Choix délibéré ou simple hasard, le centre de soins gratuits pour les démunis du Croissant-Rouge algérien de Constantine occupe une place privilégiée à la rue Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge internationale. Opérationnel depuis le 2 avril 2003, le centre a acquis une notoriété auprès des couches défavorisées de la société pour la qualité appréciable de ses services et surtout pour l'accueil réservé aux patients. « La dégradation des conditions de vie, le chômage et l'instauration du système de contractualisation dans les établissements hospitaliers ont fini par peser lourdement sur les familles vulnérables. Une situation qui nous a incités à créer une structure ayant pour mission d'assurer des consultations et des soins gratuits pour les gens qui sont dans le besoin », nous précisera le professeur Djamel Abdennour, président de la commission nationale de santé du Croissant-Rouge algérien et responsable du centre. Doté d'une unité de soins assurés par six psychologues et deux médecins généralistes, d'une pharmacie et d'une infirmerie, l'établissement compte déjà étendre ses activités par l'ouverture d'une cellule de planning familial et d'un laboratoire d'analyses de base au sein d'une annexe située en face et dont les travaux sont au stade des finitions. Grâce au dévouement exemplaire et à la motivation sans faille de son personnel, le centre compte à son actif déjà un bilan bien étoffé. Rien que pour l'année 2004, l'effectif de l'unité de psychologie a comptabilisé 503 consultations pour les patients des deux sexes. On relève cependant que la tranche d'âge située entre 4-12 ans et celle des 13-20 ans demeurent les plus touchées, puisqu'elles représentent plus de 63% des patients examinés et présentent généralement des cas d'énurésie, d'agressivité, difficultés et d'échecs scolaires, conflits relationnels ainsi que des troubles psychiques et de caractère, retard mental et psychomoteur. Parmi ces cas, nombreux sont les patients, pour la plupart des femmes, des enfants accompagnés par leurs parents et surtout des jeunes filles victimes de violences, venant du centre-ville et des cités périphériques qui se présentent spontanément ou sur orientation d'un médecin pour suivre des thérapies individuelles ou de groupes et bénéficier d'un suivi régulier. Les activités et les actions de sensibilisation et de prévention, menées parallèlement auprès des maisons de jeunes et des établissements scolaires à travers les tables rondes et conférences, ont touché tous les aspects liés à la santé psychologique et les préoccupations des adolescents. L'unité de psychologie s'est distinguée surtout par la concrétisation d'ambitieux programmes tel celui consacré à l'aide psychologique des candidats au baccalauréat de l'année 2003-2004, une saison marquée par des turbulences et des perturbations, suite aux multiples arrêts de cours observés par les enseignants de lycées. Même si l'unité de psychologie n'a pu disposer des résultats du baccalauréat pour les élèves pris en charge au niveau des lycées, le programme de soutien et d'accompagnement psychologique a donné des résultats encourageants pour les lycéens pris en charge au sein du centre où sur 13 élèves, 12 ont réussi leur examen. Les multiples actions réussies pour la prise en charge psychologique des filles sourdes et muettes, l'assistance aux jeunes filles victimes de violences, la formation en psychopédagogie des éducateurs spécialisés des écoles coraniques et le dépistage des enfants en difficulté scolaire dans les écoles et les jardins d'enfants ne sont finalement qu'une partie d'un vaste programme que les membres de l'unité de psychologiques - bouillonnante d'idées et volontaire à souhait- comptent bien réaliser durant l'année 2005. Ces éléments qui ne manquent guère d'ingéniosité espèrent une aide de la part des particuliers pour l'acquisition du kit nécessaire ainsi que différents objets et jeux éducatifs permettant d'aboutir au diagnostic des enfants en difficulté scolaire et provoquer l'éveil de leur intelligence. Soins gratuits pour les démunis Depuis le 2 avril 2003, l'unité médicale du centre du Croissant- Rouge a réussi un véritable exploit uniquement avec les moyens de bord. Plus de 6600 consultations, tous âges et sexes confondus, ont été effectuées, dont le tiers des patients est suivi régulièrement. Le centre, qui accueille les malades quotidiennement, réserve les après-midi aux malades chroniques et à l'éducation sanitaire. Les cas examinés, venants souvent des quartiers démunis, présentent généralement des pathologies dites des « pays pauvres », liées au manque d'hygiène et aux conditions de vie déplorables. On recense les maladies de l'appareil respiratoire et digestif, mais aussi des cas d'ORL et de gale. Des avis médicaux sont donnés pour les patients adressés par les psychologues du centre, afin de plaider en faveur d'une origine organique ou fonctionnelle de certains troubles. Les cas nécessitant un examen approfondi sont dirigés vers des spécialistes en pédiatrie, ophtalmologie, cardiologie, neurologie et ORL, et même vers des cliniques privées où les tarifs de prestations sont étudiés à la demande du centre du Croissant-Rouge. C'est le cas de plusieurs examens paracliniques réalisés avec réduction sur tarifs, tels les scanners, les imageries et les examens de radiologie. Le centre, qui assure une disponibilité permanente de médicaments qu'il distribue gratuitement aux malades, est souvent approvisionné grâce aux pharmaciens et grossistes. Néanmoins, un appel aux dons est exprimé surtout pour les antibiotiques, les antiépileptiques et autres traitements pour malades chroniques. Côté projets, les idées ne manquent pas. L'équipe médicale compte déjà concrétiser une vaste campagne de sensibilisation en direction des femmes, notamment en matière d'allaitement, la prévention des diarrhées du nourrisson, l'éducation sanitaire et la nutrition. L'humanisation de l'accueil, la qualité des soins et le rapport médecin-malades resteront le credo du centre de soins du Croissant-Rouge algérien. Pour l'équipe médicopsychologique pleine d'entrain, de dynamisme et de bonne humeur et qui a toujours fait ses preuves, le souhait le plus cher demeure leur recrutement en tant que salariée de la fonction publique détachée au Croissant-Rouge algérien, un mérite qui ne fera que les rassurer et les motiver davantage.
