Après six jours de grève, des dizaines d'étudiants de la faculté des hydrocarbures et de la chimie de Boumerdès (ex-INH) ont protesté hier devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Les manifestants dénoncent la politique de recrutement dans le Grand-Sud, jugée discriminatoire à leur égard, d'autant que les ingénieurs en hydrocarbures résidant dans les wilayas du Nord n'ont aucun droit de postuler aux offres d'embauche de Sonatrach et des firmes pétrolières étrangères. Cette mesure populiste et irrationnelle a été prise en 2014 par l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, suite à la révolte des chômeurs des régions du sud du pays, privant de nombreuses sociétés de la main-d'œuvre qualifiée. «Notre institut a formé plus de 1500 ingénieurs depuis 2015, mais la plupart rasent les murs. Si la législation nous interdit de participer aux concours de recrutement lancés régulièrement par les entreprises activant à Ouargla, Hassi Messaoud, Aïn Amenas, Hassi R'mel et In Salah, où allons-nous alors trouver du travail ? Le ministère n'a qu'à fermer notre faculté», s'écrie un étudiant. En l'absence d'une réponse des autorités quant à la prise en charge de leurs doléances, les protestataires ont décidé de passer la nuit devant le ministère du Travail. Un imposant dispositif de sécurité a été mobilisé sur les lieux pour éviter tout débordement, mais les étudiants sont restés pacifiques, malgré la répression dont ont été victimes certains de leurs camarades. Munis de pancartes et d'une large banderole, les plaignants ont scandé plusieurs slogans dénonçant le régionalisme et les fausses promesses des autorités. «Oh ya Djaboub hakouna rahou masloub (notre droit est bafoué)», «Les étudiants des hydrocarbures sont civilisés, mais ils sont réprimés et privés de leurs droits !», «Dégage, dégage, on en a marre de la politique du bricolage !», «Non au régionalisme, Sonatrach est une entreprise nationale !», ont-ils été répété en chœur. L'action d'hier n'est pas la première du genre. La semaine passée, les étudiants ont protesté même devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui de l'Energie, mais ils n'ont pas obtenu gain de cause. Les manifestants interpellent le Premier ministre lui demandant d'annuler la fameuse décision de Abdelmalek Sellal afin leur éviter de se retrouver au chômage après la fin de leurs études. Hier vers 16h30, les étudiants campaient toujours devant le ministère du Travail. Aucun responsable n'a daigné les recevoir. Advertisements