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Le système éducatif bloqué
Enseignement
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2005

Le degré de développement d'un pays réside dans le niveau de connaissances scientifiques et technologiques des hommes et des femmes qui le composent. Les richesses matérielles des pays développés ne sont que la conséquence du haut niveau de compétence atteint par leurs ressortissants dans tous les secteurs de la vie sociale.
Chacun dans son domaine maîtrise parfaitement le processus qu'il est chargé de piloter ; il en a reçu la formation basique et acquis l'expérience nécessaire. La richesse d'un pays n'a que peu de liens directs avec l'importance des richesses naturelles que recèle son sous-sol. Ce n'est donc pas au nombre de millions de barils de pétrole produits annuellement, ou aux milliards de mètres cubes de gaz naturel que le sous-sol du pays recèle, que peut se jauger la richesse de l'Algérie. Si on devait se contenter de ce paramètre, l'Algérie caracolerait en tête des pays les plus riches de la planète. Ce n'est pas le cas, loin de là. L'Algérie traîne dans les profondeurs du classement et quand elle ne recule pas, elle fait du sur-place. Elle se fait remonter et dépasser systématiquement par les autres pays, bien moins pourvus qu'elle en pétrole ou autres produits naturels, mais qui, eux, ont investi dans l'homme, seule véritable richesse des nations.
Un pays qui semble frappé de malédiction
Depuis son indépendance, l'Algérie semble avoir été frappée de malédiction. De la guerre civile de l'été 1962 jusqu'aux années noires du terrorisme (qui ne sont pas encore totalement terminées) en passant par l'instauration d'un système politique et économique conçu par des prédateurs au bénéfice d'autres prédateurs, l'Algérie a connu une véritable descente aux enfers qui ne veut toujours pas s'arrêter. Et le pire, pour les observateurs conscients et honnêtes, n'est pas encore atteint ! Il est en partie déjà là, mais le sera encore plus dans la décennie qui vient. Le pire n'est pas dans le maintien, contre vents et marées, d'un système politique qui a mené le pays à la ruine et qui continue de se perpétuer et de se renforcer. Il n'est pas non plus dans l'état de stagnation économique qui s'impose à la société, malgré un secteur pétrolier en pleine croissance qui sert de vache à lait au système. Il est le seul vrai garant de sa pérennité (en attendant les résultats désastreux de la loi sur les hydrocarbures qui vient d'être votée par l'APN et le Conseil de la nation). Le pire, ce n'est pas non plus l'état de paupérisation continu de la majorité de la population algérienne qui voit son pouvoir d'achat se dégrader de jour en jour, jusqu'à atteindre le seuil de la misère. Le pire est dans la production de l'école algérienne depuis les réformes du milieu des années 1970 dont on voit aujourd'hui les résultats désastreux. La première génération qui est entrée à l'école à partir de 1976, date de la réforme catastrophique qui a mis en place, et développé, la fameuse école fondamentale (ordonnance 76-35 du 16 avril 1976) devrait être aujourd'hui en mesure de prendre la relève de ses aînées et de prendre en main les destinées du pays. Elle, qui doit avoir aujourd'hui entre 30 et 40 ans, peut légitimement prétendre occuper la majorité des postes de responsabilité, tous niveaux et tous secteurs d'activité confondus, et être la génération qui tient fermement les commandes du vaisseau Algérie. Elle devrait être à la tête de la majorité des institutions politiques, des entreprises économiques et financières ainsi que des organismes à caractère social. Culturellement, c'est elle qui devrait être à l'avant-garde de tout ce qui se fait de nouveau et de révolutionnaire. En un mot, c'est la génération qui devrait être le plus en phase et le plus à l'aise avec le monde global d'aujourd'hui ; la génération à même de s'intégrer, et d'intégrer le pays, dans le mouvement inéluctable de mondialisation et d'universalisation, tout en sauvegardant ce qu'il y a de meilleur dans le particularisme algérien (la fameuse exception culturelle chère aux hommes politiques français).
Une absence presque totale de la génération montante des postes de responsabilité
Or à quoi assistons-nous ? Cette génération « montante » est dans son immense majorité en panne sèche : il y a bien sûr des exceptions individuelles, mais elles ne sont là que pour confirmer la règle qui veut qu'un jeune Algérien, mis dans de bonnes conditions, peut être aussi brillant que son homologue européen, américain ou asiatique. Ceux qui sont sortis du lot commun, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, sont ceux qui ont bénéficié d'une rente de situation (aisance financière ayant permis de sortir, en payant du système éducatif ; bourses à l'étranger pour suivre des études ;...). Le reste, c'est-à-dire l'immense majorité issue de « l'Algérie d'en bas », végète le plus souvent dans des postes subalternes, sans avenir professionnel et sans aucune chance d'évolution, tant ses horizons sont bouchés. Les postes qu'ils occupent sont en fait les seuls qui entrent dans leurs compétences, celles que leur a donné un système éducatif et de formation totalement bloqué et inadapté aux réalités du terrain politique, économique et culturel qui, lui, avance inéluctablement vers d'autres horizons. S'il y a lieu de parler de génération sacrifiée, c'est de celle-là qu'il s'agit ; ainsi que de toutes celles qui suivent jusqu'à ce que les pouvoirs publics se décident de réformer de fond en comble le système éducatif.
Les résultats catastrophiques du système éducatif algérien
Ce n'est en effet qu'aujourd'hui que l'on voit les résultats catastrophiques de l'école algérienne « fondamentalisée » par les tenants d'une arabisation et d'une islamisation tous azimuts de la société. C'est une école qui a été « inventée » en réaction à ce qui, à l'époque était déjà qualifiée « d'occidentalisation rampante » de la société algérienne, dangereuse pour les « constantes nationales » (fonds de commerce de la caste au pouvoir) et pour les intérêts des tenants du système. Fi de la démarche pédagogique et du contenu scientifique des enseignements ! Seuls comptent les « thawabit » et le maintien au pouvoir de la « famille révolutionnaire », à coups de falsification de l'histoire et de déculturation de toute la société qu'entraîne cette falsification. Passons sur un Islam mal assimilé par les enseignants, donc mal enseigné dans des cours d'éducation islamique devenus le lieu géométrique de distillation d'une idéologie fondamentaliste, dont le résultat le plus palpable se trouve dans les maquis d'Algérie (et d'ailleurs) sous la forme de mutants déshumanisés chargés par leurs maîtres du Caire, de Riyad ou d'ailleurs d'instaurer l'Etat islamique idéal. Passons aussi sur la volonté des concepteurs de cette nouvelle école de former un citoyen algérien qui ne soit qu'arabe et musulman, sans plus. Un Algérien qui ne sait rien de l'histoire millénaire de son pays, qui pour lui n'a commencé qu'avec l'arrivée dans nos contrées de la vague islamisante. Un Algérien à qui l'école « fondamentalisée » a inculqué une seule nostalgie, celle de la perte de la grandeur passée de la civilisation arabo-islamique, et un seul idéal : le retour à l'Etat mis en place à Médine par le Prophète et les premiers califes. La modernité, l'universalité, l'évolution des sciences et des techniques, la concurrence acharnée des nations pour un leadership mondial en matière politique, militaire, économique et culturelle, tout cela est escamoté. En fait l'école a fait en sorte que cette réalité soit totalement absente des préoccupations de générations entières d'Algériens, produits de l'école fondamentale et de tout le système d'enseignement, y compris professionnel. Le système ne produit que des têtes « mal faites » et qui ne sont même pas « bien pleines ». Ce qui caractérise le plus l'Algérien de ces premières années du XXIe siècle, c'est son indifférence envers tout ce qui n'est pas religieux (la religion telle que l'école, et son complément, la mosquée « habalisée » et « wahabisée », la lui ont enseignée) et tout ce qui ne participe pas immédiatement à son bien-être matériel. La curiosité intellectuelle, qui est la base fondamentale de l'évolution individuelle, et partant sociale, est totalement absente du cerveau de l'Algérien, produit de l'école fondamentale et de ses systèmes annexes. Il n'y a pas lieu donc de s'étonner de voir une grande partie de la jeunesse du pays se gaver jusqu'à son saoul des sous-produits culturels à seule vocation distractive, orientaux ou occidentaux, et fuir tout ce qui a un contenu culturel dans les programmes des médias, quels que soient leurs statuts. Il n'est pas non plus étonnant de voir une autre partie de cette jeunesse se perdre dans les harangues extrémistes et violentes de gourous islamistes dupliquées à des dizaines de milliers d'exemplaires, dont les résultats se comptabilisent en dizaines de milliers de morts et en dizaines de milliards de dollars de destruction ; les résultats s'observent aussi dans un accoutrement islamiste devenu un uniforme et une marque de reconnaissance et de ralliement pour tous ceux qui ont adopté l'idéologie d'exclusion inculquée à une jeunesse candide, d'abord par les enseignants à l'école, au lycée et même à l'université, puis (ou alors en même temps) par les mosquées et les cassettes des imams fondamentalistes. Tout cela, même s'il donne matière à s'inquiéter très sérieusement du devenir d'un pays, dont des générations entières ont été formatées pour ne pas remettre en cause la nature du pouvoir en place, ni bien sûr ceux qui le détiennent, n'est pas aussi grave que le fait que ces mêmes générations n'ont pas reçu la formation scolaire, universitaire ou professionnelle à même de leur permettre de prendre avantageusement les rênes du pays et de le gérer en tenant compte de son intégration dans une mondialisation qui s'impose à tous. Ces générations ont, en effet, suivi l'enseignement d'une école (compris dans son sens le plus large) qui sert à l'apprenant des recettes toutes faites, au lieu de lui apprendre à utiliser le seul outil dont l'a doté la nature : sa capacité à comprendre, à raisonner et à trouver lui-même les solutions idoines aux problèmes posés.
Des têtes « mal faites » et vides
Tous ceux qui ont été en contact professionnel avec les cadres issus du système éducatif algérien ont eu affaire à des diplômés qui, certes, ont les connaissances basiques requises pour la pratique du métier qu'ils ont choisi, mais restent totalement fermés à ce qui ne leur a pas été enseigné : ils savent parfaitement appliquer les recettes apprises à l'école, mais se trouvent handicapés dès qu'ils sont en face d'un problème inédit. Or dans la vie professionnelle (et la vie quotidienne en général), ce sont ces situations inédites qui sont la réalité ; celles apprises à l'école ne sont en fait que des exceptions. C'est face à de telles situations que s'évalue toute l'efficacité d'une formation : tous ceux à qui l'on a appris à l'école à raisonner face aux problèmes, et à leur trouver eux-mêmes les solutions les mieux adaptées, réussissent en très peu de temps à s'imposer sur le terrain professionnel et à devenir incontournables. A contrario, ceux, et c'est malheureusement la majorité, qui ont été les produits du seul système éducatif mis en place par l'école fondamentale, ne pourront pas s'adapter aux réalités très complexes du terrain. Ils se retrouvent le plus souvent désarmés et sans moyen intellectuel pour faire face à des situations inconnues. S'il faut une période relativement courte au jeune issu d'un système éducatif performant pour s'adapter à une situation professionnelle nouvelle, il faut, dans le meilleur des cas, un délai de trois à quatre fois plus long au diplômé du système algérien pour atteindre des résultats à peu près analogues ; il arrive même souvent qu'il ne s'adapte jamais, tant sa formation de base est faible et son diplôme acquis grâce à un système de quotas qui avantage la quantité au détriment de la qualité. Si au moins les cadres issus du système avaient conscience de leurs limites et avaient la modestie de se remettre en situation d'apprendre au contact des aînés ou de tous ceux qui maîtrisent mieux qu'eux les problèmes, l'espoir serait encore permis de voir les choses évoluer favorablement. Ce n'est malheureusement pas le cas : notre jeune cadre estime, et c'est normal compte tenu de ce que l'école lui a inculqué, qu'il a une maîtrise absolue de la situation et qu'il n'a donc de leçons à recevoir de personne, surtout pas des aînés qui ne sont là que pour lui bloquer le chemin qui doit légitimement le mener au sommet de la hiérarchie.
Un véritable conflit de générations
La reconnaissance de cet état d'insuffisance de formation aurait pu être à l'origine d'une révision, certes déchirante, de tout le système de formation des élites qui tiendront entre leurs mains les destinées du pays. C'est loin d'être le cas : les résistances aux réformes obligatoires et nécessaires sont telles qu'il est utopique d'en attendre des résultats avant plusieurs décennies. Les tenants du système en place ne comptent pas lâcher de sitôt les rênes du pouvoir et les remettre entre des mains plus compétentes et mieux à même de sortir le pays de l'ornière dans laquelle il se trouve depuis des lustres. L'avenir semble donc totalement bouché. Le pays est actuellement géré par deux générations. D'une part la génération de la guerre de Libération nationale, qui est physiquement au terme de son existence, qui n'a plus de temps devant elle et qui ne peut donc que passer le flambeau aux générations suivantes ; d'autre part, les deux générations qui ont rejoint l'école pendant la guerre de libération et la première quinzaine d'années post-indépendance : celles-là non plus ne peuvent pas représenter l'avenir d'un pays dont la caractéristique fondamentale est la jeunesse de sa population. Ces deux générations ont entre un minimum de 35 ans et un maximum de 60 ans : ce sont elles qui, pour le moment, continuent de gérer en grande partie les affaires du pays et de le maintenir vaille que vaille à flots. Leur formation est dans son ensemble bonne et adaptée ; elle s'insère tant bien que mal dans l'universalité ambiante. Ce sont des générations dont les élites semblent encore avoir la capacité d'intégrer le « monde réel », celui de la mondialisation et d'y préparer l'intégration du pays lui-même. Deux choses manquent cruellement aux élites de ces générations pour gagner le combat de la modernité qu'elles sont dans l'obligation d'engager sans pour autant être sûres de la gagner :
Premièrement, des troupes bien entraînées pour appliquer intelligemment la stratégie définie et pour gagner la bataille et, pourquoi pas, la guerre. L'Algérie donne d'elle l'image d'une armée qui a une kyrielle d'officiers d'état-major de valeur, mais pas d'hommes de terrain (officiers subalternes, sous-officiers et hommes de troupes bien formés) pour transmettre et appliquer intelligemment les directives de l'état-major. Résultat : des plans brillamment conçus mais mal ou pas appliqués. Il n'y a qu'à se référer aux dizaines de réformes, programmes ou autres plans qui, soit n'ont jamais connu de début d'application, faute de moyens humains compétents et convaincus, soit ont été appliqués différemment de ce qu'ils devaient être, et ont donc lamentablement échoué, toujours pour cause d'absence de compétences humaines requises.
Deuxièmement, d'une relève capable de continuer le combat en améliorant les résultats à partir de compétences scientifiques, techniques, organisationnelles et autres qu'elle aurait acquises par l'intermédiaire d'un système éducatif et de formation performant. Ce système n'existant plus en Algérie depuis le règne sans partage de l'école fondamentale, cette relève elle-même n'existe pas. Et c'est là le drame du pays. Les observateurs conscients et intellectuellement honnêtes ne peuvent que constater le désastre, sans entrevoir à court terme de solutions acceptables pour le devenir du pays. Les élites actuelles ont encore quelques années devant elles pour continuer le combat, mais sans relève, celui-ci est perdu d'avance.
L'inéluctabilité d'une réforme en profondeur du système éducatif
Qu'est-ce qui peut être fait ? Avant toute chose, lancer sans plus tarder la mère de toutes les réformes, c'est-à-dire celle de l'école, en mettant de côté toutes les querelles idéologiques qui sont, par définition, stériles et paralysantes. La question de la place de la langue arabe dans le système éducatif devra être ramenée à ses justes proportions ; c'est-à-dire celle d'une langue nationale, qui, dans l'état actuel des choses, est trop limitée pour servir de langue d'enseignement unique dans tous les domaines, y compris scientifiques et techniques. Les langues étrangères devront être introduites dès les premières années scolaires et enseignées selon des méthodes modernes qui permettent leur réelle maîtrise. Les disciplines scientifiques et techniques devront être enseignées dans la langue étrangère qui est la mieux maîtrisée : le français paraît, pour des raisons liées à l'histoire et à la disponibilité de compétences, être la langue étrangère qui tient le mieux la route. Et si entre temps la langue arabe évolue et rejoint, grâce au travail des linguistes et autres chercheurs, le niveau des langues internationales, rien n'empêche de l'utiliser dans l'enseignement au fur et à mesure de son évolution. Les élèves maîtrisant le mieux les langues étrangères sont ceux qui ont le plus de chances de réussir brillamment leurs études et d'entrer dans le monde professionnel avec les meilleures perspectives d'évolution. La réforme ne donnera ses fruits qu'au bout d'un cursus scolaire et universitaire complet, soit 20 à 25 ans minimum. Entre temps, la casse devra être limitée en adoptant et en généralisant le système de la formation permanente pour l'ensemble des cadres issus de l'école fondamentale, en insistant sur le contenu scientifique et technique de ladite formation. Une mesure parallèle devra être arrêtée et généralisée : le maintien en postes, par des mesures incitatives, des cadres de valeur qui ont atteint l'âge légal de la retraite, et qui sont encore capables d'activer efficacement pendant plusieurs années encore. Ils pourront quelque peu assurer la soudure jusqu'à l'arrivée sur le marché du produit du nouveau système éducatif. Peut-être que comme cela l'avenir du pays sera sauvé. Mais existe-t-il une volonté politique pour ce faire ? Toute la question est là.


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