Il y a des moments de l'histoire où des peuples entiers sont mis à l'épreuve. Ils passent des sortes d'examens qui déterminent leur avenir pour plusieurs générations futures. C'est le cas du peuple palestinien, dont une partie de sa composante aura à faire face à ses responsabilités à l'occasion du départ prochain des Israéliens de la bande de Ghaza, territoire palestinien occupé depuis la guerre de 1967, où le Sinaï égyptien, le Golan syrien et la Cisjordanie palestinienne, comportant la ville sainte d'El Qods, ont aussi été occupés par l'armée israélienne. Depuis lors, le Sinaï a été récupéré par les Egyptiens à la suite des accords de camp David. Les territoires palestiniens ainsi que le Golan sont restés sous le contrôle des Israéliens. Le retrait de la bande de Ghaza prévu dans moins de deux semaines survient dans le cadre du plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens, prôné par le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Ce retrait, qualifié par le Premier ministre de l'Etat hébreu de très douloureux pour lui et pour la nation juive, ne se fait sûrement pas pour les beaux yeux des Palestiniens, ni dans le cadre d'un effort louable pour instaurer la paix entre les deux peuples. Cette vérité est connue par le monde entier, les Palestiniens en premier lieu. Ce minuscule territoire de 360 km2, enclavé entre la Méditerranée à l'Ouest, Israël au Nord-Est, le Sinaï égyptien au Sud, considéré à un certain moment par les ultranationalistes juifs, Sharon à leur tête, comme partie intégrante de la terre promise, a ce défaut d'être l'endroit où la densité de population est la plus forte au monde. Plus de 1,3 million de Palestiniens entourent quelque 8000 colons juifs, vivant dans 21 colonies, comparables à de véritables tours, tellement les précautions sécuritaires prises par l'armée israélienne pour leur défense sont énormes. En vérité, c'est ce grand déséquilibre démographique, impossible à combler qui a poussé Sharon à vouloir se défaire de la bande de Ghaza. Certaines grandes capitales de ce monde font semblant de croire que le Premier ministre israélien a pris cette décision dans le cadre global de la feuille de route, dernier plan de paix international, pour la région, élaboré par le quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU), à l'issue duquel devait voir le jour, en 2005, un Etat palestinien indépendant et viable. Sharon a lui- même dévoilé ses véritables intentions, dernièrement à Paris lors de sa visite en France. Israël quitte la bande de Ghaza pour renforcer son occupation de la Cisjordanie, habitée par près de 2,5 millions de Palestiniens, mais aussi par près de 250 000 colons juifs. La Cisjordanie étant beaucoup plus vaste, près de 6000 km2, Sharon espère mettre la main sur plus de la moitié de sa superficie. L'édification du mur de « séparation raciste » a été planifiée dans ce contexte. Maintenir la ville sainte d'El Qods dans les limites de la capitale israélienne éternelle, l'interdiction de tout retour des réfugiés palestiniens chassés de leur terre et de leur foyer en 1948. Mais quelles que soient les intentions israéliennes, le retrait de la bande de Ghaza, le 17 août, deviendra une réalité.Tous les yeux seront alors braqués sur les Palestiniens, guettant leurs faits et gestes lors de cette occasion unique, représentée par le premier retrait israélien d'un territoire palestinien, depuis plus de 38 ans. C'est ce jour-là qu'ils seront mis à l'examen. Vont-ils se comporter en peuple ordonné, homogène qui ne se laissera pas aller à des actes de vandalisme, de vols minables, comparables à ceux vécus en Irak à la suite de la tombée du régime de Saddam Hussein et rapportés par toutes les télévisions mondiales ? Pis encore, verra-t-on des affrontements entre les éléments de la sécurité de l'Autorité nationale, chargés du contrôle des endroits évacués par les Israéliens et des éléments de certains mouvements radicaux, comme ce fut le cas dernièrement ? Un retrait tranquille et sans embûches,au moins du côté palestinien, une prise de contrôle calme, des colonies évacuées par l'Autorité palestinienne, une joie mesurée des masses palestiniennes, un respect des éléments de l'Autorité palestinienne par les différents mouvements palestiniens, à leur tête le Hamas et le djihad islamique, sont les messages que doivent envoyer les Palestiniens au reste du monde, afin de prouver leur aptitude à vivre un jour dans un pays indépendant et souverain. L'autre cas de figure ne fera que renforcer les allégations de leurs ennemis israéliens qui veulent faire croire au monde que ce peuple ne peut vivre que dans l'anarchie et le chaos. Pour leur part, les extrémistes israéliens sont prêts à tout pour faire échouer ce retrait. Jeudi, un soldat israélien de 19 ans n'a pas hésité à vider le chargeur de son arme automatique sur des passagers israéliens d'origine palestinienne dans un bus, au niveau de la ville arabe de Shafa Aamr en Galilée. Il a réussi à en tuer 4 et en blesser 22 autres avant d'être lui-même lynché par la foule en colère.
