La fin du moratoire israélien sur la colonisation en Cisjordanie, hier soir, pourrait mettre un terme au dialogue de paix relancé le 2 septembre dernier entre Israël et les Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis. Pendant qu'Israël continue d'imposer ses règles, écartant l'éventualité d'arrêter la construction de colonies, le président de l'Autorité palestinienne, acculé par les siens, s'est d'abord montré inflexible, réclamant un «arrêt total» de la colonisation comme condition sine qua non pour la reprise des négociations. Puis, le leader palestinien a donné l'impression de lâcher du lest, laissant entendre qu'il ne claquerait pas la porte aisément et affirmant, dans les colonnes du journal El Hayat vouloir consulter la Ligue arabe pour savoir quelle position tenir. La Maison-Blanche qui a émis le vœu qu'«Israéliens et Palestiniens poursuivront les négociations de paix», se retrouve également dans l'embarras. Les colons juifs de Cisjordanie accusent déjà Obama «d'avoir cédé aux menaces des Palestiniens». Ils ont décidé hier de poser symboliquement la première pierre d'un nouveau quartier dans la colonie de Revava (nord de la Cisjordanie) afin de marquer le «dégel de la construction». Les colons ont aussi promis de lancer, sitôt l'expiration du moratoire, une série d'appels d'offres pour une relance à grande échelle des mises en chantiers. Selon la radio publique, les mises en chantier de plus de 1.500 logements, ayant obtenu tous les permis nécessaires des autorités israéliennes, peuvent commencer «immédiatement». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exhorté les colons à «faire preuve de retenue». La presse israélienne se montre sceptique quant à l'issue des négociations. «Netanyahu sous pression doit choisir entre Obama et les bulldozers», titre dimanche le journal Maariv tandis que le quotidien populaire Yediot Aharonot se demande qui «de Obama, de Netanyahu ou de Abbas va céder le premier». Sur le front diplomatique, de nombreuses voix s'élèvent pour la prolongation du moratoire afin de sauver les négociations, ou ce qu'il en reste. L'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a appelé hier Israël à décider un gel «permanent et total» de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie. «Pour les Palestiniens d'El-Qods, les colonies sont une source majeure de souffrance au quotidien, qui ne va que s'accentuer avec la poursuite de la colonisation», ont souligné les responsables de HRW. Et d'ajouter : «Les familles palestiniennes sont obligées de vivre dans des quartiers exigus et parfois contraintes de quitter leur villages, alors qu'elles voient les colonies s'étendre sans limite.» Annoncé le 25 novembre 2009 pour une durée de dix mois, le moratoire porte sur les implantations de Cisjordanie occupée, où vivent 300 000 colons israéliens mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés, ni sur la construction de bâtiments publics (écoles, synagogues, bains rituels etc.), ni sur Jérusalem-Est annexée. Le responsable palestinien, déjà contesté, est dans une situation peu enviable. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche) a annoncé hier son retrait des instances de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour protester contre les négociations de paix avec Israël parrainées par les Etats-Unis. «Politiquement, cette décision est liée à la méthode des négociations directes et, sur le plan de l'organisation, au processus de prise de décision de l'OLP», a-t-elle précisé, en référence au fonctionnement de la démocratie interne à l'OLP.