt des demandes de l'aide a été prolongé au 30 du mois en cours. Néanmoins, les conditions de son octroi ont déchanté plus d'un. Pour Boubnia Omar, sculpteur sur bois, «l'Etat tend sa main à ceux qui se portent bien, pas aux démunis. Il ne donne jamais sans rien recevoir en contrepartie». «Pour pouvoir obtenir l'aide, on doit d'abord être à jour avec la Casnos. Or, tout le monde sait que 80% des artisans croulent sous les dettes. Moi, cela fait cinq ans que je n'ai pas payé les cotisations. Je dois prêter 15 millions pour espérer obtenir 9 millions», a-t-il martelé. Le directeur de la Chambre d'artisanat, Ait Zerrouk Saâdi, se veut plus rationnel. «Il est difficile de décider des choses qui conviendront à tout le monde, mais la Cnas peut bien établir un échéancier pour ceux qui veulent être en règle et bénéficier des avantages de l'Etat», a-t-il indiqué, précisant que 1269 artisans de la wilaya ont déjà bénéficié de trois mandats de 10 000 DA depuis le début de la pandémie. Selon lui, 56% des artisans inscrits au niveau de la Chambre exercent des activités de service, 20% font dans l'artisanat traditionnel alors que le reste est dans la production. Outre l'allègement des conditions d'attribution de l'aide, nombreux sont ceux qui demandent des espaces appropriés pour la commercialisation de leurs produits. «C'est notre plus grand souci», dira Redouane Yamani, peintre et président de la chambre. Elu par ses paires, M.Yamani affirme avoir «demandé aux autorités de nous réserver des endroits au niveau des grandes villes et les marchés». «On ne doit pas se contenter des expositions et des salons. Pourquoi on ne fait pas comme en Egypte et en Tunisie où on trouve des coins dédiés à l'artisanat dans chaque ville», appuie-t-il, soulignant que Boumerdès est l'une des rares wilayas du pays à ne pas disposer d'une maison d'artisanat. La Chambre organise depuis le 27 octobre jusqu'au 11 de ce mois une exposition au centre-ville de Boumerdès. Une occasion pour de nombreux artisans d'écouler leurs produits même si les frais de location des chapiteaux (12 000 DA) sont lourds à supporter. L'affluence du public est minime, mais cela n'a pas empêché les exposants d'engranger des recettes supplémentaires en cette période de vaches maigres. A l'instar de Omar, de nombreux exposants travaillent chez eux. Pourtant, ce n'est pas les locaux qui manquent dans la wilaya. A Souk El Had, les 100 locaux du président sont tous fermés. A Béni Amrane, une quarantaine sont inexploités alors que d'autres ont été octroyés à des gens n'ayant aucun métier avant de les louer à des artisans qualifiés. Les vieux réflexes sont toujours là et ce n'est pas demain qu'ils vont disparaître. Advertisements