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Maintenant, les jeunes se mobilisent
Affaire Mohamed Gharbi
Publié dans El Watan le 08 - 10 - 2010

L'affaire Mohamed Gharbi suscite depuis quelques semaines une nouvelle mobilisation initiée par des jeunes. Pétition, flyers, tee-shirts, vidéos, déplacement la semaine dernière chez sa famille, toutes les méthodes novatrices sont bonnes pour libérer l'ancien moudjahid condamné à mort. Une mobilisation qui relance le débat autour de la justice et les devoirs de mémoire.
Kalachnikov en main mais pas seulement. Un drapeau algérien et une photo de Boumediene brandis avant de commettre cet acte censé rétablir l'honneur entaché de son pays. 11 février 2001, à la cité des 1700 Logements de Souk Ahras, Mohamed Gharbi tire, Ali Merad tombe. «Allah Akbar, Tahia El Djazaïr», sont les derniers mots qu'aura entendus cet ancien terroriste amnistié à la faveur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. S'ensuit un procès, une condamnation à 20 ans de réclusion et,
L'affaire Mohamed Gharbi suscite depuis quelques semaines une nouvelle mobilisation initiée par des jeunes. Pétition, flyers, tee-shirts, vidéos, déplacement la semaine dernière chez sa famille, toutes les méthodes novatrices sont bonnes pour libérer l'ancien moudjahid condamné à mort. Une mobilisation qui relance le débat autour de la justice et les devoirs de mémoire.
Huit ans après, deux autres jugements en appel aboutissant à une condamnation à mort. Sentence qui donne à voir un Mohamed Gharbi austère et violent puni pour un crime intolérable. Mais la vidéo tournée à Souk Ahras par les jeunes de LMG où les proches du condamné témoignent, reflète une autre image de cet ancien moudjahid. Un homme, certes secret et autoritaire mais doué d'une grande écoute et beaucoup de tendresse. Un homme droit, ayant un amour passionnel pour sa patrie… à la limite de la démesure. Qu'est-ce qui a poussé cet ancien officier de l'ALN, chef de GLD (groupe de légitime défense) durant la décennie noire, à passer à l'acte ? Personne ne peut y répondre, pas même ses proches qui avouent que cette part de l'histoire de Gharbi leur échappe. Mais à retracer son parcours, une nouvelle image de cet ancien moudjahid nous est livrée. Pour Si Omar, ancien compagnon du GLD Mohamed Gharbi, mérite incontestablement d'être libéré.
«Quand on a égorgé et décapité mon fils sous mes yeux, j'ai rejoint les GLD pour combattre le terrorisme à Souk Ahras. C'était un homme droit, courageux et digne. Il livrait toujours les terroristes vivants et quand il m'arrivait de m'emporter de colère, c'est Hama Dib (le nom de guerre qu'on donnait à Mohamed Gharbi) qui me calmait. «Ils sont jeunes, disait-il, il ne faut pas les tuer».» Ironie du sort, c'est Mohamed Gharbi qui finira par passer à l'acte même si la vengeance semblait plus torturer Si Omar, son ancien compagnon. Mais tous ceux qui l'ont connu et témoigné dans le reportage vidéo ne condamnent en aucun cas son acte. Sa bravoure et ses bonnes intentions l'emportent sur le reste. Nacer, ancien compagnon de cellule au pénitencier de Guelma raconte, que même en prison, les détenus lui rendent hommage : «J'ai passé du temps avec lui en prison, c'est un homme taciturne et silencieux qui ne se livre qu'à demi-mot, raconte-t-il, mais il impose le respect à tous.»
Sa femme et son fils ne cherchent pas leurs mots quand il s'agit de parler de son patriotisme passionnel : «Il a perdu ses parents dans un bombardement français alors qu'il n'avait que 10 ans et, depuis, sa vie entière a été consacrée à sa patrie.» C'est tout naturellement qu'on retrouve dans son parcours la guerre de Libération, l'engagement dans l'armée après l'indépendance, une dévotion totale dans le groupe de légitime défense contre le terrorisme, car, explique son fils, la voix nouée par l'émotion : «L'Algérie était sa mère, son père, sa raison d'être !» «Il a sauvé la vie à deux jeunes filles qui étaient captives dans un maquis», renchérit un autre de ses compagnons.
«Elles ont toutes les deux refait leur vie aujourd'hui mais personne ne sait que c'est à Mohamed Gharbi qu'elles le doivent», poursuit un autre témoin. Comment ne pas se révolter contre cette décision de justice, se demandent les jeunes cachés derrière l'objectif. Dix ans de prison, ce n'est pas assez ? Les jeunes qui se mobilisent pour sa libération en sont persuadés. L'homme austère et violent prend, pour eux, un visage glorieux et attendrissant qui rend possible une forme de réconciliation avec les symboles malmenés de leur histoire. A les entendre en parler, la figure de Hama Dib, et de son amour démesuré pour la patrie, est en droit d'inspirer une nouvelle conception de la paix et de la réconciliation générationnelle…
Un regard pesant, qui hésite entre inquiétude et tendresse. Il regarde son père de l'autre côté du muret du parloir et tente de lui apporter du soutien comme à chaque visite. Après un mois, Mourad Gharbi revient à la prison de Guelma avec la même douleur de voir son père vieillir dans l'opprobre de la réclusion. Une rencontre qui ressemble à celles qui se répètent inlassablement depuis dix ans. A une différence près. Cette fois-ci, le fils porte un t-shirt blanc, portant un slogan, trois mots, pour débusquer l'ordre établi, «Libérez Mohamed Gharbi !».
C'était la semaine dernière et Mourad Gharbi le raconte avec une émotion qui ne semble pas s'être altérée depuis. Il explique à son père que ce t-shirt lui a été offert quelques jours plutôt par un groupe de jeunes venus d'Alger et de Annaba pour exprimer leur solidarité et entamer un combat pour sa libération. Mohamed Gharbi, l'ancien moudjahid, austère et mystérieux, qui est aujourd'hui emprisonné et condamné à mort pour avoir tué un repenti le 11 février 2001, en est ému et promet d'être prêt à aller jusqu'en Amérique pour les rencontrer si on le libère un jour. Ces jeunes rêvent aussi de le rencontrer depuis qu'ils ont découvert en lui le symbole de la révolution et du nationalisme. Ils se font appelé LMG (Libérez Mohamed Gharbi !). Ils ont entre 25 et 30 ans, parmi eux des avocats, des médecins, des commerciaux, des agents de marketing, etc., et ont fait de facebook leur plate-forme de mobilisation.
Amazigh Kateb et Baâziz
Un groupe de cinquante jeunes indépendants, motivés à bloc, animant une page de 2 500 adhérents. Des célébrités de la scène artistique ont déjà associé leurs signatures au mouvement : Baaziz, Amazigh Kateb, Athmane Bali, les groupes Djmawi Africa et BBblues, entre autres.Le but de cette mobilisation ? Obtenir une grâce présidentielle à travers une pétition diffusée sur le Net. Leurs actions déjà menées ? Des interventions par effraction sur les ondes de la radio, l'impression de t-shirt à l'effigie du condamné à mort et la sensibilisation par tous les moyens. Mais ce qui rend cette nouvelle mobilisation différente de toutes celles qui l'ont précédée c'est certes, la motivation, mais surtout les idées novatrices.
Dernière en date, un déplacement à Souk Ahras à l'est du pays pour rencontrer la famille et les proches de Mohamed Gharbi. Recueillir des témoignages et tourner un documentaire informatif sur l'affaire est, selon eux, le meilleur moyen de sensibiliser les gens. «C'est un voyage qui nous a bouleversés, nous sommes allés à Souk Ahras pour mieux comprendre l'affaire et pour avoir un maximum d'information, et c'est autre chose qui nous a explosé à la gueule !», raconte Hassan, 27 ans, agent de voyages, un des initiateurs de la mobilisation qui porte la cause avec passion.
1000 signataires déjà
Khaled, 26 ans, publicitaire, explique avec autant d'entrain : «C'est une véritable légende vivante en cellule ! Mohamed Gharbi n'est pas un simple citoyen, nous avons découvert des choses sur son parcours qui nous ont fait prendre conscience que cet homme mérite qu'on parle encore de lui.» Samir, qui travaille dans le marketing, prend le relais et souligne pour sa part qu'«il n'est pas normal que cet ancien moudjahid qui a l'amour de l'Algérie dans la peau, qui a combattu pour le bien de sa patrie toute sa vie dépérisse en prison». «Il suffit de le faire intelligemment et de façon organisée», soutiennent d'autres membres de l'équipe. Salah, Kahina, Walid, Yamanda, Amine, Samy, Ania, Sandra et tant d'autres ne manquent pas d'arguments pour défendre cette initiative.
La pétition circule depuis une semaine, et elle est déjà enrichie de près de 1 000 signatures. De quoi encourager ces jeunes qui se rencontrent presque tous les soirs depuis, pour de nouvelles idées d'action et de nouvelles stratégies de mobilisation. Une organisation qui va en grandissant, à en voir la dynamique du groupe qui sensibilise de plus en plus de personnes et qui remplit le vide laissé par le ministère des Moudjahidine qui n'a donné aucune suite aux demandes de la famille Gharbi. Mourad en témoigne : «Ils m'ont demandé de constituer un dossier, ce que j'ai fait mais depuis aucune réponse. La demande d'entretien formulée par la rédaction au ministère en question n'a, elle aussi, pas connu de suite.»
Un silence qui en dit long sur la complexité de l'affaire. Les jeunes en sont conscients. «Des médias étrangers nous ont contactés, raconte Tarik, 29 ans, mais on a préféré donner la primauté à la presse algérienne. C'est une affaire interne sensible et on en est conscient. On ne veut pas être récupéré, ni faire de la politique, on veut juste libérer Mohamed Gharbi.» Un documentaire de 25 minutes autour de tous les témoignages des proches de la famille recueillis lors de leur visite à Souk Ahras est en cours de finalisation et sera prochainement diffusé sur Internet en attendant d'autres canaux de diffusion. D'autres actions sont au programme pour marquer une fois de plus une motivation ferme en vue de voir Mohamed Gharbi, 75 ans, dont l'état de santé ne cesse de se détériorer, rejoindre sa famille.


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