Elle devait s'appeler Bouteflika, son initiateur, mais l'instabilité politique en a décidé autrement. En attendant qu'on lui trouve un nom, à Bouteflika qui ne s'appelle déjà plus Abdelkader El Mali, et à la nouvelle Grande Mosquée d'Alger, elle s'appelle tout simplement la Grande Mosquée d'Alger même s'il y a déjà un édifice religieux qui s'appelle la Grande Mosquée, Djamaâ El Kebir dans le vieil Alger, tout comme il y a un autre édifice qui s'appelle la Nouvelle mosquée, Djamaâ Jdid dans le même quartier. Bref, les noms dépendent des rapports de force, la rue d'Isly s'appelle Ben M'hidi et le Champ de Manœuvres, le 1er Mai même si on utilise parfois les anciens noms, exception faite de Bir Mourad Raïs, qui s'appelait Birmandreis et qui s'appelle maintenant BirMan. Tout ça pour dire que la polémique sur la Grande Mosquée nouvelle a rebondi depuis qu'elle a reçu un prix international d'architecture, ce qui devrait faire taire les mécontents d'après les contents de la première heure. Sauf que ce n'est pas à cause de ses qualités esthétiques indéniables que beaucoup ont critiqué sa construction. D'abord elle a coûté très cher alors qu'à l'époque, Alger manquait déjà d'un grand hôpital qui aurait pu être installé à cette entrée d'Alger. Ensuite, il y a eu autour de sa construction des accusations de corruption et surfacturation, ce qui est grave, et enfin, il n'y a pas vraiment lieu d'invoquer la fierté nationale, puisqu'elle a été dessinée par des Allemands, construite par des Chinois et décorée par plusieurs pays étrangers, dont l'Iran. Oui, le problème n'est toujours pas réglé, comment va s'appeler l'ex-Mosquée Bouteflika ? Tout dépend encore des rapports de force, Boumediène et Ben Bella sont des aéroports, Boudiaf un complexe olympique et Bessaieh un opéra. Advertisements