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À Tamanrasset, il n'y a que le tourisme exotique
Larmes tranchantes au quartier Sourrou
Publié dans El Watan le 16 - 07 - 2005

A l'école, on mange à la cantine... » Pendant les vacances, c'est moins évident pour Abbes et Salah, respectivement en sixième et en cinquième année d'enseignement fondamental.
Du coup, les deux enfants du quartier précaire de Sourrou, à la sortie est de Tamanrasset, à 2000 kilomètres au sud d'Alger, rôdent autour des clients attablés aux terrasses des restaurants du centre-ville en quête d'une générosité et d'un quignon de pain. « Salah est toujours premier de la classe, moi souvent troisième », raconte Abbes. Salah, fils unique, a perdu son père et vit chez son oncle maternel, gardien de son état et père de quatre enfants. Ils vivent entassés entre quatre murs en toub sous un fragile toit en zinc, menacés par l'hiver, les scorpions et la permanente malnutrition. « Quand le vent frappe violemment nos maisons, quand la pluie détruit nos murs, on ne reçoit même pas un sac de ciment. » Adossés à un mur impossible à dater, un groupe d'habitants de Sourrou El Maâlmin (il existe deux autres quartiers adjacents : Sourrou El Djamaâ et Sourrou Essahel) détaille les précarités sous l'œil des femmes voilées d'étoffes à la targuie qui nous rejoignent. « Pas de travail ici. On est collés aux murs de nos maisons, sans avenir », dit un homme drapé d'un chèche noir. « Si tu n'as pas de piston, tu ne travailleras jamais dans le tourisme... De notre vie, nous n'avons bénéficié de rien ! », s'insurge son voisin entouré par des enfants en guenilles, pieds nus et yeux rieurs. L'homme en blanc raconte la réaction des forces antiémeute lundi dernier. « Au début, la manifestation était pacifiste, puis des gens ont profité de la tension née de l'intransigeance des autorités. Nous sommes contre la casse et le vol... Deux bombes lacrymogènes sont tombées au milieu des maisons. Pourquoi ? » L'homme en large abaya blanche nous guide à travers des dédales de venelles gardées par des chèvres enfoncées dans le sable et l'écrasante chaleur vers une maison de deux pièces avec une cour.
Recrutement discriminatoire
Une porte qui ne protège de rien s'ouvre sur une vieille drapée de noir assise par terre devant un antique four à gaz. Autour d'elle, une galaxie d'enfants, issus des deux familles qui se partagent l'exiguïté de l'habitation, aux cheveux rebelles et aux gestes déjà incroyablement las, remue l'espace. Une partie de la cour est recouverte par une bâche en nylon miraculeusement soutenue par des troncs tordus d'acacias. Dans une pièce tapissée d'articles en cuir targuis, vestiges de la vie en kheyma des seigneurs déchus par la sédentarisation et l'Etat central, est étendue Khadidja, 14 ans, victime des gaz lacrymogènes. « On l'a emmenée à l'hôpital, elle doit se reposer... », dit le père. Un étroit passage s'ouvre sur une pièce qui fait office de cuisine. Dans un coin, une fillette lave des assiettes assise par terre devant une bassine jaune. Elle sourit. Entre temps, le vent de sable se lève et la vision du pic de l'Adriane au loin se dilue dans les tonnes de poussières violemment soulevées. Soleil pâle et ciel ocre. Les enfants nagent dans ce vent de sable et gesticulent pour s'amuser. Les adultes, eux, sourient. Un court moment. Un homme ramène sa fillette de 9 mois, yeux gonflées et rouges, visage pâle et habits jaunes salis par la bave. « Elle aussi a subi les gaz. Le médecin a prescrit une pommade. » L'homme en blanc montre une femme debout devant l'assemblée accroupie. « Elle a eu un malaise suite aux tirs de bombes lacrymogènes. » L'homme parle. Elle, dans son étoffe qui la drape des pieds à la tête, découvrant seulement les yeux (le vent de sable redouble de férocité), reste voilée de mutisme. Mais les yeux amendes disent toute la colère du monde. Plus jeune, une Targuie aux traits fins s'emporte en tamahaq avant d'évoquer l'arrestation de plus de cinquante jeunes dans son seul quartier. « Personne ne travaille ici. Pourtant, tous nos jeunes ont passé leur service militaire », s'insurge la jeune fille. Les hommes acquiescent en silence. « Impossible de se taire s'ils n'obtiennent pas gain de cause. Ils revendiquent leur droit. La société de lutte contre les acridiens a embauché des chauffeurs du Nord malgré les promesses du wali », poursuit-elle, encouragée semble-t-il par l'approbation des siens. « Nous, les filles, nous avons étudié, nous avons nos diplômes et lorsqu'on passe les concours on nous dit : désolé, on ne vous prend pas. Nous avons déposé des dossiers de demande d'emploi à l'Enor (société des mines d'or). Quelque temps après, on a trouvé nos documents dehors, broutés par les chèvres », raconte l'homme en chèche noir, le plus âgé de l'assemblée, qui tient une fillette tout sourire. « Je ne te parles pas des dossiers de logement déposés depuis 1987... Tous les quartiers sont concernés : Aknouf, Tabrakt, Imechwen... » « Des associations de quartier ? On en a, bien sûr, et on a déposé plusieurs fois nos revendications, mais les autorités ne nous reçoivent qu'à l'approche d'élections. Akhamoukh ne reçoit pas, le maire non plus, la wilaya dit recevoir les gens le mercredi, en vain. Le bureau de main-d'œuvre et les sociétés se jouent de nous... On dit que Tamanrasset est calme, mais nous en avons assez de la patience. » Le vent ne se calme pas. Difficile d'ouvrir les yeux. Les enfants jouent encore à des jeux imaginaires et rudimentaires. Peut-on voir les bombes lacrymogènes tombées dans les maisons ? « Les enfants jouent avec... », dit, avec un sourire, l'homme en blanc. Au centre-ville, Abbes et Salah terminent un minisandwich à la viande et se partagent un verre de limonade nationale vert pomme. Ils repartent en disant merci et promettent d'être les premiers de la classe. Quoi qu'il en soit.


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