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Attention aux bilans trompeurs !
Activités pédagogiques 2020/2021
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2021

L'année universitaire 2020/2021 sera clôturée le 15 juillet prochain. La fin des activités pédagogiques est effective depuis cette semaine. Une année universitaire inédite, soumise aux effets de la pandémie de coronavirus et contrainte à composer avec cette nouvelle donne pour être validée. L'heure est au bilan.
Comment évaluer cette année de manière objective et sereine ? «Pour cette année, la situation est encore plus ardue parce que, justement, il y a eu chevauchement avec l'année précédente, année qui fut victime de la pandémie et qui se déroula dans les conditions que l'on connaît.
Rappelons effectivement que l'année dernière fut déjà une année du «sauve-qui-peut» pédagogique avec le choc de la pandémie qui ébranla toute la structure de l'enseignement pensée de manière traditionnelle, c'est-à-dire en classe. L'année prolongée en septembre puis finalement jusqu'à novembre ne fut pas pour autant sauvée.
Il s'avéra qu'avec le système d'enseignement par vagues et la non-disponibilité des transports interwilayas jusqu'à octobre, le mois et demi dévolu à compléter l'année se rétréci en deux semaines dans la plupart des cas, voire très souvent en une semaine. En fait, c'est la deuxième année consécutive de contre- performance éducative et cognitive, et cela devient extrêmement problématique, voire délétère.
Deux ans d'études déficientes ou du moins incomplètes pour une formation de trois ans (Licence) ou deux ans (Master) deviennent en effet du long terme et est dur à absorber, analyse le Pr Jamal Mimouni, du département physique de l'université Frères Mentouri Constantine 1 (UFMC). Dans le même sens, Mohamed Zaaf, professeur à l'université Badji Mokhtar de Annaba, abondedans le même sens : «Bien sûr qu'il y a eu impact. Je dirai même qu'il y a eu un fort impact. Outre les volumes horaires qui ont considérablement diminué, les mesures qui ont permis aux étudiants de s'absenter des cours ont largement favorisé l'absentéisme pénalisant la pédagogie et la qualité de la formation. Dans l'essentiel, les programmes prévus n'ont pu être achevés».
Pour sa collègue du département langues et lettres étrangères, le Pr Sandra Triki, l'année universitaire 2020/2021 a subi de nombreux aménagements : «En raison des mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, l'année 2020-2021 a été une année qui a subi de nombreux aménagements, tels que le nombre limité d'étudiants par salle et amphi, des séances de cours et TD qui sont passées de 1heure 30 à 1heure de cours, des examens semestriels également qui ont été réduits à 1 heure de temps. Difficile dans ces conditions avec des effectifs d'étudiants en constante augmentation de réussir à boucler le programme. J'enseigne la littérature et l'histoire de la langue et j'ai été contrainte d'opérer des coupures relativement importantes dans les unités didactiques».
Et d'expliquer : «En réalité, j'avais tout le temps l'impression de faire la course contre le temps, car les cours en présentiel se faisaient sur 4 semaines en alternance avec les différents paliers. Il est regrettable de constater que beaucoup d'étudiants ont trouvé le prétexte de la crise pour s'absenter régulièrement lors des séances de cours. Ainsi, sur une promo d'environ 120 étudiants de Master 1 seule une vingtaine assistait régulièrement aux cours/TD. Je compare souvent cette situation à des candidats à l'examen de conduite à qui on délivre un permis de conduire alors qu'ils n'ont jamais vraiment étudié le code et les règles de conduite. Il en est ainsi pour des étudiants à qui on délivre des diplômes alors qu'ils n'assistent pas aux formations leur permettant d'acquérir les compétences nécessaires».
En mode hybride
L'enseignement hybride adopté pour assurer une année pédagogique acceptable n'a pas été fructueux autant qu'on l'aurait voulu. «Les conditions minimales pour permettre un enseignement à distance sérieux ne sont pas réunies. La mauvaise qualité du débit internet quand il n'est pas coupé, le nombre important d'étudiants ne disposant pas d'ordinateurs, le manque de préparation des enseignants à ce genre d'enseignement, la complaisance de l'administration qui avait pour mission juste de gérer les flux par des considérations politiques sont des raisons qui ont concouru à des résultats dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont tiré l'université encore vers le bas», commente le Pr Zaâf. Beaucoup d'enseignants rejoignent son avis sur la question.
Le Pr Mimouni pointe du doigt en outre l'absence d'interactivité : «C'est vrai que l'université s'est mise progressivement au virtuel, mais là encore, attention aux bilans trompeurs qui pourraient émaner de différentes structures officielles locales ou centrales. Pour la plupart des collègues de ma faculté qui est pourtant une faculté des sciences, l'enseignement en mode «remote» se réduit à envoyer des fichiers PDF, des liens ou des notes manuscrites scannés souvent aussi indéchiffrables qu'une ordonnance de médecin. Il n'y a pas d'interactivité, de contrôle continu des connaissances (travail à la maison et autre), ou de contact personnalisé avec l'enseignant. Comment pourrait-il en être autrement alors qu'une bonne partie des étudiants, qu'ils soient en cité universitaire ou chez eux, n'ont pas un accès correct à Internet ?».
La Pr Triki déplore des conditions peu adéquates : «Malheureusement, les conditions nécessaires à un enseignement distanciel sont loin d'être réunies et nous sommes souvent face à des étudiants qui ne possèdent pas le matériel et la connexion suffisante pour suivre les cours à partir de chez eux ou des résidences universitaires. A cela s'ajoutent la démotivation et la fatigue qu'entraînent des heures de cours en ligne. Même si nous ne possédons pas encore la distance nécessaire pour mesurer l'impact de cette nouvelle méthode d'enseignement à laquelle enseignants et étudiants ont dû faire face, il est clair que la qualité de formation sera affectée».
Pour sa part, le responsable du Master astrophysique à l'UFMC relève que «au-delà d'un simple décompte des semaines effectives d'enseignement et de la gestion du temps pédagogique, il y a un aspect difficilement quantifiable, mais des plus alarmants dans la situation actuelle, et qui est l'incroyable état d'abattement psychologique de la communauté estudiantine. Ceci est certainement à prendre en compte dans toute évaluation sérieuse des performances pédagogiques. Il faut noter aussi la non-disponibilité de cellules de support psychologique dans nos universités alors qu'une frange non négligeable de la population estudiantine est fragile et en état de stress».
Décrets et réformes
L'enseignant à la faculté de métallurgie émet des réserves quant aux mesures prises cette année par le ministère de tutelle, via des décrets. «Effectivement, il y a eu cette année l'émission de plusieurs décrets. C'est vrai que l'université a un besoin urgent d'éthique et de déontologie, de réorientation et de s'approcher de son environnement économique et social. Beaucoup d'autres questions méritent aussi d'être soulevées.
Malheureusement, la manière avec laquelle toutes ces mesures ont été préparées et vues le jour montre qu'on est loin de sortir de l'auberge. Les comportements qui sont à la base des échecs passés ont été reproduits, voire pratiqués de façon encore plus forte. A titre illustratif, il a été que les projets PNR ne concernent que trois secteurs avec 150 projets à sélectionner.
On ne sait pas sur quelle base ces choix ont été faits et pour quels objectifs stratégiques. Il est clair que le minimum de sérieux aurait été de faire d'abord le bilan des PNR lancés en 2010 et d'ouvrir un débat avec l'environnement socio-économique pour faire les bons choix. Or, les réflexes bureaucratiques encore très fortement présents et le rapport social dominant qui reste rentier dans l'essentiel ont lourdement affecté l'université. Comme l'ensemble des institutions du pays, l'université mérite d'être réformée. Une réponse sérieuse à cette question nous renvoie inévitablement aux questions politiques. Les bonnes conclusions n'ont pas été retenues».
L'ampleur du chantier de la réforme est soulignée par le Pr Mimouni : «La performance académique ne se mesure pas seulement à l'aune du taux de couverture des modules ou du nombre de séances effectives, mais bien dans l'assimilation du contenu et cela est pleinement tributaire de l'état mental des étudiants, et nos étudiants en majorité broient du noir et sont aux abonnés absents. J'ajouterai que malgré toute la bonne volonté du ministre actuel de l'Enseignement supérieur et des services centraux pour répondre avec souplesse et humanité aux besoins et expectations des étudiants, et ce, à travers maints arrêtés et notes d'orientation révolutionnaires par rapport aux périodes antérieures, on est toujours loin du compte vu l'ampleur du chantier et les déficiences structurelles qui se sont accumulées au fil des ans. Mais on voit bien que vouloir compresser entre mi-décembre et juin deux semestres comptant idéalement 14 semaines chacun, relevait d'une gageure».
L'université en tant qu'institution est assujettie aux mêmes relents de la crise que traverse le pays, précise le Pr Triki : «Comme toutes les autres institutions du pays, l'université subit lourdement cette crise. Plus concrètement, cela se traduit dans le comportement bureaucratique de ses structures à tous les niveaux et donc le manque de concertation dans sa gestion au quotidien. De ce fait, je dirai tout simplement que malgré toutes les tentatives de réformes entreprises cette année, rien n'a véritablement changé. Toutes les décisions continuent à venir d'en haut dans une vision lourdement hiérarchisée dans laquelle l'enseignant n'est pas acteur, mais simple exécutant.
A mon avis, la réussite de toute réforme à l'université est tributaire d'abord de sa démocratisation. Bien entendu, d'autres réformes au niveau économique pour rompre avec la rente et revaloriser le rôle de la science dans le fonctionnement des institutions sont indispensables pour permettre à l'université d'occuper la place qui lui permettra de jouer son rôle dans le pays. Le besoin d'autonomiser l'université, de libérer la pensée de tous les dogmes et de libérer l'expression est devenu incontournable. Sans un véritable dialogue entre les différents acteurs (enseignants, étudiants, monde politique), point de solutions.»
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