Un tour aura suffi. Laurence Parisot, 45 ans, devient la première femme à diriger le Mouvement des entreprises de France (Medef). Elle a été élue au premier tour de scrutin lors de l'assemblée générale extraordinaire de l'organisation. Pour la première fois dans l'histoire du patronat français, le Medef a choisi une femme pour le diriger. Archi-favorite, Laurence Parisot, PDG de l'institut de sondages Ifop, qui fêtera fin août ses 46 ans, a été élue avec 271 voix, alors que la majorité requise était de 255 voix. Ses adversaires sont relégués très loin derrière. Elle était logiquement donnée grande favorite de cette élection, soutenue notamment par l'ancien président du Medef Ernest-Antoine Seillière et par plusieurs puissants patrons comme François Pinault, Michel Pébereau et Claude Bébéar. Sur le fond, le changement d'orientation de la puissante organisation syndicale ne semble pas être la priorité de la nouvelle patronne. Comme son prédécesseur, sa cible est le code du travail français. Laurence Parisot n'a jamais caché son penchant libéral. Lors d'une assemblée générale, elle a affirmé devant des patrons ravis : « Il est insupportable de constater que la liberté de penser s'arrête là où commence le droit du travail. » Avant d'essayer de nuancer ses propos devant le tollé général. Elle se dit prête à « prouver que libéral ne veut pas dire antisocial ». Les entrepreneurs espèrent qu'elle modernisera l'image des chefs d'entreprise, sérieusement dégradée après sept années de présidence du baron Seillière. 24% des Français estiment que la « trop grande influence des patrons et du Medef sur les politiques gouvernementales est la cause principale de la persistance du chômage ». Laurence Parisot a pris trois engagements : faire aimer l'économie de marché, concentrer les efforts sur les PME et ouvrir le Medef à la société civile. Programme qui passe, nécessairement selon elle, par la « modernisation » du code du travail. Son CV est impressionnant. Directrice générale de Louis Harris à 27 ans, elle dirige depuis 2002 Optimum, une PME leader en France de la porte de placard, héritée de son père. Depuis 2000, elle est membre du conseil de surveillance d'Euro Disney, a fait son entrée en 2004 au Conseil économique et social (CES) et la même année au conseil consultatif du cabinet d'audits financiers Ernst & Young. Cette année, elle a fait son entrée au conseil de surveillance de Michelin, le 20 mai, et au conseil d'administration d'Havas le 9 juin. Celle qui se définit comme une « vraie libérale » siège au conseil exécutif du Medef depuis 2003.
