Sofiane Abou Lagraâ a conçu avec son épouse Nawal Nya, un spectacle de danse contemporaine présenté les 18, 19 et 20 septembre au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger. -Comment est née l'idée de créer le spectacle de danse contemporaine Nya, probablement le premier du genre dans le pays ? A la cérémonie de clôture à Alger du Festival culturel panafricain (Panaf'2009). Après avoir travaillé avec Nawal, avec une quizaine de danseurs, nous nous sommes rendu compte au bout d'un mois qu'il y avait des talents fous en Algérie. En accord avec Khalida Toumi, nous avons décidé de créer et de former des danseurs et de pérenniser ce travail. Les jeunes danseurs étaient livrés à eux-mêmes dans la rue. Ils faisaient de la danse comme ils le pouvaient. Nous leur offrons une structure solide et professionnelle pouvant leur permettre de montrer, à terme, sur les scènes internationales qu'en Algérie les talents existent. Pour l'instant, il n'y a pas de danseuses. En tant que créateur, j'avais envie de monter un spectacle avec des hommes. Mais pour la saison prochaine, nous allons recruter huit à dix nouvelles danseuses qui se joindront aux dix danseurs déjà retenus.
-Vous avez fait un casting de 400 candidats… La sélection était difficile. Les jeunes sont venus de tout le pays. Nous en avons choisi une dizaine, pas forcément les plus talentueux mais les plus intelligents. C'est-à-dire ceux qui avaient envie de s'ouvrir à une autre forme artistique, d'enrichir et de grandir avec nous. Il y a également ce côté spirituel qui est important aussi. Même à travers la sensualité du corps, on peut évoquer Dieu. On le sent chez les danseurs que nous avons sélectionnés. -Nya se présente en deux tableaux : Boléro de Maurice Ravel et Chants des Aurès de Houria Aïchi. Pourquoi ce choix ? Il s'agit d'un pont culturel entre la France et l'Algérie. Le Boléro de Ravel est la conscience collective française. Tout le monde connaît cette musique. Houria Aïchi est une figure emblématique et mondiale. Elle exprime à travers les chants et poèmes chaouis la culture algérienne. Donc, le pont était rapide à faire.
-Adapter le Boléro au hip-hop, avouez que c'est un exercice difficile... Oui, ça n'a pas été facile du tout ! En même temps, le Boléro est une musique rythmique. Cette pièce a été la plus compliquée à créer. La plupart des chorégraphes ont adapté cette composition de Ravel. Pour ma part, je me devais de faire un Boléro différent en Algérie. Le public verra le premier Boléro hip-hop au monde ! -Après la première mondiale de Nya à Alger, quel est le programme de votre tournée ? Nous irons d'abord à la biennale de Lyon. Le spectacle sera ensuite présenté dans d'autres villes françaises telles que Paris, Annecy et Brest. Après, nous entamerons une tournée au Moyen-Orient et au Maghreb. Nous irons en Syrie, au Liban, en Territoires palestiniens, en Jordanie et en Tunisie. Nous sommes également en contact avec les Etats-Unis et le Japon pour des spectacles lors de la prochaine saison. La tournée pourrait durer deux ans. En même temps, je continuerai à former les danseurs avec Nawal et à faire d'autres créations.