Une peine de deux années de prison ferme (suspensive) a été prononcée, mercredi dernier, par le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed, Alger, contre cinq syndicalistes de la Compagnie algérienne de transport maritime (CNAN) dans le cadre d'une affaire de détournement d'une somme de 15 millions de dinars des caisses des œuvres sociales de ladite compagnie. Cette condamnation concerne l'ancien secrétaire général de la section syndicale, le président des œuvres sociales, le trésorier, le gestionnaire de la coopérative de consommation et un autre syndicaliste. Les accusations retenues contre ces derniers sont très lourdes : abus de biens appartenant à une entreprise économique à des fins personnelles et pour l'intérêt d'autrui. Cette affaire remonte aux années 1994 et 1996 durant lesquelles les mis en cause étaient en poste. A la suite d'une lettre de dénonciation des travailleurs de la compagnie, une enquête a été ouverte et l'expertise menée a conclu à un trou financier de l'ordre de 15 millions dans les caisses des œuvres sociales. L'instruction et les différents procès en première instance, puis au niveau de la cour, ont pris 10 ans. Les accusés ont, pour leur part, reconnu devant le tribunal qu'il y a eu effectivement un trou de cette importance, mais en l'expliquant par leur ignorance des règles de gestion. Lors de la dernière audience, les prévenus ont maintenu leurs propos, alors que la CNAN, en tant que partie civile, a demandé le dédommagement. Il reste néanmoins que les prévenus ont encore un dernier recours : la Cour suprême. Il est important de signaler que ces mis en cause sont toujours en activité au niveau de la CNAN. Cette compagnie qui depuis le naufrage de deux de ses bateaux au port d'Alger, tuant 18 marins, n'arrive pas à sortir du creux de la vague. Plusieurs membres de son staff directionnel sont depuis en détention préventive, alors que les familles des victimes de cette tragédie réclament encore la vérité sur ce qui s'est passé il y a presque un an.