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Du maquignon à la maffia
Alger-le Caire en cours de soutien
Publié dans El Watan le 08 - 10 - 2005

Le journal égyptien Al Ahram - édition française - a publié une enquête explosive sur l'état de délabrement du système éducatif égyptien. Son contenu a de quoi donner des sueurs froides surtout que les similitudes existent entre le calvaire des parents égyptiens et celui de leurs homologues algériens.
On apprend que le président Hosni Moubarak en personne a donné de la voix pour dénoncer cette pieuvre maffieuse qui sévit en Egypte. On parle de plusieurs dizaines de milliards de livres égyptiennes brassées par cette « maffia de l'éducation », et qui pointe son nez chez nous. Si le phénomène est ancien au pays des Pharaons, en Algérie il remonte au début des années 1990, plus particulièrement dans la capitale et dans les grandes villes. Il s'amplifie d'année en année au point d'interpeller le gouvernement qui lui a consacré une réunion de travail le mois de juin passé. Les autorités algériennes sont conscientes des risques moral et économique que font peser sur la société ces cours de soutien « à la stakhanov ». Mais leur interdiction officielle permettra-t-elle leur disparition ? Pas sûr, quand on constate l'impuissance de l'Etat égyptien à contenir leur prolifération. Les voyages ne présentent pas que de bons côtés. Ces dernières années, les Algériens, qui s'évadent le temps d'un congé, ramènent dans leurs bagages de drôles « d'us et coutumes ». L'Egypte s'avère être la destination fétiche des voyages organisés par les œuvres sociales du secteur de l'éducation au profit de leur personnel. Oum Eddounia, ce pays de civilisation et fer de lance de la culture arabe, a inspiré quantité de nos enseignants touristes. Pas dans le sens souhaité, bien souvent. Censés se recueillir sur plus de 40 siècles d'histoire et découvrir les délices culturels de ce pays à nul autre pareil, ils ont jeté leur dévolu et fixé leur objectif sur une pratique qui gangrène la société égyptienne. Les cours de soutien à la mode algérienne prennent des contours de plus en plus égyptianisés. Le décor planté par les protagonistes de ce funeste scénario est identique dans les deux pays : les techniques de racolage, la publicité mensongère, les subterfuges incitatifs, les conditions de vente de ces cours et la mercuriale des tarifs fixés à la manière des maquignons de la viande de nos marchés de gros. Les témoignages de parents et de spécialistes égyptiens nous renvoient en miroir la direction prise par nos « maquignons » de la pédagogie : elle épouse celle de la « maffia » égyptienne des cours de soutien (l'expression est d' El Ahram).
Racolage par la pression
Les témoignages de parents et de spécialistes dénoncent l'insulte faite à la noblesse « du plus beau métier au monde » pour reprendre la célèbre formule de notre Feraoun national.
Une parente d'élève, pharmacienne de profession :
« En classe, les élèves ne reçoivent plus d'explications. C'est une manière d'agir des enseignants qui consiste à faire pression sur les parents via leurs enfants. Ils les obligent à solliciter des cours de soutien afin de remédier à ces lacunes en explications ». Un autre parent de renchérir : « Parfois, c'est de façon indirecte que ces cours sont suggérés. Les enseignants affirment que les informations données en classe sont différentes de celles données en dehors. Ils se plaignent des sureffectifs. D'autres sont plus directs. Ils menacent de sévir sur les élèves qui ne s'inscrivent pas à ses cours. Ils leur rabaissent la note de leur travail scolaire » Une autre forme de racolage - la torture - a été soulevée par les parents. Un cas a ému la presse dans sa totalité ainsi que l'opinion publique. C'est celui de cette élève battue de façon bestiale par son enseignant pour la simple raison que sa mère a refusé le diktat des cours payants vendus par l'enseignant tortionnaire. A lire ces témoignages - à l'exception du dernier - on se croirait en Algérie. Dans notre pays, la relation pédagogique basée sur le respect mutuel entre l'élève et son enseignant n'est plus ce qu'elle était. Ces dernières années, nous assistons à une relation triangulaire avec l'entrée d'un troisième élément : l'argent. Des enseignants indélicats passent leur temps entre la brosse à effacer le tableau et l'œil rivé sur les billets de banque qu'ils récoltent avant que le cours ne débute. De l'argent donné par les parents pour des leçons déjà rémunérées par l'Etat employeur. Imaginons ce scénario repris par les infirmiers et les médecins qui se serviront du matériel de l'hôpital pour travailler le soir chez eux. Ou bien, un officier d'état civil se promener avec un tampon et signer des actes de naissance à domicile. La gangrène de l'argent facile et de l'appât du gain a touché presque toutes les strates de la société algérienne. C'est l'assise morale du pays qui est en jeu. Les générations montantes - nos écoliers, collégiens et lycéens - s'abreuvent à une éducation destructrice : celle de la jungle. La loi du plus fort.
Aux sources du mal
Concernant les causes sur lesquelles les autorités doivent agir en urgence et de façon radicale, des spécialistes se sont exprimés sur les priorités : la réhabilitation du statut social de l'enseignant, revoir son salaire à la hausse de façon à le mettre à l'abri du besoin engendré par la société de consommation. En matière de gestion pédagogique, la surcharge des classes constitue un véritable fléau : il y a des établissements avec des classes de 80 élèves. D'où la nécessité de construire des infrastructures en nombre suffisant. Toutefois, régler ces deux problèmes ne suffit nullement à endiguer la déferlante du mal. Le nœud gordien se situe ailleurs, puisque le mal a envahi jusqu'aux écoles privées plus à l'aise sur les plans infrastructures et salaires. Deux pédagogues égyptiens se sont exprimés dans les colonnes du quotidien cairote. Ils ont soulevé des aspects que les profanes méconnaissent. D'abord le profil de recrutement des enseignants. Aziza Khodri affirme : « Il ne suffit pas de posséder la licence délivrée par la faculté de pédagogie. L'enseignant doit aussi passer des examens pour s'assurer de sa capacité à transmettre (capacités de communicateur et de pédagogue). L'autorité de tutelle doit le tester afin de savoir s'il est capable de guider et d'éduquer ses élèves ». Pour sa part, Kamel Esseifi (cadre au ministère) insiste sur les approches méthodologiques. Dans la conception des programmes et dans la didactique des disciplines. « Les programmes scolaires égyptiens se basent sur le parcœurisme. Une conception que mettent à profit les enseignants pour commercer avec les cours de soutien et la vente d'annales d'examen. » A l'évidence, le modèle pédagogique égyptien ressemble au nôtre. Les deux empruntent à l'héritage de l'enseignement religieux ses méthodes basées sur la mémorisation et l'apprentissage mécanique - mémorisation des mécanismes et montage des automatismes - au détriment de la compréhension du sens. Quant au système d'évaluation par le biais de l'examen terminal du bac, il s'inscrit en droite ligne de la tradition de la France jacobine en vigueur depuis 1806. A la différence que le système scolaire français s'est depuis longtemps départi de l'approche encyclopédique des programmes et des méthodes de dressage. Cette persistance de l'archaïsme pédagogique donne des ailes aux enseignants férus de cours sonnants et trébuchants. L'immobilisme pédagogique demeure leur poule aux œufs d'or. Sur ce chapitre, les mêmes causes donnent les mêmes effets dans les deux pays. Nous ajouterons l'importance du rôle des parents qui est capital dans la prévention de ce fléau. Leur angoisse est exagérée, quand dès l'entame de l'année scolaire, ils mettent la pression sur leurs enfants et cavalent derrière les cours de soutien, comme s'il existait vraiment des enseignants-miracles dans un système qui croule sous des dysfonctionnements majeurs. Dans un tel contexte nul ni l'enseignant modèle ( il en existe, Dieu merci) ni le directeur consciencieux ne pourra exercer sa compétence et encore moins agir sur les métastases d'un régime pédagogique frappé d'immobilisme depuis trois décennies. Pour se rendre à l'évidence il suffit de jeter un simple coup d'œil sur le palmarès des wilayas aux différentes sessions du bacs. Sans rentrer dans les détails du bachotage - cette pratique antipédagogique - et que sacralisent ces cours de soutien, il y a lieu de consulter les résultats au bac de la wilaya d'Alger depuis que cette mode a fleuri à l'intérieur de ses murs. Depuis le début des années 1990, la wilaya d'Alger traîne dans les profondeurs du hit-parade des lauréats. Elle se retrouve à chaque fois devancée par des wilayas de l'intérieur qui ignorent cette mode des cours de soutien.


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