Le chef de l'Etat a effectué hier une visite de travail dans la wilaya de Ouargla, qu'il a débutée par un bain de foule sur l'avenue Si El Haoues, en plein cœur du chef-lieu de wilaya, avant de se rendre à l'université Kasdi Merbah où la famille universitaire locale ainsi que plusieurs recteurs d'universités environnantes ont assisté à la cérémonie d'ouverture de l'année universitaire 2010/2011. Attendu depuis plus d'une année dans l'Algérie profonde, le chef de l'Etat a effectué une visite «classique» où il a inspecté et inauguré 6000 places pédagogiques à l'université de Ouargla, la clinique ophtalmologique algéro-cubaine, le centre régional anticancer, la nouvelle cour de justice, la station d'épuration de Saïd Otba et le centre satellitaire de la 4e Région militaire. Une visite classique Son discours inaugural, tant imaginé, s'est focalisé sur l'événement universitaire du jour, évitant toute déclaration concernant l'actualité politique du pays ou même celle, locale, faite de tensions sociales des laissés-pour-compte qui manifestent régulièrement leur colère contre un malaise social bien ancré et sans prémices de changement. Abdelaziz Bouteflika s'est entièrement voué aux chercheurs, s'adressant exclusivement à la famille universitaire, laissant assoiffée le reste de la population, nombreuse à emplir les rues pour le voir et qu'il s'est contenté de saluer à l'entrée de la ville ou à travers la vitre de sa voiture. Sans doute par souci d'équité régionale, le chef de l'Etat voulait que le cérémonial de la rentrée se fasse à partir d'une ville du Sud, Ouargla plus précisément, certes dotée d'une grande université aux mille atouts, mais qui évolue dans un milieu hostile, déconnecté des sphères plus prospères du monde universitaire. Aucun message pour les chômeurs qui faisaient jusqu'à avant-hier la une de la presse nationale ; rien non plus pour le commun des citoyens auxquels cette visite laisse déjà un goût amer. Le but était donc de s'adresser aux universitaires et c'est d'une voix rauque pleine d'émotion que Bouteflika a exprimé «la ferme résolution de l'Algérie à œuvrer à ce que ses enseignants et chercheurs universitaires constituent désormais l'élite du pays et que le rang académique et le mérite scientifique soient enfin reconnus comme critères de distinction sociale». Un discours court et concis, visant l'essentiel, à savoir l'ouverture solennelle de l'année universitaire en ce 27 octobre 2010 et l'expression, dès les premières phrases de l'allocution, d'un changement de vision : «L'institution de régimes indemnitaires attractifs et motivants au profit des personnels de l'enseignement et de la formation supérieurs et des personnels de la recherche est une rupture avec le passé.» C'est le signe «d'un soutien moral et matériel indéfectible accompagnant l'érection de l'université algérienne en centre de rayonnement scientifique national moderne en phase avec l'évolution technologique rapide et l'introduction des pré requis de la société du savoir», dira M. Bouteflika. Dans la même logique de valorisation, le chef de l'Etat a souligné qu'il s'agit bien «d'une rupture totale avec le regard antérieur porté sur les chercheurs et un bond qualitatif au profit de la famille universitaire». Une famille qui, tout en bénéficiant désormais de tous les égards qu'elle mérite, d'une réhabilitation dûment gagnée, sera chargée de la lourde tâche d'être «la locomotive du pays afin de transformer la société consommatrice de savoirs et de technologies en société productrice à même de promouvoir ses ressources humaines et d'accroître le transfert du produit de sa recherche vers la sphère socioéconomique». Le chef de l'Etat a particulièrement souligné le rôle des autres acteurs sociaux dans la consécration de la place de l'université et la nécessité, pour cette dernière, de rehausser la qualité des enseignements et programmes de formation en fonction des besoins de la socié té d'aujourd'hui. Le président a par ailleurs annoncé le lancement de la réalisation de 600 000 places pédagogiques et 450 000 lits durant la période quinquennale 2010/2014.
