L'acte condamnable ne change rien au lien fort qui a uni l'ancien président portugais à cette ville qui l'a séduit, au point de choisir d'y vivre jusqu'à la fin de ses jours. Le buste de Manuel Teixeira Gomes, 7e président du Portugal (1923-1925), a été déboulonné durant la nuit de mercredi à jeudi dernier ou au petit matin par des inconnus qui l'ont abandonné sur la placette où il a été érigé depuis quinze ans dans l'ancienne ville de Béjaïa. Les riverains l'on découvert stupéfaits d'autant que c'est la première fois que la ville a connu un tel acte condamnable. Est-ce du vandalisme comme on s'est précipité à l'affirmer dans certaines réactions qui y voient la signature d'un extrémisme religieux, se rappelant l'attaque au marteau de la stèle de Ain El Fouara à Sétif en décembre 2017 ? Deux éléments plaident à affirmer qu'il n'en est rien et qu'il s'agit d'un acte de vol, comme le croient aussi certains riverains. On soupçonne un groupe de malfaiteurs d'en être l'auteur et qui serait, d'ailleurs, identifiés, à croire notre source. Réalisé par la portugaise Irène Vilar qui avait assisté à son inauguration lors d'une cérémonie très officielle en 2006, aux côtés du président portugais Jorge Fernando De Sampaio, le buste n'a subi aucune dégradation et les services de la commune l'ont remis pendant la matinée sur son socle en granit gris et conforté avec du ciment colle. Les voleurs l'auraient abandonné après avoir renoncé, pour des raisons inconnues, à l'emporter avec eux. L'hypothèse d'un vol avorté est d'autant plus plausible que la même placette a connu un autre vol à peine deux mois plus tôt. Des inconnus (les mêmes ?) ont réussi à déraciner et emporter deux beaux arbustes japonais, des cycas, plantés pendant l'été par des citoyens dans de grands pots posés des deux côtés du buste. Leur valeur (chacun coûtant plus de 5 millions de centimes) a attiré la convoitise des voleurs dont les appétits auraient été attisés par le bronze avec lequel est faite la lourde sculpture commémorative. Les services de la commune ont déposé une plainte contre X, avons-nous appris du vice P/Apc chargé de l'aménagement urbain, Ikhlef Aissat. Et les caméras de surveillance des trois banques se trouvant dans le périmètre devraient faciliter le travail des enquêteurs. L'acte a fait rappeler aux Bougiotes l'histoire qui les lie à Manuel Teixeira Gomes qui a renoncé au pouvoir au bout de deux ans à la tête du Portugal pour venir finir ses jours dans cette ville qui l'a séduit et qu'il a qualifiée, dans ses mémoires, de «la plus belle ville d'Afrique du Nord». Sa dépouille n'a été rapatriée de Bougie vers sa ville natale Portimão que neuf ans après sa mort. L'acte qui a ciblé son buste est perpétré à deux pas de la place du 1er novembre, ex-Gueydon, où se trouve l'hôtel L'Etoile où il a séjourné, dans la chambre n°13, dix ans durant, jusqu'à sa mort le 8 octobre 1941. Son buste a été inauguré en 2006 sur la place qui porte le nom de Patrice Lumumba, ancien premier ministre et figure emblématique de l'indépendance du Congo. Des voix avaient suggéré de le déplacer devant l'hôtel L'Etoile et laisser sa place actuelle pour une autre stèle à l'effigie de Patrice Lumumba. A l'entrée de l'hôtel figure toujours une plaque en marbre indiquant que «Dans cet hôtel vécut de 1931 à 1941 Son Excellence Manuel Teixeira Gomes, président de la république de Portugal (1860-1941)». La même année de 2006, les autorités ont baptisé de son nom un collège au quartier d'Ihaddaden et avaient même annoncé un accord de jumelage entre les deux villes de Béjaïa et Portimão pour donner un prolongement à la passerelle jetée par Teixeira Gomes dont le souvenir est perpétué par un long métrage algéro-portugais qui lui a été consacré et tourné à Béjaïa. Advertisements
