Les bonnes volontés et les meilleures intentions arrivent très difficilement à se frayer un passage ou à faire école. Observer et vivre une quotidienneté, en cette époque de faux génies, c'est se heurter à une évidence qui confine presque au lieu commun. Nos lacunes, nos handicaps, nos problèmes et nos tracas refusent de se laisser dompter, nous narguent et nous défient. Le mal s'éternise et devient fécond parce que l'attentisme fait loi et trouve son compte. La passivité demeure, bon gré mal gré, le plus grand dénominateur commun. Le citoyen a rarement le bonheur de voir ses démarches aboutir dans un délai raisonnable et acceptable. Un égout éclate et empeste l'atmosphère. Il faudra de longues journées de pestilence, de résurgences fétides et répugnantes pour que l'on daigne enfin réagir. Et ce n'est pas faute d'avoir alerté, renseigné. De l'eau potable s'échappe en un torrent impétueux. Même scénario. Insoutenable et insupportable. Entre le déclenchement du tort et son règlement, on a presque le loisir de prendre la température d'un fantôme. C'est à se demander s'il faut encore se donner la peine d'agir et mettre le pied dans le plat. On peut multiplier les exemples jusqu'à l'infini. Les difficultés s'inscrivent dans un cycle constant de fourvoiements, de louvoiements et de pertes de temps préjudiciables. Nos erreurs et nos imprudences se plaignent dans le miroir de la passivité, et il semble qu'il est urgent d'attendre, de patienter et d'espérer une quelconque intervention. Ce n'est pas une mince affaire que d'être efficace. Saura-t-on un jour découvrir le sésame qui nous permet de réagir en temps opportun ? Tel le tournesol qui reste fidèle au soleil, nous persistons dans ces mauvais plis. Bien inutilement.
