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Colonel Ahmed Bencherif
Les dessous du 19 juin 1965
Publié dans El Watan le 20 - 06 - 2005

Au mois de juin 1965, le régime algérien était-il légal ? Evidemment ! Une Constitution élaborée et adoptée par une Assemblée constituante, un président de la République, Ahmed Ben Bella, élu au suffrage universel.
L'Algérie venait de transcender le « wilayisme » et échapper à une congolisation ; l'armée venait d'entrer dans les casernes. Cependant, malgré l'amélioration progressive du fonctionnement des toutes nouvelles institutions, un profond malaise était perceptible chez les principaux acteurs de la vie politique, notamment Ahmed Medeghri, Abdelaziz Bouteflika, Kaïd Ahmed, Cherif Belkacem, Tayebi Larbi, Ahmed Draia, Saïd Abid et les autres chefs de régions militaires. Ce malaise était provoqué par, d'une part, les sbires de Fethi Dhib, responsable des services spéciaux égyptiens, auxquels Ben Bella avait laissé les portes grandes ouvertes, et, d'autre part, les apprentis sorciers marxistes dont Ben Bella avait fait ses principaux conseillers, faisant de l'Algérie un laboratoire d'expérimentation de théories fumeuses. A titre d'illustration, un extrémiste marxiste, Abderrazak El Djazaïri, entouré de plusieurs groupes de mercenaires venus d'Europe, a organisé, deux ans après l'indépendance de l'Algérie, un maquis en Kabylie. La Gendarmerie nationale, vigilante et jouissant de la confiance de la population, avait vite fait de mettre hors d'état de nuire l'ensemble des mercenaires. A peine cette victoire obtenue que Ben Bella, sans crier gare, fit irruption dans la caserne de l'état-major de la Gendarmerie nationale, où étaient interrogés les prisonniers. Alerté, je l'accueillis et je constatais qu'il était désenchanté et contenait mal sa colère Il se fit accompagner devant toutes les cellules individuelles et devant chacune il a posé la question : « Avez-vous été torturé ? » La réponse a été la suivante : « Non, nous avons été bien traités, Monsieur le Président. » Le jour même, avisé par l'un de ses amis de ma colère devant son comportement irresponsable, il vint précipitamment, toujours sans prévenir quiconque, essayer de rétablir les liens d'amitié, sans évoquer le sujet du maquis de Kabylie. La plupart des responsables de la sécurité constataient qu'ils étaient épiés, objet de filatures et étaient sur écoute au profit de Ben Bella grâce à l'appui sans limite de son ami, le président Gamal Abdel Nasser et de ses espions égyptiens. Informé de tout ce qui constituait le malaise, je pris contact avec Ben Bella à la villa Joly au début du mois de juin. Après avoir précisé à quel titre je venais le voir, il résuma cela à « Si Ahmed viens voir Si Ahmed ! » Je lui proposais mes bons offices entre lui et Boumediène. Il s'évertua longuement à me démontrer qu'il n'y avait entre eux aucun contentieux. Quittant Ben Bella, je rendis visite à Boumediène, à qui je fis part de mon sentiment, cherchant à réconcilier tout le monde. Boumediene soupira que le fossé était profond et conclut avec le sourire : « Les montagnes peuvent être déplacées, mais pas Ben Bella. » Ces premiers jours de juin 1965 permettaient aux initiés de ressentir l'accumulation de nuages dans le ciel d'Algérie. Je décidais d'en avoir le cœur net et je rendis visite au colonel Chabou, alors secrétaire général de la Défense. Notre conversation ne quitta pas les généralités. Profitant d'un moment où il s'était levé pour préparer la mixture pour calmer son ulcère, dans un réflexe d'homme du renseignement, je vidais sa corbeille de papier dans ma poche. De retour à mon bureau, je fus content de ma moisson ! En effet, un coup d'Etat était en préparation. La qualité et l'importance des conspirateurs était telle que le rétablissement de la légalité entraînerait immanquablement un bain de sang et la perte pour le pays de ses meilleurs fils. Réfléchissant à la situation, je n'arrivais pas encore à prendre une décision, lorsque Gaïd Ahmed vint me trouver. Avec Gaïd Ahmed, les relations ont toujours été empreintes de sincérité, nous partagions la même passion pour l'Algérie et son peuple et nous parlions la même langue. Avec son style lapidaire, il fait un réquisitoire sans appel de l'armée et des responsables des ministères de souveraineté. Concluant, il me proposa d'adhérer à leur action. Ecoutant Gaïd Ahmed, je me remémorais que, vis-à-vis de Boumediène, c'était Ben Bella qui avait commencé les hostilités. En effet, six mois plus tôt, Ben Bella avait réussi à fomenter une mutinerie au quartier général contre Boumediène. Le capitaine Bouanane aurait emprisonné Boumediène sans mon intervention. Au cours de cette mutinerie, je jetais à terre le djoundi qui visait le ministre de la Défense nationale, j'emportais manu militari Boumediène à ma voiture. Je fis désarmer et arrêter tous les complices. Gaïd Ahmed parti, j'examinai les rapports quotidiens et analysant les mouvements de responsables, et surtout des militaires, j'arrivais à la certitude qu'une réunion importante se déroulait ce jour. Je fis irruption au domicile de Boumediène. L'accueil était enthousiaste. Boumediène me posa une question ambiguë : « Quelle est la situation ? » Il eut droit à une réponse ambiguë qu'il me demanda de traduire en français : « Il y a un proverbe chez les Ouled Naïl qui dit : ‘'Cherche la paix quitte à l'acheter et, s'il y a provocation, passe à l'action''. » Le lendemain j'avisais Boumediène que j'allais rejoindre Ben Bella à Oran pour assister au match du Brésil où évoluait Pelé. Devant la tribune où j'avais pris place derrière Ben Bella, Mahmoud Guenez était chargé du service d'ordre et avait placé une haie de sa milice. J'ordonnais la mise en place en double effectif d'une haie de gendarmes et je vis à la mimique de Ben Bella que, pour lui, la présence des miliciens était plus sécurisante. A l'évidence, tout ce qu'il m'avait raconté à la villa Joly n'était pas sincère. Le 19 juin à 5 h, j'étais à Alger où je savais que tout allait se jouer. Quelques mois auparavant, profitant de l'absence de Boumediène, alors en voyage en URSS, le président Ben Bella fit nommer et installer Tahar Zebiri en tant que chef d'état-major de l'ANP, et constatant qu'il avait poussé le bouchon un peu trop loin, il décida d'accueillir son ministre de la Défense à l'aéroport de Dar El Beïda. Boumediène, en véritable Machiavel, avala la pilule et ne laissa rien paraître, il réussit à convaincre Tahar Zebiri en compagnie de Draïa et de djounoud déguisés en CNS de procéder à l'arrestation de Ben Bella. Pour solde de tous comptes ! L'opération a également nécessité l'arrestation d'un certain nombre de collaborateurs tels Nekkache, Hadj Benalla, etc. Lorsque j'allais à 4 h trouver Boumediène, pâle et emmitouflé dans son burnous, pour lui annoncer que l'affaire était terminée. Je savais depuis quelque temps, par mes gendarmes de l'aéroport de Boufarik, qu'un avion avec une valise bourrée de devises attendait Boumediène et ses intimes en cas d'échec. L'affaire réussie sans écoulement de sang était, en fin de compte, un coup d'Etat militaire contre un régime absolument légal.
A. B. Membre du CNRA Ancien commandant en chef de la Gendarmerie nationale


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