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Yasmina Khadra, la trempe d'un prix goncourt
Le temps de la reconnaissance
Publié dans El Watan le 27 - 10 - 2005

leux romans algériens viennent d'être présélectionnés pour le Goncourt 2005, celui de la Franco-algérienne, Nina Bouraoui, pour Mauvaises pensées, et celui de Yasmina Khadra pour L'Attentat édité chez Julliard. L'Attentat est un roman à controverse vu le sujet choisi qui est le problème, et je dis bien « le problème » palestino-israélien.
Un roman commandé ? Un roman « marketing » ? Une préoccupation sincère de la part de Yasmina Khadra ? Je pense que pour la dernière question, la réponse est oui, car en tant qu'Algérien, il est indéniable que le devenir de la Palestine interpelle l'auteur de l'intérieur. La nouveauté et l'originalité de ce roman indiquent que le devenir d'Israël préoccupe aussi Yasmina Khadra. Et c'est justement sur ce point que la controverse éclate de part et d'autre, le roman est soit encensé soit descendu en flammes. Dans les différentes émissions radiophoniques et télévisuelles françaises comme « Le masque et la plume » à France-Inter ou « Culture et Dépendances » de Franz-Olivier Giesbert sur France 3, le roman passionne. Sans revenir sur cette émission où Boualem Sansal avait décrété que « l'Algérie est en régression irréversible », où on sentait l'étonnement de Yasmina Khadra par rapport à certains propos, sans toutefois réagir de manière volontaire comme on l'aurait attendu, mais il s'est expliqué en affirmant qu'il a été censuré au montage de l'émission. France 3 n'a toujours pas réagi à ces propos. Ce qui est certain, c'est que le roman ne laisse pas indifférent dans la mesure où Yasmina Khadra s'est lui-même placé sur un fil tendu en abordant un tel sujet dans sa fiction. Ce roman n'est qu'une fiction, c'est vrai, mais quand le thème n'est pas neutre, il provoque des passions d'un côté ou de l'autre, est-ce le but recherché par Yasmina Khadra ? La trame du roman est prenante, originale, certains ont dit irréelle, factice, impossible. Et pourtant, si ce n'est que de la fiction, pourquoi tant de réactions ? Un chirurgien palestinien brillant, de nationalité israélienne, Amine Jaâfari, travaille dans un des hôpitaux les plus réputés de la ville de Tel-Aviv. Il vit, heureux avec son épouse Sihem quand celle-ci décide de devenir kamikaze. Sous une robe de grossesse, elle se bourre d'explosifs et se fait exploser dans un restaurant bondé de la ville. Lorsque la police convoque Amine pour qu'il reconnaisse que la kamikaze est bien son épouse, celui-ci nie, refuse d'admettre la réalité et accuse la police israélienne de vouloir à tout pris un nom sur le terroriste. Amine nie ce qui lui arrive. Et pourtant, il doit se rendre à l'évidence, l'attentat a été commis par son épouse. A partir de ce fait, le roman est construit sur la recherche désespérée de la vérité. Amine se demande désespérément pourquoi son épouse, en apparence heureuse, est-elle devenue kamikaze ? L'histoire est racontée du point de vue d'Amine. J'attendais le moment où le récit allait basculer pour être raconté du point de vue de Sihem. Malheureusement, cette dernière est bien morte et on ne l'entendra pas. Dommage, car là, le roman aurait été alors plus passionnant. Mais on ne va pas demander à Yasmina khadra d'écrire un autre roman. Alors, qui est Amine ? C'est un personnage qui a décidé de vivre sa vie, et en étant israélien, il a tourné la page de son identité la plus profonde, pour s'intégrer dans la société telavivienne qui refuse l'existence même de son peuple. Son effort reste individuel et son désir le plus profond est la paix, d'abord avec lui-même. Mais le conflit historique le rattrape par l'attentat de sa femme qui démontre une fois de plus l'horreur de la tuerie aveugle, des corps déchiquetés d'innocents, le malheur parmi ceux qui peut-être défendent la paix entre les deux peuples. Le personnage d'Amine n'est pas présenté comme un Palestinien qui essaie d'établir les ponts entre les deux peuples. Au contraire, tout son être et toute son attitude sont au service d'une séduction, celle de son entourage israélien, bien qu'au fond, il sait qu'il est perçu comme arabe, comme « l'Autre », malgré des amitiés solides qui le soutiennent lors de l'épreuve qu'il traverse. Est-ce le personnage d'Amine qui le veut, mais les personnages israéliens présentés sont blonds, beaux, ils respirent la bonne humeur et sont présentés comme des victimes de l'histoire comme le montrent les pages où le père de Kim s'exprime. Cet aspect du roman a plu à de nombreux critiques. En revanche, les Palestiniens sont décrits plutôt de manière négative. Ils sont fourbes, secrets, menteurs. Est-ce pour pouvoir survivre ? Amine Jaâfari établit des relations d'amour avec ses amis israéliens, mais ses relations avec sa famille palestinienne sont décrites sur le ton du conflit, de l'agressivité et de l'opposition. On peut le comprendre, puisque c'est son épouse qu'il a perdue à cause d'eux ! Ce qui est dérangeant dans ce roman de mon point de vue, est que tous les personnages palestiniens présents dans ce roman sont des islamistes. Amine Jaâfari ne rencontre pas un seul Palestinien qui tient un autre discours que celui des islamistes. Il est juste de rappeler que le chirurgien critique cette vision islamiste et se révolte contre eux, mais il le fait parce que sa vie personnelle est cassée, et non pour des convictions idéologiques de rapprochement entre démocrates palestiniens et démocrates israéliens. Cette vision de Palestiniens islamistes dans ce roman donne raison aux exactions des Israéliens à Jenine et ailleurs. A partir de là, ce roman ne laisse pas de place au dialogue, d'autant plus que le personnage principal, Amine Jaâfari, de nationalité israélienne, est tué par l'armée israélienne lors d'une attaque à la roquette pour assassiner un imam islamiste. A tenter de contenter toutes les parties, Yasmina Khadra montre certes à la fin du roman l'iniquité et l'injustice d'une armée israélienne aux abois, destructrice, colonisatrice, usurpatrice, mais cette attitude semble être justifiée constamment par les attentats des Palestiniens, mais tous les Palestiniens, ce qui sont présents dans le romans, sont les Palestiniens révoltés certes, et ils ont raison de l'être, puisqu'ils sont humiliés au quotidien, mais ce sont des Palestiniens qui ont une idéologie islamiste et qui veulent créer un état théocratique. Et c'est là je pense, que Yasmina Khadra est piégé dans ce récit, car la réalité est bien plus complexe et bien plus difficile à appréhender. Il est vrai que le romancier ramène tout le temps le récit à Amine, le recentre en insistant sur le fait par exemple que le seul souci de ce dernier, à un moment de l'histoire, est de savoir si son épouse n'avait pas eu une affaire avec son neveu Adel. Et Amine n'a de répit que lorsque ce dernier lui affirme que Sihem était pure et que leurs relations étaient purement fraternelles. A ce moment, et à ce moment seulement, qu'Amine retrouve la sérénité, ce qui aussi en dit long sur ce personnage qui, encore une fois, démontre qu'il n'est préoccupé que par ses états d'âme et sa vie intime, alors que la situation décrite autour de lui est désastreuse, inique, une situation de vie ou disons de mort lente de sa famille palestinienne. L'Attentat est écrit de main de maître, l'intrigue est superbement menée. Il faut dire que l'écriture est précise, ciselée, brodée. Le texte est d'une haute tenue littéraire, et la langue est juste. Malgré les réticences émises, les personnages sont convaincants, car le lecteur veut en savoir davantage, comprendre pourquoi Sihem est devenue kamikaze, a-t-elle eu une prise de conscience par rapport à la souffrance quotidienne des Palestiniens, alors qu'elle mène une vie dont rêvent tous les Palestiniens, c'est-à-dire avoir une maison, un jardin et une situation financière confortable. Le lecteur pris dans la vie d'Amine veut savoir si elle l'a trompé ou pas. Yasmina Khadra nous mène jusqu'au bout d'une histoire finalement douloureuse, car les deux Israéliens d'origine palestinienne, qui pensaient avoir tiré leur épingle du jeu, sont rattrapés par leur histoire et meurent tous les deux. Yasmina Khadra est, je pense, aujourd'hui incontestablement un des meilleurs écrivains en langue française, d'autant plus qu'il montre qu'il est capable de sortir du champ algérien, même si c'est là qu'on le préfère, lorsqu'il décrit sa propre société et ses travers.

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