Organisation de la 14e édition du Festival culturel national de la chanson Raï du 7 au 10 août    De nouvelles mesures en vigueur durant la saison 2025    Vague de chaleur, orages et de hautes vagues dimanche et lundi sur plusieurs wilayas    Le président de la République honore les retraités de l'Armée et leurs familles    Jeux africains scolaires: L'Algérie préserve sa première position au tableau des médailles après la 8e journée    Rentrée universitaire 2025/2026: Baddari se réunit avec des cadres du ministère et de l'ONOU    Basket/Jeux scolaires Africains: médaille d'argent pour l'Algérie    Début de la semaine culturelle de la wilaya d'Ouled Djellal à Alger    L'Australie s'engage à fournir des fonds supplémentaires pour les efforts d'aide humanitaire à Ghaza    Une responsable de l'UE appelle l'occupation sioniste à "cesser d'affamer" la population de Ghaza    Commerce extérieur: réunion sur la situation des marchandises bloquées aux ports    Ghaza: l'entité sioniste continue d'interdire l'accès aux médias internationaux    Foot/Algérie: lancement de la deuxième promotion de la licence CAF PRO à Alger    Le ministre de la Justice préside la cérémonie d'installation du président de la Cour et du procureur général près la Cour de Constantine    Le CHAN démarre Les Verts finalistes de la dernière édition, visent une performance honorable    Ce pays qui est le mien    Bilan du commerce extérieur en Algérie pour 2023, selon les données officielles de l'ONS    L'ambassadeur d'Egypte en Algérie souligne le caractère stratégique des relations entre les deux pays    Rentrée universitaire 2025-2026 : début des cours dans l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur le 13 septembre prochain    Protection des données à caractère personnel: l'ANPDP informe l'ensemble des acteurs des amendements apportés à la loi    Vague de chaleur, orages et de hautes vagues dimanche et lundi sur plusieurs wilayas    Le président de la République reçoit l'ambassadeur de la Confédération suisse    Journée nationale de l'ANP: un lien sacré avec le peuple et une doctrine défensive ancrée    Le ministre des transports annonce une augmentation du nombre de vols et l'ouverture de nouvelles lignes    L'Europe piégée et ensevelie    « Coûteux, insuffisants et inefficaces »    Déjà sacrée championne, l'Algérie bat l'Egypte et termine invaincue    Une ville clochardisée    Une première place en or pour l'Algérie    L'économie de l'Algérie se porte L'économie de l'Algérie se porte biende l'Algérie se porte bien    L'élégance d'un artiste inoubliable    La célèbre statue féminine de Sétif au statut toujours contesté    Le ministère de la Culture organise un atelier international de formation sur le patrimoine mondial en collaboration avec l'AWHF    La délégation parlementaire algérienne tient une rencontre de travail avec la délégation autrichienne    Biskra commémore le 59 anniversaire des "massacres du dimanche noir"    Renforcement des perspectives de coopération dans le domaine de la jeunesse entre l'Algérie et la Chine    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Le Maghreb a adopté des solutions sécuritaires»
Mohamed Saïb Musette. Chercheur au Cread et coordinateur scientifique du symposium
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2010

S'il est admis que les conditions sociales et politiques poussent beaucoup d'Africains à fuir leur pays vers «un eldorado» européen, il reste que la misère n'explique pas tout dans ce phénomène qui s'est révélé dramatique, nous explique le chercheur Mohamed Saïb Musette.
-Le phénomène de migration, régulière et irrégulière, prend des proportions inquiétantes. Comment expliquer que des gens du sud de la Méditerranée quittent leur pays au péril de leur vie ?
C'est l'un des objectifs de ce symposium du Cread. A-t-on avancé dans la connaissance de la migration internationale ? Quelques interventions vont examiner les facteurs explicatifs de la migration internationale. On va aussi savoir si ce phénomène a réellement atteint des «proportions inquiétantes», et pour qui notamment.
A priori, on peut penser que la migration «régulière» n'est pas un problème réel, puisque cette forme bénéficie de toute une couverture juridique. De nos jours, les peuples des pays du Sud sont confrontés à un véritable problème de mobilité tout court. Exception faite des bi-résidents et des «talents globaux», la migration irrégulière relève aujourd'hui d'une prouesse pour la majeure partie des populations africaines, notamment hors du continent.
C'est vrai que la migration «irrégulière» pose un problème de société, surtout quand il y a des risques de mort. Il est vrai aussi qu'on recueille régulièrement des cadavres sur les rives de la Méditerranée, tout comme dans le désert.
Il y a plusieurs explications à cet épiphénomène. Pour les «gens du Sud», la proximité géographique du Maghreb avec l'Europe est le premier facteur de décision, après avoir épuisé parfois tous les moyens pour une migration régulière. Puis il y a l'attractivité des pays de la rive nord qui offrent des possibilités «réelles ou fictives pour mieux vivre», attractivité renforcée par les médias. Ensuite, il y a des «réseaux» qui activent, avec une certaine facilité pour certains, pour vendre et entretenir cette illusion de mieux-être.
-Comment peut-on analyser cette envie de «partir» à tout prix ? La vie dans les pays du Sud devient-elle impossible ?
Le désir ou l'envie de partir est surtout assez fort chez les populations juvéniles. Mais très peu de jeunes prennent la décision de partir. Entre le désir et la décision de partir, il y a aussi une question de droit de «quitter» son pays. Ce droit est reconnu par tous les pays du monde, il est inscrit dans les textes des droits de l'homme. La décision de partir ne se résume pas à la «vie impossible» dans nos pays. Si tel était le cas, tous les Africains seraient déjà hors du continent. Pour certaines catégories de la population, la vie devient de plus en plus difficile, mais là aussi, il ne faut pas croire que c'est la misère qui pousse les jeunes à partir «à tout prix». J'ai déjà évoqué quelques éléments explicatifs. On peut ajouter que plus les mesures restrictives au départ durcissent, plus fort est l'envie de les transcender. Les jeunes sont réputés pour leur témérité, relever les défis est une attitude souvent constatée chez eux
-Quelles sont les catégories sociales qui immigrent ?
Comme je l'ai mentionné plus haut, ce sont surtout les jeunes, notamment ceux qui n'ont pas encore fondé une famille. Mais là aussi, même si le désir et le rêve d'un ailleurs existent, ce ne sont pas tous les jeunes qui prennent la décision de partir. Deux catégories sociales, apparemment, opposées, sont présentes parmi les migrants. Il y a les jeunes «exclus», bloqués dans une situation sociale, ils ne voient aucun avenir en restant au pays. Puis, il y a une autre catégorie, celle des classes moyennes qui sont en chute libre dans nos sociétés. Ils ne sont pas pauvres, certains sont même «diplômés», mais le risque d'une mort sociale lente semble «invivable» même au sein de la famille.
-Les Etats ne semblent pas prendre suffisamment conscience de ce drame au regard des réponses qu'ils tentent d'apporter, des réponses beaucoup plus sécuritaires. Qu'en pensez-vous ?
Les réponses apportées par les Etats varient d'un pays à un autre. Les pays du Maghreb ont adopté des solutions sécuritaires suite aux insistances de l'Europe. Mais il ne faut plus voir la migration strictement des pays du Sud vers les économies du Nord. Lors de ce symposium, nous allons aborder les questions liées aux politiques migratoires de certains pays. Pour certains, la migration régulière commence à s'organiser. La migration intracontinentale, qui touche plus de 10 millions d'Africains, n'est pas du reste. C'est ce changement de vision qui nous intéresse le plus. L'Afrique possède-t-elle les moyens d'organiser et d'encourager la migration régulière sur le continent ?
-Les pays du Sud, africains notamment, souffrent gravement d'un autre type de migration, qui est celle qu'on appelle communément «fuite des cerveaux». Quel impact a cette migration sur le développement des sociétés du Sud ?
La question de «fuite des cerveaux» sera aussi abordée lors de notre symposium. C'est une question complexe, car les «cerveaux» ne sont souvent reconnus qu'une fois qu'ils ont traversé les frontières du Sud. Plusieurs thèses sont avancées sur le phénomène, dit aussi «mobilité des compétences». Disons en deux mots, qu'il existe un marché mondial des compétences qui défient les intérêts des Etats, qui n'obéit qu'à la logique des plus puissants.
Ce n'est pas un jeu à somme nulle. C'est un jeu inégal entre les pays du Sud et les pays du Nord. La pseudo théorie des migrations circulaires, devant être fondée sur le principe «gagnant gagnant», oublie l'essentiel : l'être social ne peut être emprisonné dans les logiques politiques. Le social finit toujours par s'imposer.Lors du symposium, nous aurons une idée sur l'impact de cette «fuite», si toutefois on aura pu le mesurer scientifiquement.
L'affrontement des écoles peut être fécond. Des expériences ont démontré que la mobilité des compétences, lorsqu'elle est organisée, peut constituer un atout majeur pour les pays. Sans organisation préalable, elle offre «gratuitement» ses compétences aux puissances du marché, sans aucune contrepartie, avec des coûts supportés par les contribuables. Le capital humain africain est très prisé sur le marché mondial, il a une forte employabilité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.